Les petits moments de joie sont rares par les temps qui courent. Retrouver l'une de ses filles après tout ce temps est une bonne surprise pour le Dornien qui ne se défile absolument pas à ses obligations, au contraire. Si Oberyn Martell peut se montrer sanguin, versatile, impulsif et piquant même envers les grandes têtes de ce monde, même si l'homme traîne à son tour sa légende noire, on ne peut lui reprocher sa conscience paternelle. A Dorne, les bâtards sont quelqu'un, traités avec bien plus d'égards et de bienveillance qu'ailleurs dans les Sept Couronnes et aujourd'hui, les Aspics avaient un nouveau membre, une nouvelle sœur. Mais avant qu'il n'ait à présenter Viserya à ses autres filles, le Prince tenait à l'amener auprès de son amante de cœur, à Ellaria Sand, fille bâtarde de Lord Uller. Il l'avait aperçu furtivement à se promener dans les jardins non loin de là, il savait où donc la trouver pour lui annoncer la nouvelle. La Vipère avait fait guider sa fille dans les tréfonds du palais par l'un des pages à son service. Le temps de prendre un bon repas, un bain, de se remettre du voyage et certainement des émotions. Quand elle en aurait terminé, alors son guide avait pour ordre de l'amener à le rejoindre à nouveau, ici même.
Réellement, et depuis longtemps, Oberyn avait le cœur on ne peut plus léger. C'est si rare. Voilà aussi pourquoi la vie vaut la peine d'être vécue dans son entièreté avec les mauvaises choses mais surtout les bonnes qui prennent toujours le pas sur le reste. C'était appréciable. Le brun déambulait donc à travers les chemins de sable rouge, les parterres de fleurs du désert, des plantes venues d'Essos mais aussi de Westeros. Un endroit frais et agréable sous le soleil de plomb de Dorne. Les jardins surplombaient la mer, donnait une vue sur l'océan, vers l'est et par la même occasion, sur les nombreux bateaux qui fuyaient cet endroit pour trouver refuge sous leurs latitudes. Oberyn préfère ne pas en faire grand cas pour le moment bien que le soucis lui reste néanmoins dans un coin de son esprit. Il se contente de reporter toute son attention sur la femme installée sous une tonnelle de tissu beige. Quarantenaire à son image, les cheveux noirs et la peau doré, une Dornienne comme on ne pourrait s'y tromper. Douze ans qu'ils partageaient une vie commune faite d'un amour sincère et indéfectible mais aussi très particulier. Une vie de plaisirs partagés mais aussi de soutien, de discussion avisée. Plus qu'une amante, elle était la femme de son cœur et qu'importe que leurs vœux n'aient jamais été prononcés devant les Septs. Ils n'ont pas besoin de cela pour s'aimer.
Dans l'attente du retour de Viserya, Oberyn s'approche donc de la tonnelle. Les deux servantes qui accompagnaient Ellaria lèvent la tête de leur broderie puis quittent les lieux non sans un salut avec une certaine différence propre à un Prince.
- Puis-je te déranger ma douce ? J'aurais besoin de te parler.
Lui demande t'il en restant sur le pas de la tonnelle, les mains dans le dos, toujours mais son amante pouvait voir cette étrange sourire en coin, malicieux et espiègle mais surtout... heureux ?
Combien y a-t-il de chances dans l’existence pour revivre un amour perdu trop tôt ? Pour retrouver son âme sœur et que tout soit effacé ? Pour retrouver aussi la chair de sa chair dans le même temps ? C’est bien la seule chose qui pourrait lui faire éprouver du remord. Qu’importe ce qui est derrière tout cela et les complications que cela pourrait entraîner, une de ses plus grandes batailles, et des plus secrètes, sera de protéger Oberyn et leur fille quoiqu’il en coûte. Mais nul n’est plus buté que le Prince de Dorne. Et c’est à elle de lui faire changer de méthode quant à sa vengeance. Et cela pourrait bien passer par ses alliés futurs… Ou passés ? C’est compliqué de parler d’un temps qui a existé mais qui n’existe pas encore et n’existera peut-être plus. Car elle ne croit pas que le temps soit immuable. Pas si l’on change les faits.
Quoiqu’il en soit, la seule personne dans la confidence, enfin pas vraiment dans les détails, c’est Silas, le confident et ami-amant d’Oberyn. Elle sait qu’il tient à leur amitié et ferait forcément en sorte de le protéger aussi si quelque chose de terrible pouvait arriver. Après tout lui aussi a souffert de la mort de leur amant commun… Et a péri en voulant les protéger.
Mais tout cela n’est plus. Désormais ce bond dans le passé offre de nouvelles perspectives ou les oblige. Enfin, il oblige surtout à opter pour de nouvelles méthodes. Et aussi brillante soit-elle, seule face à toutes ces éventualités catastrophiques, Ellaria se sent parfois bien désemparée. D’autant plus qu’il lui est impossible de se confier à son plus précieux ami qui est également l’homme qu’elle aime. Comme quoi on ne peut pas tout avoir, le retour à la vie du dornien apporte son lot de difficultés.
Cependant, si la Sand ne se rappelait de rien, alors Oberyn mourrait à nouveau, elle ne pourrait rien faire pour voir venir cette fin tragique. Mais tout est différent.
Dans les jardins aquatiques, la brune déambule et s’arrête parfois, perdue plutôt dans ses réflexions que dans sa contemplation. Mais au moins à faire semblant d’être fascinée par ce beau paysage d’une oasis dans le désert, personne ne saurait deviner qu’elle est tracassée ou trop pensive… A moins de la connaître vraiment. Elle en a même oublié la présence des servantes avec qui elle se divertissait un peu plus tôt et remarque encore moins leur départ.
La voix d’Oberyn ne la fait pas sursauter cependant. Au contraire elle sourit et aussitôt le doute dans son regard se dissipe avant qu’elle ne se tourne vers son amant.
- Tu ne me déranges jamais voyons mon amour.
Encore moins depuis qu’elle est elle-même rentrée de son « voyage » tout récent chez son géniteur.
- De quoi veux-tu me parler Oberyn ? A voir ce sourire je dirais que tu as une bonne nouvelle à m’annoncer.
Le Prince Puîné est loin de se douter de ce qu’il se passe dans l’esprit de son amante de cœur. Oberyn est loin d’imaginer le tourment dans lequel avait sombré celle qu’il aimait. Savoir que son âme-sœur était si empreinte de doute, d’inquiétude et de peur à son égard le rongerait. Bien qu’ils s’aiment profondément et d’une manière bien particulière, Ellaria est aussi une amie, son amie, sa confidente, son soutien de toujours. Si l’on excepte l’hédonisme, la recherche des plaisirs qu’offre la vie, leur lien est bien plus profond, plus fort, sincère. Il y a de la passion, de l’amour mais aussi de l’affection et cette affection serait finalement, la clé de tous les problèmes à venir, à résoudre ou surmonter. Mais tout cela, il n’en a aucune idée. Le Prince se contente alors de venir auprès de la Dornienne, s’asseoir à ses côtés et l’embrasser tendrement dans le cou.
- Une bonne nouvelle ? Je dirais plutôt une excellente nouvelle. Bien que - il se rembrunit tout de même, légèrement.- d’autres sont moins réjouissantes. Cela dit, prenons la bonne nouvelle d’abord.
Si il savait son amante loin d’être jalouse, ce qu’il allait lui apprendre serait tout de même quelque chose à prendre en compte, à encaisser d’une manière ou d’une autre. Mais le Prince ne se défile pas, jamais même. Glissant sa main dans celle de la Dornienne, il la porte délicatement à ses lèvres.
- J’ai fais la connaissance de quelqu’un aujourd’hui. C’était aussi surprenant qu’inattendu. Une jeune femme, arrivée d’Essos il y a peu. Une nouvelle Aspic, mon aimée.
Ellaria n’aurait aucune mal à comprendre ce que cela pouvait bien signifier. Leurs filles qui vivaient ici aussi, au palais, auraient une nouvelle sœur tout comme son amante aurait une nouvelle fille. Le Prince quant à lui ne se départissait pas franchement de son sourire. Au contraire. Cela mettait une touche de joie dans ce qu’il avait pu apprendre par la même occasion et qu’il ne manquerait pas d’informer la Dornienne à son tour.
- J’ai connu sa mère il y a presque vingt ans maintenant, quand je me battais avec les Puînés. Avant de partir, j’avais laissé une broche, tu te souviens… comme celle que je t’ai offerte il y a longtemps maintenant. Et comme toutes mes filles possèdent. Et cette jeune femme l’a ramené ici.
Tandis qu’il finissait de parler, il tourne la tête distraitement vers l’entrée des jardins au loin. La jeune femme en question apparaissait alors. La Vipère s’était levée pour montrer sa présence à sa fille.
- D’ailleurs, la voici ma douce. J’aimerais te la présenter.
Le suivant ouvrait la marche, jusqu’à amener Viserya à eux.
J'avais reçu un accueil plus que chaleureux à Dorne. Ce bijou avait bien fini par guider mes pas vers mon père. Tandis que je me restaurais, je ne pu m'empêcher d'avoir une pensée pour Alahel. Lui qui avait mené le navire depuis Essos et sans qui je serais morte. Melyos coincé dans son corps de bébé semblait en avoir marre de mâcher pendant plusieurs minutes le même bout de viande. J'étais contente qu'il soit avec moi. Après un bon repas, ce fut l'heure du bain. Melyos eut le droit d'être shampouiné aussi à son plus grand désarroi. N'ayant pas l'habitude de tant de luxe, j'avais presque l'impression de ne pas le mériter. Les guenilles que je portais en arrivant furent jetées. Une femme m'amena une robe faite de voiles. Elle était dans ma couleur favorite : Le jaune. N'ayant pas l'habitude des robes, la pauvre dut m'aider à la mettre. Mes cheveux furent peignés et relâchés. Je ne les avait pas vu aussi lisses et propres depuis bien longtemps. Ils arrivaient aisément jusqu'à mes lombaires.
C'est alors qu'un homme me demanda gentiment de le suivre pour retrouver le prince et son amante de cœur dans les jardins. Le petit coyote qui avait plus l'air d'un chiot qu'autre chose était sur mes talons. Les jardins étaient si beaux. Je reconnaissais certaines plantes d'Essos. Étais-je encore dans un rêve ? Allais-je revenir subitement dans le passé comme la dernière fois ? Cela me faisait peur. Prenant le chemin fait de dalles, j'arrivais vers mon père et une femme d'une grande beauté. Un sourire naquit sur mon visage, creusant les fossettes de mes joues. La broche ornait la robe. « Père, ma dame. » Fis-je poliment en guise de salutations.
Bien sûr, Ellaria n’a jamais pris ombrage de l’arrivée d’une nouvelle fille parmi celles d’Oberyn. Cela peut paraître déroutant pour certain(e)s. Mais ils sont simplement au-delà de ces « détails » également. Ça va de pair avec leurs mœurs depuis qu’ils se connaissent. Est-ce que c’est quand même difficile ? Allez savoir, la brune ne se pose pas la question. Elle l’accepte c’est tout. On pourrait la penser naïve ou stupide mais ce serait mal la connaître. Sa vision est juste différente. Parfois ça peut lui faire quelque chose bien qu’ils aient aussi leurs filles à eux. Elle reste sa seule amante de cœur. S’il avait peut-être un harem complet de femmes amoureuses ici même et leurs bambins comme plusieurs familles en une peut-être que cela l’aurait lassée. Mais même les filles qui ne sont pas les siennes finissent par être sous sa seule garde, comptant les Aspics puisqu’elle les forme elle-même, alors ça lui convient. Et puis elle voit en ces jeunes femmes la fougue de son Prince dont elle est si fière, son intelligence, ses qualités et ses défauts, elle ne peut que les apprécier aussi.
Alors quand Oberyn parle d’une nouvelle fille, Ellaria accueille cette nouvelle aussi bien que pour les autres. Elle sait comme le dornien s’est révélé être un père adorable à sa manière et elle aime le voir avec « leurs enfants ». Comment ne pas se laisser attendrir par son air ravi et lumineux ? Son amour pour cet homme la perdre peut-être finalement…
- C’est une bonne nouvelle en effet, si tu te voyais… Comme à chaque fois tu es resplendissant. En tout cas je serai ravie de l’accueillir tu le sais bien.
Bientôt ils vont avoir toute une armée de filles grâce aux Aspics. Cela servirait plutôt ses intérêts d’ailleurs. Mais ne mettons pas la charrue avant les dragons. Déjà la jeune femme en question arrive, précédée d’un serviteur. Comme toutes leurs filles, et celles d’Oberyn, elle possède une beauté bien à elle. Toujours brunes aux yeux sombres avec ce charisme caractéristique et légèrement typé. Et Ellaria ne se doute pas qu’elles ont autre chose en commun. Des souvenirs d’une vie précédente, cela pourrait bien les aider l’une et l’autre et les rapprocher. Mais pour l’instant, le Prince fait les présentations officielles en bonne et due forme. C’est toujours ainsi qu’il lui fait rencontrer ses enfants. Aux yeux de la dornienne c’est aussi une preuve de respect envers elle. Viserya Sand donc. Elle les salue dignement, de façon simple et charmante. Ellaria l’étudie un peu, son regard sur les autres est toujours perçant mais bienveillant aussi pour la jeune femme.
- Viserya je suis enchantée de te rencontrer. Sois la bienvenue au sein de notre famille. Tu seras présentée à tes sœurs très bientôt, les Aspics seront fières de compter un nouveau membre.
Et la brune s’approche pour prendre Viserya dans ses bras avec une douceur qui peut étonner chez elle qui se montre si forte et autoritaire s’il le faut.
- Je ne peux qu’être heureux d’accueillir une nouvelle Aspic parmi nous. J’espère simplement qu’elle se plaira ici et qu’après tout ce temps, je ne ternirai pas ses attentes.
L’attitude paternelle d’Oberyn pouvait être étonnante pour ceux qui connaissent le Prince que de réputation. Il n’y a qu’avec Ellaria - Et Silas sur d’autres sujet- qu’il peut faire part de ses doutes. Jamais ces deux personnes dans tout Westeros ne pourraient le trahir. Il en est persuadé. En tout cas, cette mine qu’Ellaria dénotait si bien ne voulait pas quitter les traits anguleux
Sa fille avait revêtue une robe typique des contrées Dorniennes qui rehaussait le teint halé de sa peau. Débarrassée de sa tenue de voyage, et à la lumière du jour, il put se rendre compte plus encore à quel point elle ressemblait à sa mère. La jeune femme ne tenait pas beaucoup de lui physiquement c’est un fait, peut-être son sourire espiègle ? Le même qui s’affichait sur le visage du Prince.
- Ma fille. J’espère que tu te sens à ton aise.
Parmi les Aspics, la plus jeune Tyerne était son portrait craché. Les autres un savant mélange entre le caractère et l’apparence mais tout ce petit monde n’en restait pas moins à surveiller du coin de l’œil. Les filles de la Vipère possédaient une très bonne éducation tant dans le maniement des mots que des armes qui en faisaient une garde rapprochée des plus dangereuses. Mais Oberyn n’en était pas le seul responsable car celle qui se tenait là, à ses côtés, n’étaient pas innocente dans l’apprentissage de leurs filles. Ellaria a beau être un bâtarde, elle n’en pas moins aussi bien considérée qu’une noble de maison. Ses connaissances des familles, de la politique est un atout qu’elle savait très bien garder dans sa manche et sortir le moment voulu. Surtout quand on pouvait la prendre de haut pour ses origines. Une tactique qui marchait merveilleusement bien au-delà des Montagnes Rouges.
Le Prince fit les présentations sans plus attendre, présentant alors son amante de cœur comme il se doit. Sans réellement savoir si Viserya était au courant des coutumes dorniennes sur la chose, Oberyn se permit de lui expliquer rapidement que la mère de ses filles, son amante de cœur était à ses yeux, comme son épouse bien qu’aucuns vœux aient été formulés. Puis l’homme reste en retrait, le temps qu’elles fassent connaissances. Il faudrait certainement du temps pour que les deux femmes puissent totalement s’appréhender mais Oberyn est plutôt du genre optimiste sur la chose. Voilà pourquoi ce sourire de benêt ne voulait pas quitter ses lèvres. Le prince n’en dit rien, mais il est réellement ravi d’assister à ce genre d’instant. Il n’a jamais douté de la manière dont son amante de cœur pourrait accueillir un nouvel enfant. D’autant que cette dernière est née d’un amour bien antérieur au leur, tout comme deux autres filles avant cela.
- Allons nous installer, nous serons plus à l’aise pour faire plus ample connaissance.
Ces simples mots ne font qu’attirer une nuée de serviteurs que l’on pourrait presque croire cachés dans les massifs d’arbuste afin d’y mettre eau, miel, fruit et vin sur la table basse. Toujours par galanterie, il tenait la main de son amante qu’il fait passer devant lui et propose le siège à l’ombre, à sa nouvelle fille.
- Tes sœurs ne sont pas ici pour le moment. Obara est au nord, dans les Montagnes Rouges. Tyerne doit certainement avoir le nez dans quelques livres de la bibliothèque des Jardins Aquatiques et ses deux aînées sont en mer. Mais le moment arrivera bien vite. Surtout si tu souhaites t’établir ici avec nous. A moins que tu aies des projets ici ?
Puis il tourne son attention vers Ellaria, serre doucement sa main dans la sienne.
- Viserya vient tout juste arriver de l’Est. Les nouvelles qu’elles apportent avec elles ne sont pas rassurantes.
Je ne savais pas trop comment agir ou réagir. Mon cœur possède bien des cicatrices, à force d'avoir lutté. Il est épuisé. Je suis épuisée. Après dix-neuf ans d'existence, celui-ci avait déjà tout perdu. L'espoir, il ne le connaissait plus. Mais, on pourrait même chercher durant une éternité, plus rien n'est a pardonner, ce cœur n'a été que trop détesté. Il battait dans le néant en Essos, cherchant la lumière. Avançant aveuglement dans une obscurité trop douloureuse. Il essayait, mais, il échouait. Il aimait, mais, ont l'avait toujours rejeté. Il n'était que peine. Démunie de toutes étincelles, tout indice de vie. Il souriait sans le penser, sans apprécier son reflet. Et pourtant, il a continué de lutter. Il avait vécu et voulait vivre encore, voulant s'imprégner des émotions, voulant la joie. Aujourd'hui, dans cette robe dorée, en compagnie de mon père et de ma belle-mère, je sais... Je le sent qu'il est bon. Qu'il n'est plus un cadavre déjà mort. Qu'il n'est plus triste que jamais. Non, aujourd'hui, il pétille. Et le bonheur illumine mon visage d'un sourire et réchauffe mon âme.
Cette étreinte, elle ranime le brasier joyeux qui sommeillait en moi. Qui faisait semblant de brûler. Cette femme est tellement belle que je surprend à vouloir qu'elle soit ma véritable mère. Mes yeux me piquent. Mais, je ne dois pas pleurer. Ne pas montrer que je suis faible. Je ne souhaite pas les décevoir.
« Merci, je suis également heureuse de vous rencontrer. » Ma gorge est un peu serrée par l'envie de pleurer, mais cela passe doucement. « J'ai encore un peu de mal à croire que ce bonheur est réel. » Avouais-je avec un petit rire amusé pour répondre à mon père.
Nous nous installons alors et je prend place. Melyos, lui, est affalé au soleil. Des serviteurs arrivent sans même que je les repère arriver. Je fixe une femme qui me rappelle quel rang j'avais dans le passé. Je sors de mes pensées et affiche un sourire joyeux qui s'était perdu pendant quelques secondes.
« J'ai vraiment hâte de les rencontrer. » Déclarais-je. « Je pense rester un peu à Dorne, si vous voulez bien de moi. Mais j'avoue que j'aimerais voyager et découvrir Westeros. » Lorsque le prince de Dorne parla d'Essos, je me permis de rebondir là dessus. « On peut dire que le temps s'y est arrêté. L'Essos est prise sous la glace. C'était véritablement le chaos lorsque j'ai enfin pu quitter le continent. »
Tout ça est bien nouveau pour sa fille nouvellement retrouvée, alors Oberyn lui laissera tout le temps dont elle a besoin pour se sentir à son aise et enfin chez soi. Bien sûr, le Dornien ne connait pas encore toute l’histoire de la jeune femme et justement, il brûle d’en savoir un peu plus. Pourtant, la vie de Viserya n’a pas été une partie de plaisir c’est un fait et la Vipère ne se doute pas une seconde de ce que cela pourrait lui faire que de savoir tout ça. Pour le moment, l’heure est aux retrouvailles en bonne et due forme mais aussi, aux présentations. Un passage obligée pour la jeune femme qui se retrouve alors en présente de l’amante de cœur du Prince. Douze ans que ces deux là partagent cette vie, dans une relation étrange, ambigu mais vraie et passionnée. Aucune volonté de mariage, ils n’en ont pas besoin pour s’aimer, à leur manière. Une manière d’ailleurs que les Sept réprouveraient à coup sûr.
- Et pourtant il l’est, ma fille. Il l’est. Alors je ne peux que te conseiller d’y prendre goût et d’en profiter jusqu’à la lie car nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Telle est notre vision de cette vie ici. Du moins la nôtre.
Dit il en embrassant tendrement de dessus de la main de son amante. Pendant que les deux femmes se présentent, font connaissance, Oberyn s’empare d’une coupe de vin. Les serviteurs en pose une pour chacune des dames installées à l’ombre du soleil radieux de Dorne. Il les écoute, un petit sourire au coin des lèvres. La Vipère ne se faisait pas réellement de soucis quant à la réaction d’Ellaria en apprenant l’existence d’un nouvelle enfant. Bien au contraire. Redoutable politicienne malgré son statut de « bâtarde », indépendante et forte, elle n’en reste pas moins une mère extraordinaire. Le Prince lève sa coupe à l’attention de Viserya.
- A toi, ma fille. Bienvenue chez toi.
Il s’installe alors confortablement, puis croise les jambes. L’entendre dire qu’elle resterait à Dorne le ravit au plus haut point, alors ce sourire espiègle habituel s’élargit un peu plus.
- Dorne t’es ouverte, quant à Westeros, tu auras tout le loisir de le visiter avec moi si tu le désires. Je ne suis pas homme à rester toujours au même endroit. Et notre position, requiert parfois de quitter Lancehélion.
Parler de ce qui se passe à Essos le crispe un peu et le regard de la Vipère oblique vers Ellaria pour revenir à la nouvelle princesse.
- Je me suis entretenu avec une personne venant de l’extrême Est récemment. Je n’ai pas tout prit pour argent comptant sur le coup et voulait m’assurer de la véracité de ses dires. Ce que tu nous a annoncé ne fait alors que confirmer tout ce qu’elle m’a dit. Cela explique tous ces bateaux au large et dans les Degrés. Il faut s’attendre à un flot massif de réfugier sur nos côtes. Mais nous ne pourrons pas tous les accueillir, c’est impossible.
Le Prince avait reposé son gobelet, la mine sombre. Il avait parlé à Dorian de ce que la pirate Yi-Tienne lui avait dit mais tout comme lui, son aîné se montrait prudent. Mais maintenant, la Principauté devait se préparer au pire.
- Cela sous-entend aussi que nos alliés commerciaux de l’Est on soit disparu, ou sont soit affaiblis.
Lorsque son amant lui annonce que sa fille vient de l’Est, Ellaria se contente d’un hochement de tête. Elle ne se doute pas que la demoiselle rapporte avec elle des nouvelles plus alarmantes encore qu’il ne le dit, nouvelles dont Oberyn lui-même voulait parler avec elle un peu plus tôt.
Alors que la brune serre la jeune femme dans ses bras, sa main caresse doucement ses longs cheveux, un geste de tendresse qui se veut naturellement rassurant, pour lui montrer aussi qu’elle est plus que la bienvenue et déjà membre de leur famille. Et puis Ellaria saisit la rapide tristesse dans ses yeux, les détails elle les saisit toujours. Pourtant Viserya ne dit rien. Elle est féroce et se montre dure, la digne fille de son père. La Dornienne se contente donc d’effleurer sa joue avec douceur avant de se détacher d’elle.
- Comme le dit Oberyn, tu es la bienvenue ici et même… Tu es ici chez toi désormais Viserya, bien sûr que nous voulons de toi.
Légitime ou non ils sont peut-être la seule vraie famille unie des sept couronnes. Bon sans compter ce mollasson régent mais il ne sert pas à grand-chose il faut le dire. Allez savoir pourquoi et comment Ellaria a accumulé tant de haine à son égard. Il est simplement indigne de sa fonction, une honte pour les Martell par le fait de s’allier à leurs ennemis et ridicule. Il n’a aucune grandeur.
Néanmoins dans l’immédiat ce sont les paroles de Viserya qui l’intéressent et surtout qui l’inquiètent. Comment cela se peut-il ? L’Essos sous la glace… L’hiver vient-il si vite ? Comment est-ce possible ? Il y a là-dedans quelque chose qui ne lui inspire aucune confiance. Ce n’est pas normal et si personne ne sait l’expliquer…
Elle laisse parler Oberyn, un peu plus en retrait mais n’en pense pas moins. Assise près de lui, elle affiche une mine indéchiffrable de celles qu’elle arbore lorsqu’elle réfléchit intensément. Ayant été faite prisonnière avant toutes les catastrophes de ce futur antérieur elle ne sait pas à quoi tout cela est dû, elle ne sait rien des Marcheurs Blancs ou quoique ce soit en rapport avec eux.
- Peut-être devrons-nous alors penser à de nouvelles alliances pour protéger Dorne de ce fléau ? Tout cela est vraiment très inquiétant… Personne ne survivrait à une ère de glace sur ces terres, il va sans dire que si ce phénomène avance nous serons touchés tôt ou tard… Comment as-tu pu quitter le continent Viserya ?
Evidemment elle pense à la Mère des Dragons et tous ses alliés en devenir. Bien qu’à ce moment précis elle n’ait pas encore revu Missandei il est clair que cette discussion sera le tremplin pour faire part à Oberyn de tout cela. Plus tard.
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