« Like a virgin, touched for the very first time like a virgin, when your heart beats next to mine »
[Au campement de Robb Stark, pendant la rencontre avec Oberyn Martell]
Cela faisait bien longtemps que Dryden, connu sous le nom de Silas, ne s’était pas rendu dans le Nord. La première et dernière fois, avant aujourd’hui, c’était juste après avoir fui Lys alors qu’il avait à peine vingt ans. Le jeune homme avait donné une jolie petite bourse pour partir assez loin et il se trouve que le rafiot partait à destination des terres hivernales. Dans les Conflans, plus précisément.
Pourquoi cette destination ? Après tout, des bateaux il y en avait d’autres ce jour-là au port de la belle cité. Silas ne saurait y répondre. C’était une impulsion. Une envie guidée par la curiosité. Il avait « rencontré » des voyageurs venus du Nord ici même, là où il était né. Il les avait incités à parler, à raconter leurs coutumes, leurs vies, tout ce qu’il y avait à apprendre. Mais pourquoi ne pas sauter sur une occasion de s’y rendre ? La question ne se pose pas puisque le lysien est parti sans se retourner. Ou presque.
Les terres du Nord regorgeaient de diverses sources de fascination. Surtout pour un homme curieux de tout. Mais un jeune futé qui avait aussi un talent pour se fourrer dans de sacrés bourbiers. Comme par exemple, tenter de plumer des soldats d’une maison apparemment importante et de vouloir les rouler pour éviter de décliner son identité. Evidemment comme faire le malin avec de la parlote ne fonctionnait pas avec des soldats et qu’il se battait comme une chiffonnière, c’était perdu d’avance. Mais un tout jeune soldat parmi eux d’ailleurs avait fini par lui sauver les miches en lui évitant de terminer les mains tranchées ou pire hors de l’auberge. Et en parlant de miches… Silas l’avait remercié de façon tout à fait particulière, mais très plaisante !
Voilà donc les souvenirs qu’a le blondinet de ce vaste territoire. Les choses lui reviennent à l’esprit alors qu’il balade dans le campement du fils Stark. Dryden accompagne le Prince de Dorne pour une visite tout sauf officielle au jeune Loup. Les choses ont bien changé depuis dix-sept ans. Oberyn lui a appris à s’attirer un peu moins d’ennuis mais cet orateur braillard et provocateur à ses heures a toujours le don d’agacer au plus haut point lorsqu’il y met du sien. Allez savoir donc, s’il ne serait pas capable de faire une bêtise pendant que le Dornien s’occupe de choses sérieuses avec le séduisant Stark. Oberyn est vraiment un petit chanceux !
Quoiqu’il en soit, ses pas hasardeux le guident entre les tentes et bientôt se découpe une silhouette immense et puissante. En s’approchant, malgré toutes ces années qui séparent leur rencontre, le blondin le reconnaît bien vite. Ça alors. Damon Paege, son sauveur ! Il est devenu très… Impressionnant, dire que c’est lui qui a « volé son innocence » à l’époque, on aurait du mal à croire qu’un gringalet comme lui fasse quoi que ce soit face à ce roc de muscles ! Mais toujours enjoué, avec son sourire de tête à claques, il s’avance vers le brun et l’interpelle avec sa grandiloquence habituelle. - Ça alors, serait-ce donc Damon Paege sous cette impressionnante silhouette ?! Grands dieux ce que le temps nous fait, certains se gâtent quand d’autres s’améliorent !
We Were YoungLife is hard, that's why no one survives I'm much older than I thought I'd be
PAEGE Damon
VAZYLIS Silas
La vie est pleine de surprise, plutôt mauvaises que bonnes ces derniers temps. La vie de camp n’est pas une chose aisée mais étrangement, Damon se sent bien mieux ici qu’à Sombreberge, sur ses terres. Son instinct de guerrier parle pour lui. C’est là qu’il trouve sa place dans ce monde qui parfois lui semble étranger. L’épée et le bouclier à la main, le cœur qui tambourine frénétiquement en attendant l’assaut. C’est dans ces instants qu’il se sent réellement vivant, lui-même. La guerre éloigne le spectre de sa mère qu’il jurerait entendre juger ses actes et ses inclinations. Le fracas des armes exorcise ses doutes et ses peurs quant à son avenir aux yeux des Septs. Ne reste que l’odeur du sang, le bruit de l’acier et l’adrénaline qui le pousse à démontrer plus encore de courage pour la gloire de sa maison. C’est tout ce qu’il souhaite après tout. Ici, au milieu de soldats qui cachent la fatigue derrière les rires et les discussions légères, Damon Paege ne ressent rien de plus qu’un cœur apaisé. C’est paradoxal quand on sait que dans son ancienne vie dont il n’a aucunement conscience, quelques jours plus tard, il mourrait à l’assaut victorieux des troupes Lannister. Bis repetita. A moins que cette fois, le destin en ait décidé autrement. En particulier, en plaçant un certain Mallister sur sa route.
L’arrivée de la troupe Dornienne ne s’est pas faite dans la discrétion, c’est peu de le dire. Hétéroclite et certainement plus colorée que le gris et le bleu sale ambiant des tentes et des uniformes. C’est bien la première fois depuis la révolte de Robert qu’il en voyait de nouveau. Pourtant, celui qui vint se présenter dans son dos et passé inaperçu dans tout ce débarquement. Certainement parce que le Paege avait toute son attention tournée vers l’homme qui menait la Marche. Alors c’était donc lui, Oberyn Martell ? De quoi attiser bien des sujets de conversations parmi les gens du camps et de parler en suppositions autour d’une partie de dés. En ce qui concerne Noircoeur, il se contentait de prendre soin de son armure et de son épée. Avec l’humidité ambiante et constante de ses terres natales, l’équipement a tendance à se gripper. On ne pourrait se le permettre à la veille d’une bataille n’est-il pas ?
Une voix l’interpelle et il relève la tête aussitôt, se tenant de dos à l’entrée d’une tente noire, flanquée de deux serpents blancs et rouge entrecroisés. Le chiffon graisseux lui servant à polir l’épaulière au motif ophidien s’arrête quand l’autre main avait agrippé le manche d’une dague plantée dans le sol. Damon avait déjà entendu ce timbe particulier, l’accent qui va avec mais sa mémoire lui fait défaut. Alors se décide t’il à se lever de son siège, toisant l’intrus de toute sa hauteur sans pour autant délaisser la dague fichée au creux de sa main.
- Qui êtes-vous ?
Grognait Noircoeur d’une voix grave, en faisant fi de l’éloquence et des flatteries de l’inconnu. Son regard d’azur détaille l’homme des pieds à la tête. Une allure étrange, filiforme mais svelte, le teint pâle et les cheveux qui le sont tout autant. Des comme ça, Damon n’en a pas croisé si souvent dans sa vie et voilà que tout lui revient.
- Silas ? Est-ce toi ?
Pas bien sûr de son cou, il laisse la dague de côté et plisse le regard comme pour deviner la réponse.
- Par les Sept Enfers, que fais-tu ici ?
L'homme se montrait moins... amical qu'il ne le fut autrefois. Il n'y a pas que l'apparence qui a changé.
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