Cela faisait quelques jours que l'altercation sur le campement avait eut lieu entre Karstark, Ramsay Snow et Freydis. Depuis, ça s'était plus ou moins calmé. En tout cas, les Mormont n'en parlaient déjà plus.
C'était la nuit, une nuit particulièrement froide en comparaison avec les précédentes. Les Mormont avaient l'habitude du froid mais ils avaient espérés être un peu épargné dans ces contrées. S'ils n'avaient plus le vent marin pour venir leur glacer le sang, ils ne mourraient pas de chaud pour autant. Rodrik avait la chance d'avoir sa propre tente, une petite tente certes, mais une tente tout de même. Elle était suffisamment grande pour y accueillir son lit de fortune constitué principalement de peaux et une caisse fermée à clé dans laquelle se trouvait ses affaires personnelles. Son épée reposait près de lui, à porté de main depuis son lit tandis que sa tenue de chevalier trônait à sa place habituelle, à deux pas de la. Il ne craignait aucun vol ici, il y avait assez de Mormont alentours pour dissuader quiconque de venir jusque la et si ce n'était pas suffisant, sa présence elle même devrait faire l'affaire. Il n'était pas le plus commode des hommes, ça se savait et mieux valait ne pas titiller le Jeune Ours.
Il ne dormait pas encore, il venait tout juste de s'allonger sous ses draps, cherchant doucement le sommeil, les bras derrière sa tête. La hache de jet sous son oreiller était à peine perceptible à travers l'oreiller en question mais elle était bien présente si atteindre son épée n'était pas suffisant. Il entendit un léger hululement dans la nuit, sans doute la chouette de Freydis la douce. C'était devenu un bruit habituel sur le campement. Il ne remarqua cela dit la demoiselle que lorsqu'elle franchit le seuil de la tente, écartant la toile pour entrer. Il se redressa alors, s'appuyant sur ses coudes et l'observa. Il faisait sombre mais pas assez pour qu'il ne puisse pas la distinguer. La lumière à l'extérieur, sans doute un feu encore allumé, lui suffit à reconnaitre ses cheveux argentés si familiers à présent.
- Tu es en avance, je ne t'attendais pas avant le début de mon rêve.
Il esquissa un petit sourire taquin, moqueur de sa propre phrase, parodie de répliques mielleuses des beaux parleurs. Il aurait pu lui demander si elle s'était égaré mais de tout évidence, ce n'était pas le cas. Elle connaissait trop bien le campement. Une insomnie ? Ça se suffisait pas à venir dans une tente. Rien ne semblait arriver par hasard lorsqu'il y avait Freydis dans son équation. Il s'écarta légèrement sur le côté pour laisser un peu plus de place dans son lit. Qu'elle veuille l'y rejoindre pour discuter, pour un instant plus charnel ou qu'elle veuille juste s'asseoir sur le côté n'avait pas d'importance, il lui laissait l’entièreté du choix, lui offrant juste la possibilité de faire ce qu'elle voulait de cet instant.
La nuit était tombée sur le campement du jeune loup. C'était plutôt calme quand on repense à ce qu'il s'est passé il y a quelques jours auparavant. Le bâtard de Fort-Terreur avait fait parler de lui et pas en bien. Manquant de respect à la famille Mormont ainsi que Robb Stark. La lune était pleine. Seul quelques soldats encore debout brisaient le silence en discutant de tout et de rien. Berçant la louve des glaces. Ses yeux se ferment. Mais elle ne parvient pas à s'endormir. Trop de questions se bousculent dans sa tête. Robb. Rodrik. Elle se tourne puis se retourne encore, cherchant une position plus confortable dans sa paillasse. Rien n'y fait. Le sommeil ne vient pas. La culpabilité de devoir faire souffrir l'un de ses amants quand elle devra faire son choix lui pèse sur les épaules. Ca la hante. Ca la ronge.
Freydis se lève. Elle ne porte qu'une longue chemise de nuit blanche. Décidant de sortir de sa tente, sa main attrape une couverture en fourrure d'un blanc immaculé qu'elle enfile autour d'elle. Sa longue chevelure argenté tombe sur ses épaules et le bas de son dos. Quand elle sort, Skaï, sa chouette semble revenir de sa chasse. Elle s'envole avec grâce jusqu'à la tente de Rodrik. Comme un signe. Un geste du destin. Éclairé par les faveurs de la lune, la sauvageonne n'a pas besoin de torche pour se repérer. Connaissant par cœur ou presque qu'elle tente appartient à qui. Une fois devant celle du jeune ours, elle passe ses doigts dans l'ouverture puis entre doucement.
« J'ignorais que tu m'attendais... » Lança t-elle à Rodrik qui ne dormait pas.
Un sourire illuminant son visage. Les faisceaux de l'astre lunaire traversaient la tente et lui permettait de voir la silhouette de son amant. La louve des glaces fit quelques pas pour s'asseoir sur le rebord du lit. Étrangement silencieuse, elle avait une mine pensive. Sa main vint se poser contre son torse, ses doigts dessinant des sillons invisibles sur sa peau. Ses pensées finissent par la lacher un peu. Plongeant son regard d'un bleu glacé dans celui de Rodrik, elle émit un petit soupire suivit d'un mince sourire.
« Je ne parviens pas à trouver le sommeil... » Avoua t-elle.
Rodrik la détailla un instant, l'air inquiet. Elle semblait à la fois ici et ailleurs. Lorsqu'elle s'installa près de lui, il se pencha un peu plus vers elle et posa ses lèvres contre les siennes, lui volant un furtif baiser. Il passa ensuite une main dans le dos de la sauvageonne et l'amena un peu plus contre lui. Par tous les dieux, était-il possible d'aimer quelqu'un aussi fort ? Il la serra contre elle, passant ses bras autour de la louve d'argent dans une tendre étreinte dans laquelle il aurait aimé rester pour l'éternité. Elle avait l'air tracassée et il brisa finalement le silence.
- Tu veux rester ici pour t'endormir ?
Est-ce que c'était la présence de Ramsay Snow au campement de Robb qui la mettait sans cet état ? Craignait-elle qu'il vienne l'egorger dans son sommeil ? Non, elle serait venue plus tôt. C'était autre chose qui la maintenait éveillée cette nuit. Il s'écarta légèrement d'elle pour pouvoir à nouveau plonger ses yeux bleus dans les siens. Il lui écarta une mèche de cheveux et lui sourit tendrement, espérant qu'elle se confie à lui ou qu'il puisse lui être d'une quelconque utilité pour effacer ses pensées troubles. Il voulait juste être la pour elle, pas en tant qu'amant mais en tant qu'amour. Il n'en avait pas après le corps de Freydis mais après son coeur.
Jamais Freydis ne s'était sentie autant assaillie par autant de préoccupations. Il fallait qu'elle gère cette histoire de "souvenirs" d'une ancienne vie qui semblait prédire l'avenir. Qu'elle gère cette histoire de potentielle traitrise venant de Bolton et de son bâtard. Qu'elle gère le futur choix à faire en essayant de blesser le moins possible ses deux amants. Elle n'était pas stupide au point de ne rien savoir gérer. C'était plutôt ses émotions encore jamais ressenties aussi puissamment qui la fatiguait. Le doute. La méfiance. la culpabilité. L'inquiétude. La peur. Tout cela se mélangeait dans sa tête, formant un tourbillon. Une tornade qui dégageait tout le reste de ses pensées. C'était devenu si important que tout devenait secondaire autour d'elle. La louve n'avait plus d'appétit. Rien que les odeurs de cuisine lui donnait la nausée. Elle n'adressait même pas de regard à un Karstark quand il profitait de son passage pour l'insulter.
Freydis accordait tellement d'amour à Rodrik et à Robb, qu'elle se refusait de les voir être blessé le jour où elle choisirait. Que ce soit un amour amical ou non. Les lèvres chaudes de Rodrik contre les siennes l'apaisèrent. Se laissant attirer par le jeune ours, elle se retrouvait dans ses bras et par les Anciens Dieux que cela lui faisait du bien. Elle passa ses mains contre les avant bras du Mormont pour les caresser. Quand il lui proposa de s'endormir avec lui, elle opina d'un signe de tête.
« Oui... »
La sauvageonne quitta un instant son amant pour se lever et retirer la fourrure blanche, apparaissant en déshabillé aussi immaculée. Puis elle vint s'installer dans le lit, se blottissant contre le corps de Rodrik. Glissant une jambe entre les siennes et encerclant son ventre de son bras. Sa tête contre le dessus de l'épaule de l'ours lui permit de coller son front contre sa joue.
« Je ne cesse de penser à notre relation et à celle que j'ai avec Robb. Pourquoi ne puis-je pas vous appartenir à tous les deux ? » Avoua t-elle la gorge serrée. Sans vraiment attendre de réponse.
Rodrik souleva la couverture pour la laisser entrer dans le lit. Elle était aussi sublime que dans ses souvenirs à la rivière. Un peu moins mouillée et les vêtements ne lui collant pas autant au corps mais elle n'en restait pas moins sublime. Elle avait cependant cette petite étincelle atténuée, plus aussi brillant que ce jour la à la rivière. Il passa ses bras autour d'elle, la laissant se lover contre lui. Il pouvait sentir son souffle chaud et s'il se concentrait bien, il était capable de ressentir les battements de son coeur. Il effleura la peau de Freydis du bout des doigts, avec délicatesse le long de son épaule puis de ses cotes. Il y sentait les cicatrices, celles de la sauvageonne pour qui il aurait été capable de donner sa vie. Tout ce qui importait avec elle était l'instant présent. En ce temps de guerre, il ignorait ce que le jour suivant leur réservait et il voulait profiter le plus longtemps possible du sourire de Freydis, voir le bonheur dans son regard suffisait au sien. Il lui déposa un baiser sur le haut de la tête. Il aurait put l'embrasser partout sans s'arrêter, gouter baiser après baiser à la peau meurtrie par le temps passé au delà du mur de cette fille.
« Je ne cesse de penser à notre relation et à celle que j'ai avec Robb. Pourquoi ne puis-je pas vous appartenir à tous les deux ? »
Qu'était-il supposé répondre à ça ? Lorsqu'elle abordait son amour pour Robb, Rodrik sentait une pique poindre au fond de son coeur. Il avait énormément de respect pour le Roi du Nord mais il aimait beaucoup trop Freydis pour que l'entendre lui dire qu'elle l'aimait ne le blesse pas. Il n'en laissa cela dit rien paraître ou du moins tenta de ne rien laisser paraître. Il savait à quel point c'était difficile pour elle, il le voyait dans ses yeux comme une évidence. Il n'avait pas envie qu'elle en souffre d'avantage à cause de lui. Il lui causait déjà trop de tord en l'aimant. Quel égoïste il pouvait faire.
- De ce côté-ci du mur, ce n'est pas pareil. Mais tu n'es pas obligée de te décider maintenant, je te l'ai dit, prends ton temps pour réfléchir à tout ça. Ne t'encombre pas de pensées négatives, pas avec la guerre qui approche.
Il ne voulait pas que ses états d'âme et ses tracas lui soient fatals une fois sur le champs de bataille. Il savait qu'il ne pourrait pas l'empêcher de se battre et ne voulait pas que des hésitations troublent son jugement en plein combat.
- Je n'ai pas envie de te perdre.
Il lui releva le menton pour venir l'embrasser une nouvelle fois sur les lèvres, insistant un peu plus.
S'il y avait bien trois choses qui lui manquait d'au delà du Mur, c'était bien les mœurs plus légers quant il s'agissait de couple. Cette liberté que le peuple avait sans pouvoir être jugé. Mais, il y avait aussi la tolérance envers les femmes, elles étaient l'égal des hommes dans tous les domaines. Et enfin, l'absence de mensonges. La franchise à l'état le plus pur. Les sauvageons ne mentaient pas et quand ils promettaient quelque chose, il n'y avait nul méfiance. La louve des glaces ne regrettait cependant en rien son passage dans la Baie des Glaces. Comment le pourrait-elle ? Elle et Syka n'avaient plus à supporter le froid, la faim, la violence, les attaques des Autres, le harcèlement des Corbeaux et plein de petites choses comme la présence des Thenn et leur cannibalisme ou bien Mance Rayder qui se prétend roi alors qu'il est un ancien Corbeau.
« Tu ne me perdras jamais. Que ce soit pas mon choix ou bien par la guerre. » Déclara Freydis en relevant le regard vers Rodrik. « Je ne compte pas mourir face à un suderon. Je n'ai pas traversé la fichue Baie des Glaces et fait face à la féroce Lyanna Mormont pour perdre la vie maintenant. » Ajouta t-elle avec un air amusé.
La sauvageonne prolongea le baiser que lui offrit son amant en glissant sa main dans sa chevelure brune.
Rodrik lui sourit, amusé par ses paroles. Il la croyait sur parole. Freydis n'avait jamais été une faible femme, même lorsqu'elle avait été obligée de rester au lit le temps de se soigner, même lorsqu'elle était plongée dans son profond sommeil après sa découvert, elle avait toujours transpiré la force de caractère et l'indépendance. Elle s'était pliée aux règles de la maisonnée pour contribuer au quotidien des Mormont mais n'avait jamais perdu cet aspect libre d'elle même. Ce qu'elle faisait, elle ne le faisait pas parce qu'on l'y obligeait mis parce qu'elle acceptait de le faire.
Il apprécia leur baiser tout comme il avait apprécié les précédents, sans doute plus que les précédents. Chaque contact avec elle, physique ou simplement visuel, la savoir près de lui, libre, en vie et heureuse le rendait chaque jour plus heureux lui même. Il appréciait chaque jour passé un peu plus que le précédent et bien moins que le suivant. Il l'aimait, tout simplement.
- Je devrais sans doute craindre pour tes ennemis alors.
Il lui sourit. Freydis pouvait être redoutable et si elle n'était pas douée à l'arc, elle compensait cette lacune au combat au corps à corps avec sa hargne de vivre. Elle savait ce qu'était se battre pour sa vie et sa liberté, elle connaissait la valeur de ces choses la plus que quiconque. Lui même s'était toujours appliqué à considérer le plus petit entrainement comme un véritable combat. Les règles de bienséance n'avaient pas leur place sur le champ de bataille de ce fait, les accepter en entrainement perdait tout son sens. D'une main, il attrapa un bout de la longue chemise blanche de la sauvageonne et la souleva légèrement, petit à petit pour ne pas la brusquer. Un nouveau baiser puis, Rodrik plongea ses yeux bleus dans ceux plus froids de Freydis, appréciant la moindre nuance qu'il pouvait y trouver, apprenant à en connaître les moindres petites tâches, le moindre petit détail qui faisait d'elle ce qu'elle était. Il pouvait passer des heures comme ça à l'observer, apprendre à la connaître encore un peu plus, gravant à jamais son image dans sa mémoire. Il connaissait déjà par coeur le tracé de son nez, les courbes de ses lèvres et aurait presque pu nommer chaque cheveux sur sa tête.
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![Sous les cieux, des étoiles plein les yeux, on t'appelle bella notte [Freydis] Exok](https://zupimages.net/up/18/29/exok.png)