La consécration d'un nom (OUVERT)

Les histoires sur la grande cruauté des habitants de Fort-Terreur faisaient parties  de celle que l’on racontait aux enfants du Nord lorsqu’ils étaient désobéissants. "Continuez à vous chamailler et vous finirez écorchés chez les Bolton"S’époumonait souvent les vieilles Septa aux enfants bagarreurs. Tous les hommes ayant grandis avec ce genre de menaces frissonnaient encore lorsqu’ils passaient dans le royaume cité un peu plus haut, tentant de se faire tout petit pour ne pas se faire remarquer. Pourtant avec le temps, une légende grandi encore plus rapidement, celle du bâtard de Fort-Terreur. On le décrivait effrayant au point que même son père  craignait de se retrouver seul avec lui, ce qui n’était pas peu dire connaissant Roose Bolton. Il se murmurait dans les chaumières que Ramsay Snow possédait un regard irréel, que son souffle était la dernière chose que l’on désirait sentir sur sa peau et qu’il avait une voix qui transcendait l’âme jusqu’à ce que son interlocuteur se recroqueville de terreur. Seul fils du lord de Fort-Terreur, on aurait pu croire que le vieux Bolton s’empresserait de légitimer un tel être imposant, mais non…il se contentait simplement de le garder dans le château familiale  ou l’envoyer en tant que messager dans des contrés lointaines. Il fallait dire que Ramsay Snow était un être extrêmement difficile à décrire.


« Allez dépêchez-vous Ser Patel, il faut des couteaux, BEAUCOUP PLUS de couteaux! » S’exclama Ramsay d’une voix énervée en agitant de façon grandiloquent ses bras dans tous les sens tout en regardant l’un des chevaliers au service de son père qui le regardait avec hargne alors qu’il peinait à marcher sous le poids de tout ce qu’il trimbalait. Les deux hommes étaient dans la grande salle du château qui était richement illuminée par les flambeaux qui brûlaient dans des mains de cadavres dessécher. Vêtu de son éternelle tunique d’une teinte lilas brillant et chatoyant, Ramsay tournoyait entre les différents serviteurs tout en s’extasiant sur le service à thé qui était apporté, les différentes pâtisseries et les plats plus richement décorés les uns que les autres. « Il nous faut des couteaux à fromage, à fruit, à poisson, à viande rouge, à viande blanche bien sûr, des couteaux à pains et à beurres ainsi que des couteaux à tar-te-leeeeette » Chantonna l’effrayant bâtard de Fort-Terreur tout en tapant joyeusement dans ses mains pour battre le rythme des mots qu’il venait de chanter de sa voix d’ange.


En fait, la véritable raison de pourquoi Roose Bolton ne faisait pas de lui son héritier était parce que Ramsay Snow était un véritable énergumène passionné par tout ce qui brillait et frivole à un point excessivement inimaginable. Combien de fois avait-il surpris son gamin à pleurer à chaude larme sur le cadavre de l’une des poules du château destinée à l’alimentation? L’héritier de la famille des grands écorchés? Voyons, il était incapable de dépecer un lapin! « QUOI? J’avais demandé des roses de Hautjardin, pas des pivoines du désert de Dorne! C’est…c’est inadmissible, c’est scandaleux! C’est..C’EST UNE CATASTROPHE! » Hurla Ramsay d’une voix hystériquement  suraigüe en lançant avec rage une petite cuillère d’argent au sol. Le tintement cristallin que fit le couvert ne fut pas assez tonitruant pour cacher les éclats de conversation qui retentissait dans le couloir. Ses invités arrivaient et il n’avait pas eu le temps de revêtir sa petite cuirasse d’un rose argenté qu’il avait fait faire exprès pour cette rencontre! Après tout, ce n’était pas tous les jours que deux hauts représentants de la noblesse Westerosienne se déplaçaient à Fort-Terreur.   Theon Greyjoy et Sansa Stark faisaient en effet partie des personnes qui avaient acceptés de se présenter à cette cérémonie officielle. Après tout, son père lui avait LÉGÈREMENT sous-entendue qu’il lui donnerait enfin le titre de Bolton aujourd’hui puisqu’il était de toute évidence pas capable de faire d’autres enfants. « Bienvenue messeigneurs et gentes dames, veuillez prendre siège, une bonne tasse de thé, abandonnez tous vos soucis et rassasiez-vous de la beauté que je vous offre... » Accueilli-t-il ses invités en écartant les bras alors qu’une envolée de colombes blanches s’envolèrent derrière lui…ouais, il avait véritablement payé un enfant pour qu’il ouvre une boite pleine de volatiles lorsqu’il prononcerait certains mot.

Parfait, tout était absolument parfait! Tous les couteaux étaient parfaitement à leur place, les serviettes brodées trônaient fièrement dans les assiettes de porcelaines brillantes et les fleurs ornaient les vases avec un charme absolument pittoresque. Moi, j’avais l’impression d’être la plus magiques des petites fées...heu, je voulais dire le plus minutieux des bâtards organisateurs de cérémonie ainsi entourés de serviteurs prêts à exaucer mes moindres désirs. Fort-Terreur sortait de sa sombre réputation pour se parer de ses plus beaux atours afin d’accueillir les différents invités provenant des Sept-Royaumes. Moi? J’étais l’hôte, la princesse et le maître de cérémonie de l’événement, mon père n’ayant pas résisté à mes multiples demandes. Pour lui, le fait de faire de moi officiellement un Bolton n’était pas une raison pour ainsi déroger de nos austères coutumes, mais pour moi c’était l’occasion de faire la fête. Combien de bâtard avait la chance de ce voir consacré héritier officiel d’un seigneur? Très peu…très, très peu. En fait, il suffit de regarder dans mon pantalon pour voir le seul et unique cas vivant de débâtardise. « PATEL, PATEL! VIENT ICI TOUT DE SUITE, C’EST UNE CA-TAS-TRO-PHE » Hurlais-je alors que les bruits de pas se faisaient déjà entendre au loin, annonçant l’arrivée des premiers invités. Qui arrivait à l’heure à une cérémonie? Le dénommé Patel arriva avec son air de sanguinaire ennuyé et me regarda d’un air morne, comme s’il se demandait ce que je lui voulais. J’adorais totalement Patel de tout mon cœur. D’une main tremblante, j’ai pointé la quatrième place à la droite du siège qui trônait au bout de la large table et j’ai murmurée d’une voix tremblante de panique : « Là…Là, voyons Patel, regarde c’est effrayant! Ils vont croire qu’on les considère comme des animaux! Il faut résoudre ce problème très grave avant qu’ils n’arrivent! » Patel se dirigea vers l’endroit que je lui pointais avec de plus en plus d’émotion et haussa les épaules en soupirant, ne trouvant pas ce qu’il y avait de mal. « MAIS VOYONS PAUVRE PINTADE AFRIOLANTE, TU NE VOIS PAS QUE LE COUTEAU À BEURRE ET LE COUTEAU À TARTELETTE ONT ÉTÉ INVERSER? C’EST UNE TRAGÉDIE, JE SUIS À DEUX DOIGTS DE TOUT ANNULER » Hurlais-je d’une voix devenue aigue par l’hystérie en me rapprochant de la table tout en respirant comme un bœuf. Un léger filet de bave s’était écoulé sur mon menton lorsque j’avais hurlé et mes yeux devaient être terriblement exorbités, mais je pensais à la pauvre personne qui serait assis à cet endroit. Comment pensez-vous qu’elle va sentir lorsqu’elle verra qu’elle tente de beurrer son petit pain avec un couteau à tartelette, hein? Ça sera inhumain comme épreuve, une torture!


Seulement, je n’eus pas le temps de modifier l’emplacement des couteaux puisque des serviteurs s’empressèrent d’ouvrir la porte pour faire entrer les invités, me laissant peu de temps pour aller me positionner devant la boites empli de pigeons. Ce fut donc légèrement essoufflé que j’ai souhaité la bienvenue à mes charmants nouveaux compagnons. Bien sûr, je ne pensais pas que les pigeons resteraient dans la grande salle tout comme je ne pensais pas qu’ils s’amuseraient à déféquer sur mes invités. Le premier à recevoir une fiente fut un représentant de Winterfell, un jeune homme à la mine sombre qui ne semblait pas du tout ravi d’être présent. Rapidement, je me suis approché de lui avec empressement, prenant bien soin de faire joliment voleté ma nouvelle cape derrière moi et je me suis planté devant le pupille de feu Ned Stark, le fou qui avait tenté de mettre le feu à la neige de son royaume. « Theon Greyjoy, que les Sept-Dieu soient avec toi. Ici, on fit que le premier à se voir affublé d’une fiente de pigeon devient un être extrêmement chanceux » Commençais-je à dire en me rapprochant un peu plus de lui pour lui poser les mains sur ses épaules dans un geste fraternel. « On dit même que ceux qui l’embrasse partageront sa chance » Rajoutais-je avant de glisser l’une de mes mains derrière sa nuque afin de poser mes lèvres contre les siennes comme si c’était le geste le plus naturel au monde. Le baiser que je lui imposais fut aussi bref que sauvage, me laissant prendre au jeu jusqu’à lécher ses lèvres purpurine. « Que la chance soit avec moi! Qui est le prochain? C’est délicieux, ça goûte la vanille » Annonçais-je à la cantonade avant de faire un clin d’œil malicieux au fer-né. Quoi? Embrasser un autre homme était mal vu lorsqu’on était un héritier? Je voulais simplement respecter une légende que je venais d’inventer, rien d’autre! On ne pourrait pas m’accuser de ne pas être un homme de tradition. « La prochaine fois, on tentera avec un peu moins de vêtements, il semblerait que ça porte encore plus chance » Susurrais-je avant de quitter mon premier inviter pour aller en rejoindre un autre. Il était important de faire bonne impression et de dire un mot gentil à chaque convive.


Alors que les multiples serviteurs se promenaient entre les convives et que Patel regardait encore les deux couteaux qui m’angoissaient tant avec une expression faciale de totale incompréhension, je me suis dirigé vers un étrange duo qui alliait la jeunesse et la vieillesse. Le bleu que portait le gamin d’une façon totalement exquise montrait bien on royaume d’appartenance et la richesse du vêtement son statut si particulier. M’agenouillant devant le petit Robert Arryn, je l’ai fixé droit dans les yeux avec un sourire un peu vide et des yeux inexpressifs de perruche comme il était coutume dans son royaume, selon mon Mestre et j’ai attendu une bonne minutes ainsi dans un silence complet afin de présenter mes hommages à celui que je ne pensais jamais voir un jour. Oh bien sûr, la Septa qui l’accompagnait tentait aussi bien que mal d’éloigner son petit protégé de moi, mais je lui tenais les mains avec une telle passion qu’il ne pouvait pas se dégager de ma poigne. La couleur qu’il portait était totalement magnifique et j’étais sûr qu’elle irait parfaitement bien avec ma couleur de yeux, je devais AB-SO-LU-MENT lui demander où il s’était procuré cette merveilleuse soierie. « Je sais faire de la magie » Révélais-je lorsque la minute de silence fut passée en agitant mes mains avec rapidité devant le visage de Robert avant de lui sortir une meringue d’une narine. Bon pour le coup, la meringue avait eu un peu chaud et était un peu déformé, mais j’étais sûr qu’elle était tout de même délicieuse et ce fut pour cette raison que je l’ai engouffré dans la bouche du petit seigneur. « Goûte, tu vas adorée! J’ai fait le miel moi-même avec des ingrédients maison » Dis-je joyeusement tout en plaquant ma main contre sa bouche pour ne pas qu’il recrache ce petit délice. Les enfants ne savaient pas ce qui était bons pour eux. « Tu sens ce liquide chaud et doux au centre de la meringue? Laisse-le envahir ta petite bouche et savoure le goût crémeux et onctueux. C’est bon? » Demandais-je extatique alors que je retirais ma main de la petite bouche savoureuse de ce petit garçon qui promettait de devenir un bien bel homme un jour. « J’ai d’autres friandises dans la poche de mon pantalon, mais gardons cette surprise pour lui tard » Lui susurrais-je malicieusement à l’oreille avant de me relever lentement tout en lui faisant un clin d’œil prometteur.


J’aurais pu continuer de parler longtemps avec cet adorable petit fripon, mais il y eut un grand fracas et une ombre immense envahi la grande salle à manger. « Le ciel va nous tomber sur la tête » Gémis-je à voix basse tout en regardant partout d’un air effrayé, cherchant un bouclier humain en cas de problème. Immédiatement, mes yeux se posèrent sur Walda Frey, cette femme presque complètement sphérique que mon père appréciait assez pour vouloir en faire la future Lady Bolton et ce, malgré le fait que son roi planifiait le meurtre de son vieillard de père. Me rapprochant imperceptiblement de la baleine des Jumeaux, ce fut l’un des longs ‘’Hodoooooor’’ beuglé par le géant maladroit qui me fit me figer. Bon, pour le coup ce mot ne semblait pas particulièrement menaçant. En fait, si on prêtait attention aux intonations de voix de cet homme étrange, on pouvait même déceler un petit rauque langoureux tout à fait charmant. Trouvant le courage de me rapprocher de la bête, j’ai commencé à distinguer une étrange forme au sol, caché par son ombre. Qu’était-ce donc? « Excusez-moi mon brave, mais vous semblez avoir échappé votre rat de compagnie » Dis-je en me rapprochant de la forme grouillante au sol pour le prendre. Seulement, ce n’était pas un petit rongeur, mais bel et bien Tyrion Lannister qui se frottait sensuellement le visage contre le sol de pierre de la grande salle. « Par les Sept, est-ce que ça va? » Demandais-je en aidant le petit homme à se relever rapidement. « Si ça peut vous consoler, vous êtes tombé avec une grâce tout à fait divine, on aurait cru voir une colombe frappé par une crise d’apoplexie en plein vol » Tentais-je de le rassurer en portant mon pouce à ma bouche afin de le mouiller un peu. Le plus naturellement du monde, j’ai commencé à frotter la joue de Tyrion avec ardeur, désirant effacer une saleté. « Mais pourquoi ça ne veut pas partir? Ne vous inquiétez pas, je vais vous remettre tout propre…oh, c’est une ride…malaise… » Dis-je dans un souffle piteux en me reculant un peu, gêné de cette méprise. Il faut dire qu’à ma défense, on m’avait toujours dit que les nains mourraient lors de leur première érection à l’adolescence, leur cœur ne supportant pas le manque de sang déjà faible du corps pour aller faire gonfler leur queue. Peut-être n’avait-on jamais expliqué à ce frère Lannister qu’il n’aurait pas dû survivre à sa première pute. « Je vous conseille une conversation avec le jeune Arryn ou Greyjoy, ils me semblaient un peu troublés après notre léger entretien » Conseillais-je avant de rejoindre Patel qui me faisait de grands signes de la main.


Y avait-il des problèmes avec la nourriture? Les tartelettes étaient-elles carbonisées? L’homme nerveux commença à murmurer qu’une femme étrange ainsi qu’un gamin pouilleux attendaient devant le château et qu’ils désiraient entrer. Pourquoi flânaient-ils à l’extérieur? Les portes étaient grandes ouvertes et il y avait des gens de toutes les classes sociales en ce moment! Le chassant d’un geste de la main alors que des pigeons continuaient à tournoyer au-dessus de nos têtes alors que la seule et unique Dominik Lannister entrait de son pas de conquérants, fendant la foule pour se diriger droit vers moi. Comme à son habitude, ses vêtements richement outrageux pour les mœurs du Nord flamboyaient sur son corps de neige, soulignant ses formes bien féminine malgré les épées et poignards qu’elle portait sur elle. Entre sa silhouette ainsi vêtues, ses étranges griffes endiamantées et sa coiffe qui lui donnait un petit air festif, il était évident que pratiquement tous les regards se poseraient sur cette femme qui semblait venir d’un autre monde. D’ailleurs, ce fut elle qui attrapa mes mains pour y déposer ses lèvres plutôt que l’inverse, montrant ainsi qu’elle n’avait rien à faire des traditions sur la chevalerie galante…à moins que son caractère décidé et son tempérament de feu ne soit ça façon pour montrer sa volonté d’être homme? Si c’était le cas, les vêtements portaient préjudices à ses tentatives vus qu’ils ne cachaient rien de ses attribues joliment féminin. « Ma chère Dominik, toujours aussi ravissante! Pourtant, tu as encore oublié qu’il fait beaucoup plus froid ici qu’à Port-Réal, tu es frigorifiée » Déclarais-je en sentant le froid de sa peau. Oui, je me permettais de la tutoyer, mais nous nous connaissions depuis longtemps vu tout le vin que nous lui achetions. « Si tu aimes la décoration, tu apprécieras le cadeau de départ » Rajoutais-je dans un murmure complice avant de me tourner vers Patel. « Patel, réchauffe cette charmante femme, elle est frigorifié » Ordonnais-je à mon fidèle serviteur tout en claquant des doigts. « Tu vas voir, Patel à des mains de feu. Tu n’as qu’à t’asseoir dessus et elles te réchaufferont en quelques secondes. Il est mieux qu’une bouillotte » Dis-je à ma partenaire commerciale avant de taper fortement dans mes mains afin d’attirer l’attention de tout le monde. « Merci à tous d’être venu, votre présence est importante pour moi, même si je ne connais pas la moitié d’entre vous. Vous aurez tous l’occasion d’apprendre le but de cette invitation plus tard, mais pour l’instant, vous pouvez vous installer à la table, manger, boire parler. Il y a une sélection de fromage tout à fait exquise qui s’approche à dans les plateaux des serv…J’AI DIT UNE SÉLECTION DE FROMAGE, PAS DES POTAGÉS SOMBRES IDIOTS! VOUS NE SAVEZ DONC PAS LIRE LES INSTRUCTIONS? » Expliquais-je à mes invités avant d’hurler en voyant les plateaux qui circulaient entre les différents convives. « ..Ah oui, c’est vrai, vous ne savez pas lire » Me rappelais-je distraitement avant de retourner auprès de mes invités, prêts à apprendre à les connaître un peu plus. Pour une fois que des visiteurs se présentaient à Fort-Terreur!