Cela ne fait qu'un jour que j'ai partagé la couche du roi. Et je ressens déjà comme un manque. Un vide. Passer une nuit sans la chaleur de son corps fut bien plus difficile que j'aurais pu le penser. Je n'avais d'ailleurs presque pas dormi à force de penser au jeune loup. Avais-je bien fait de m'approcher ainsi ? Si ses hommes savaient que mon amour pour lui risquait de trahir ce mariage arrangé avec une Frey, ils finiraient pas me lapider. Je ne pouvais pourtant pas le laisser partir. Je le lui avait dit. Je me l'était promis. Je l'aperçois de loin discuter avec l'un de ses généraux. Mon cœur loupe un battement et je sens un sourire naître sur mes lèvres sans pouvoir le contrôler.
« Freydis ! Ca fait trois fois que je t'appelle ! Voilà ton épée. Aiguise-là un peu et c'est bon. » S'exclama un forgeron de l'armée des Mormont en me tendant ma nouvelle épée. Je sursaute en me retournant. L'autre s'était trop émoussée. Je la saisie puis esquisse un sourire aimable. « Merci beaucoup, je te revaudrais ça. » Déclarais-je. Je sortis de sous la tonnelle en peau puis me dirigeais vers le milieu du campement, pour m'asseoir sur un tronc d'arbre. La chouette blanche se percha sur la branche d'un arbre. Sortant la pierre à aiguiser de ma poche, je commençais à aiguiser la lame. Des soldats passaient en parlant du retour de Rodrik et de Theon avec le bâtard de Fort-Terreur. Ils étaient donc enfin revenus. Je me demandais bien ce qui avait pu les retarder.
Ainsi, j’étais un homme horrible, un monstre qu’il valait mieux abattre au plus vite et un traitre à son royaume? On ne pouvait pas me faire confiance et la seule chose que je pouvais faire pour aider le Nord était de me laisser tomber dans la Larmoyante avec des rochers accrochés à mes pieds? Eh bien soit! J’allais leurs montrer à tous la valeur réelle d’un Ramsay Snow et ils regretteront bien vite leurs messes basses contre moi. Personne n’a le pouvoir de décider pour moi qui je suis et ce que je ferai de ma vie! Il n’y a pas un Lord, un roi ou un être au monde capable de m’imposer l’être que je dois devenir. Rageur, le regard devenu orageux par la tempête glaciale qui grondait en moi, je savais que j’étais à deux doigts de laisser ma colère jaillir à l’extérieur de ma pauvre carcasse si je ne trouvais pas rapidement un moyen de me défouler. Si j’avais été à Fort-Terreur, j’aurais sans doute trouvé une pauvre âme à mutiler, mais ici c’était impossible! Je pensais que j’étais paranoïaque lorsque je m’étais sentit dévisagé à mon arrivé, mais je n’avais pas été si loin de la réalité dans le fond. Si j’avais le malheur de lever la main sur le moindre cafard de ce campement, c’est ma tête qui roulerait sur le sol avant que le soleil ne se couche ce soir.
Est-ce que tout ce que j’avais entendu et deviné pouvait être réel? Je savais que j’étais prêt à tout pour avoir la reconnaissance des miens, mais étais-je le monstre décris? Il y avait une différence entre tuer une trainé de frères et de sœurs et la trahison envers un royaume en entier, tout de même! M’arrêtant devant un brasier rougeoyant afin de tenter de calmer ma respiration et la fureur de mes tourments, j’ai regardé partout à la recherche de la silhouette réconfortante de Patel. Lui il aurait le pouvoir de me calmer et de me rassurer quant à la stupidité de ce qui m’avait été affirmé. Après tout, qui pouvait être assez imbécile pour croire que nous vivions de nouveau des événements que nous aurions déjà vécus? La magie n’existait pas tout comme le don de voyance, de ça j’en étais persuadé. Mon regard accrocha au loin la silhouette à l’impressionnante chevelure de mon second et un sourire joyeux s’esquissa sur mon visage pour la première fois depuis longtemps. Storm allait me raisonner, me confirmer que toute cette histoire n’était que de l’hérésie tirant sur la folie. Il trouverait assurément les bons mots pour calmer l’orage de ma fureur…comme toujours.
Partant en direction de mon fidèle second qui discutait avec le frère de Lady Stark, j’ai tenté de dépasser un groupe de guerrier qui discutait autour d’une souche occupé par une jeune femme, mais une main sur mon bras m’arrêta dans mon élan. Fronçant les sourcils, j’ai levé le visage vers l’homme qui serrait mon bras comme s’il essayait de le briser comme une brindille et j’ai demandé d’une voix arrogante : « Je peux vous aider? ». Je n’avais pas réellement l’intention de l’aider ou quoi que ce soit de ce genre, mais je devais bien faire un effort de paraitre le moindrement courtois."On ne veut pas du bâtard de Fort-Terreur ici" Grogna le crasseux en resserrant sa poigne autour de mon bras. J’ai fermé les yeux quelques instants afin de m’intimer un calme que je ne possédais plus depuis longtemps et je me suis brusquement défait de son emprise. J’en avais marre de ce rôle qu’on m’imposait continuellement. « Tu veux jouer avec le bâtard? Approche gros porc! » Sifflais-je avec fureur et dégainant mon poignard de la main droite alors que mon épée rejoignait ma main gauche. Le vent glacial se leva et fit danser mes cheveux partout autour de mon visage alors qu’une lueur de démence brillait dans mon regard. J’avais besoin de faire souffrir quelqu’un! « Allez vient, on va danser un peu » Crachais-je alors que celui qui pensait me faire de l’intimidation reculait d’un pas.
De toute évidence, il n’était pas un guerrier de profession, mais sans doute seulement un paysan enrôlé par je ne sais quelle armée. Tournant sur moi-même afin de faire face à tous ceux qui s’était rassemblé autour de nous, j’ai sifflé à la cantonade : « Il n’y a pas de volontaire pour tenter de tuer le bâtard de Fort-Terreur? Voyons! Je sais que vous en mourrez d’envie, je vous entends le murmurer depuis mon arrivé bande de lâches! » Je préférais mourir armes aux poings qu’assassiner lâchement!
Plus Freydis entendait les soldats passer être en train de murmurer, plus elle trouvait cela suspect. Que pouvait bien marmonner l'armée. Elle rangea sa pierre à aiguiser dans la poche de son pantalon serré puis son épée dans le fourreau de sa ceinture. La sauvageonne se mit alors à contrôler sa respiration. Fermant les yeux. Elle se concentre sur Sky. Sur ses iris perçants. Sur son plumage. Doucement, Freydis se décontracte. Elle laisse tomber sa tête en arrière, les paupières ouvertes. Un voile blanc sur ses prunelles glacées. C'est alors qu'elle se voit à travers la chouette blanche perchée sur sa branche. Elle étire ses ailes puis s'envole.
Il y a des jours, où Freydis aimerait ne faire qu'un avec sa chouette jusqu'à la fin des temps. Pour pouvoir prendre de la hauteur et respirer. Fuir loin des êtres humains pour vivre libre. Pour ne plus avoir peur. De ce que pensent les autres. De ce qu'elle pense d'elle. Mais elle tenait bon. Ce n'était pas comme si elle était seule. Désormais, elle avait Robb en plus de Rodrik et potentiellement de Lyanna. La brise du bas nord caresse les plumes de la chouette qui observe le campement. Elle commence par se poser discrètement sur le haut d'une tente pour écouter une conversation. Des hommes parlaient d'une certaine trahison et de noces pourpres. Cela n'était pas la première fois qu'elle entendait cela. La chouette s'envola vers un autre coin. Ou cette fois-ci, un paysan parlait des Boltons et de leur avidité.
Freydis revient à elle puis cligna plusieurs fois les paupières en posant sa main contre son front. C'est alors qu'elle n'eut même pas le temps de se remettre de sa transe qu'une scène la fit tiquer. Il a fallut d'une phrase pour que la sauvageonne d'ordinaire calme, ne s'énerve. "On ne veut pas du bâtard de Fort-Terreur ici" Peu de temps après cela, un groupe d'hommes entouraient ledit Bâtard de Fort-Terreur. Freydis se leva vivement et bouscula l'un des soldats Karstark.
« C'est fini oui !? » La louve avait aboyé face à tant de stupidité venant des hommes censé se battre pour la même cause. C'était bien la première fois que la jeune-femme s'énervait. Et ce n'était clairement pas bon signe. Elle avait beau être plus petite et plus menue, c'était tout de même un sacré bout de femme qui savait se faire entendre quand il le fallait. « Le roi a-t-il ordonné le campement fermé à ses alliés !? Non ! » Grogna t-elle en regardant les visages avec une certaine colère dans les yeux. « Alors, retournez à vos occupations avant qu'il n'apprenne que ses propres hommes se comportent comme des limiers mal dressés ! »
Ça faisait un peu moins de vingt-quatre heures que j’étais arrivé et j’avais déjà du mal à trouver ma place dans ce campement nordique. Je savais qu’en tant que bâtard, je devrais prouver ma valeur plus que n’importe quel autre homme, mais je ne pensais pas qu’on me reprocherait jusqu’à mon existence. Après tout, le roi du Nord ne possédait-il pas un frère bâtard lui-même? Seulement, force était de m’avouer que les conversations cessaient dès que j’approchais et qu’elles recommençaient furieusement lorsque je tournais le dos pour m’éloigner. À plusieurs reprises j’avais entendus les mots traitre, bâtard, monstre et assassin, mais je m’étais contenté de faire la sourde oreille jusqu’à ce que je rencontre une fillette étrangement acerbe qui m’avait un peu éclairé sur la haine que ma présence provoquait chez le reste des guerriers. L’injustice de devoir me battre contre ces histoires mensongères et grossière avait gonflé en moi à une vitesse effarante jusqu’à ce que je perdre le contrôle sur la tempête qui grondait en moi en permanence. Le besoin de voir Patel et de l’entendre me dire que je n’étais pas l’être monstrueux que ces gueux voyaient en moi devint presque aussi vital que le désir de vouloir faire du mal à un être doté de chair et de sang.
Ce besoin de sang viscéral qui m’étreignait l’être lorsque j’étais en colère devenait de plus en plus impérieux et violent aujourd’hui. Était-ce la raison de ma venue au campement des Stark? Mon père prêtait-il foi à ces sornettes ? Comptait-il offrir ma tête au roi du Nord pour se désunir des agissements nébuleux qu’on me reprochait? Connaissant mon paternel, je savais qu’il n’hésiterait pas à sacrifier ma carcasse pour sauver la sienne…et pourtant, un profond sentiment d’abandon m’envahi. Pour la première fois depuis ma naissance, j’étais complètement seul. ‘‘Non, tu ne seras jamais seul tant que Patel te regardera avec affection’’ Me souffla mon esprit alors que je tentais de le rejoindre. Bien sûr, trouver un peu de réconfort alors que le monde entier semblait vouloir ma disparition était trop demandé si je me fiais aux soldats qui m’entourèrent pour me menacer. J’en avais plus qu’assez d’être celui qu’on tourmentait! J’étais Ramsay Snow, héritier de Fort-Terreur et personne n’allait me piétiner sans réagir. Ils voulaient voir le monstre? Ils allaient être servis ! Poignard et épée à la main, j’étais prêt à bondir sur le premier qui ferait un pas vers moi, mais une frêle silhouette décida de se mêler de l’orage qui se préparait. Frêle, doté d’une étrange chevelure et d’un regard étonnant, elle n’avait rien à faire là. « Je n’ai pas besoin d’aide » Crachais-je alors qu’elle continuait de s’égosiller sur le roi. ‘‘La ferme Sauvageonne et retourne derrière ton mur te faire enculé par les géants’’ Cria Karstark avant de rajouter : ‘‘ Ce n’est pas parce que le roi t’apprécie que tu as le pouvoir de nous empêcher de lui faire la peau, à ce traitre’’.
« Approche Karstark, avec un peu de chance, ton roi adoré aura du porc avarié dans son assiette. Remarque, ça le tuera peut-être avant qu’il ne se fasse poignardé! » Sifflais-je avec hargne en repoussant la sauvageonne de devant moi. Si ces hommes voulaient se battre, je les attendais, il était hors de question que cette femme m’empêche de soulager cette soif de violence qui m’étouffait. Il était hors de question qu’on m’empêche de soulager la douleur qui me dévorait face aux accusations injustes qui pleuvait sur moi. Faisant tournoyer mon poignard entre mes doigts en fusillant mon interlocuteur du regard, j’ai esquissé un sourire mauvais et satirique tout en riant d’un air démoniaque face à son visage violacé de colère. On m’accusait d’assassinat de roi? Eh bien aussi bien me faire haïr jusqu’au bout! « Alors, qui veut être le premier à danser avec ma lame? À moins que cette femme ait réussi à vous effrayer comme les eunuques que vous êtes » Me moquais-je en désignant la sauvageonne de la pointe de mon poignard. Écartant mes bras en signe de moquerie, j’ai fait le tour sur moi-même en prenant bien soin de narguer chaque homme qui nous entourait cette femme inconnue et moi et j’ai ajouté d’une voix hystériquement cruelle : « Allez, approchez! Depuis mon arrivé vous ne faites que dire que vous rêviez de me faire la peau. L’occasion est idéal non? Je vous attends ! »
Mon sang était si bouillant dans mes veines que je DEVAIS blesser quelqu’un pour me sentir mieux. C’était nécessaire, viscéral, vitale…J’en avais besoin pour survivre.
Ces hommes et leurs égos insupportables. Même la mentalité des sauvageons était plus évoluée que la-leur. Le savaient-ils ça ? Eux qui aimaient tellement se moquer du Peuple Libre ne pensaient même pas à cette simple chose. Pourquoi Freydis devrait toujours être celle qui reçoit des insultes sans rien dire ? Pourquoi elle devait toujours être celle qui se montrait calme et sage alors qu'en face d'elle, les hommes étaient incapables d'agir comme tel ? Alors oui, la colère est montée. La louve a grogné et ne regrette pas de l'avoir fait. Qu'elle ait agit ainsi ou plus doucement aurait donné le même résultat. L'habitude était prise désormais. Et les insultes offertes par un Karstark glissaient le long de Freydis comme de l'eau sur du roc. Si seulement il savait que ce Mur n'arrêterait ni les le peuple libre, ni les Autres, il se trompait lourdement. Il allait en voir bientôt des géants. La guerrière fait une moue peu surprise.
« Très original. » Souffla t-elle. « Je n'ai pas besoin d'être appréciée par le roi pour t'empêcher de faire la peau à un autre homme ! » Grogna la louve des glaces.
Si le fils de Bolton se faisait tuer, alors Robb perdrait le soutient de son armée. Freydis devait absolument trouver un moyen de faire cesser ces idioties. Ils étaient clairement des chiens à s'aboyer dessus. Personne ne pensait aux conséquences ? La jeune femme avait l'impression d'être entourée par des enfants. Si elle les laissaient se battre, ce serait le bordel. Et le jeune loup méritait bien mieux qu'une armée qui se frappait de l'intérieur. Certes, Freydis n'avait pas un poste plus haut que les autres. Mais elle avait au moins la sagesse d'utiliser son cerveau.
Le bâtard de Fort-Terreur se montrait, cependant, hostile. Pire, il se montrait dangereux. Son regard était éprit d'une rage folle. Un état que Freydis comprenait pour l'avoir déjà eut de nombreuses années auparavant. Il souhaitait se battre. Verser le sang. Mais cela ne devait pas arriver. Trop de conséquences à assumer après. Ses menaces allant jusqu'à Robb firent tiquer la sauvageonne. Intervenue au départ pour l'aider, elle se retrouvait a ressentir de la colère envers lui, elle aussi. La meilleure chose à faire, selon Freydis, serait d'assommer ce garçon qui ne faisait rien pour faire baisser les esprits déjà échauffés. La femme du peuple libre saisit son bouclier et sortit son épée de son fourreau. Elle ignorait sa manière de combattre. Peut-être serait-il plus fort qu'elle. Seuls les Anciens Dieux le savaient. Mais tant qu'elle serait présente, la sauvageonne ne laisserait pas un acte ayant comme conséquence la perte d'un allié se produire. Elle ne comptait pas le tuer, bien évidemment. Contrairement à lui.
« Eh biens vas-y ! » Siffla t-elle en le bousculant avec son bouclier. « Tu as une sauvageonne pile en face de toi ! » Oui, elle le provoquait clairement. Il était trop sur ses gardes pour qu'elle puisse l'assommer par surprise. « Sauf bien sûr si finalement c'est toi l'eunuque à flipper devant une femme ! » Oh Freydis se doutait bien que ce n'était pas le cas. Et qu'elle risquait gros. Mais elle devait agir avec intelligence. A ses yeux, c'était la seule possibilité pour qu'il n'y ait pas de mort inutile. Sauf la sienne. Mais après tout, elle n'avait pas sa propre armée.
Un de ses soldats était venu le voir, presque en courant, pour lui annoncer qu'il y avait du grabuge au campement. Rodrik ne voyait pas trop en quoi ça le concernait jusqu'à ce qu'il lui parle de l'emplacement et d'une des personnes impliquées. Freydis était visiblement de la fête et ça lui déplaisait grandement. Rodrik s'était porté garant d'elle, ainsi que le reste de la famille Mormont. Il avait confiance en elle mais savait aussi qu'elle avait le sang chaud par moment et était capable de répliquer et de répondre à des provocations sans vraiment faire gaffe aux conséquences. Il ne pouvait pas lui en vouloir, le monde de ce côté-ci du mur et les relations entre banneret était assez complexe, surtout pour une personne qui avait vécu de l'autre côté du mur où la loi du plus fort devait primer sur le reste.
Rodrik n'eut pas beaucoup de chemin à faire, tout se passait près des tentes Mormont. C'était du beau. Il arrivait visiblement au bon moment. L'un des Karstark les avait un peu provoqué et maintenant, Ramsay Snow tendait son poignard en menaçant les gens... Il ne donnait pas cher de sa peau mais le soucis était que Ramsay, aussi Snow soit-il, représentait pour le moment un avantage. Certes il avait tout du parfait con mais ce n'était pas le seul dans ce campement et puis, stratégiquement parlant ou du moins de ce qu'il en avait compris, il fallait le garder. C'était le dernier fils en vie de Roose Bolton et possiblement son héritier malgré son titre de bâtard. Le tuer reviendrait à se mettre tous les Bolton à dos et perdre leur soutient. S'ils partaient, d'autres maisons partiraient aussi et ils seraient dans une merde sans nom.
- C'est quoi tout ce bordel ?
Il s'avança dans la petite foule, forçant les hommes à s'écarter. Certains, un peu plus loin, s'éloignaient discrètement pour ne pas être mêlé à tout ça. Le reste formait une sorte de cercle autour de la scène et Rodrik était prêt à parier qu'ils avaient déjà entamés des paris sur l'issu du combat qui s'annonçait. Il comptait bien faire cesser tout ça avant que ça n'aille trop loin.
Il lança un regard ferme vers les Karstark.
- Vous ne devriez pas être sur votre partie du campement ?
Il posa ensuite ses yeux sur le poignard de Ramsay puis, dans les yeux de Ramsay. Qui est-ce qu'il comptait attaquer avec ça ? Il lui avait semblé avoir plus de sang froid à Fort-Terreur et voila qu'il jouait... les terreurs la où il valait mieux qu'il se tienne à carreau, comme n'importe lequel de ces hommes. Une bagarre avec des armes en plein milieu d'un campement ne ferait qu'attiser la haine entre les maisons hors, il fallait songer à nos ennemis communs plutôt que de rappeler les différents entre les maisons du Nord.
- Ranger ces armes, aucune bagarre n'aura lieu sur le campement des Mormont.
Il jeta un coup d'oeil vers les hommes présents tout autour puis vers Freydis avant de s'adresser à tous d'une voix forte et claire.
C’était tout de même merveilleux de voir que je n’avais qu’à pénétrer dans un campement pour que la zizanie s’installe. Comme quoi, ces hommes avaient peut-être raison lorsqu’ils me décrivaient comme un monstre capable de détruire tout sur son chemin. Après tout, ça ne faisait pas vingt-quatre heures que j’étais arrivé que je me retrouvais au centre d’une guerre froide. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas sentit aussi jugé et attaqué, la dernière fois était lorsque j’avais quatorze ans et qu’on me reprochait ma bâtardise à Fort-Terreur. Ce n’était pas réellement ma bâtardise qu’on me reprochait en fait à cette époque, mais ma présentation à devenir le successeur de mon père, comme si un enfant illégitime était automatiquement indigne d’un tel privilège. J’étais tout de même parvenu à faire ma place au sein du royaume de mon père et plus personne n’osait même penser que je n’avais pas ma place sur le trône d’os et de chaire de Fort-Terreur. Ici, c’était une toute autre histoire, comme si tous mes efforts pour prouver ma vaillance n’avaient servi à rien. En fait, je partais avec un sacré handicap même, si je me fiais à la lueur mauvaise qui brillait dans certains regards qui m’était jetés. Ce que je ne comprenais pas, c’était que je ne connaissais pas la grande majorité de ceux qui me dédaignait aussi ouvertement, allant même jusqu’à m’appeler traitre à voix basse. Normalement, je les aurais ignoré, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, j’avais soif de sang et de violence, un besoin viscéral de faire du mal à un de mes congénères jusqu’à ce qu’il expire son dernier souffle.
Ce fut le fait d’être dans le campement du roi du Nord qui me força à tenter de trouver Patel pour me calmer, mais mes détracteurs repérèrent sans doute la faiblesse de ma santé mentale puisqu’ils m’entourèrent pour me narguer, me menacer et me jeter des phrases incompréhensibles au visage. Excédé par leur petit manège, j’avais sorti mon poignard et mon épée afin d’en dépecer un vivant, mais une étrange femme s’en était mêlé. Misérable…j’étais misérable au point qu’une femme prenne ma défense. Que se passait-il bon sang? Il était hors de question que je laisse une femme et encore moins une sauvageonne me rendre faible aux yeux aux yeux de tous les hommes du Nord! Si je n’obtenais pas leur respect immédiatement et que mon père l’apprenait, mes chances de devenir son héritier disparaitrait ce jour même! En fait, si père apprenait que le Nord en entier était sur le point de me tourner le dos, il était évident qu’il me renverrait à Fort-Terreur…si les assassins à sa solde me laissait vivre jusqu’à là. Je savais que mon père m’aimait à sa façon, mais il aimait encore plus le pouvoir et le contrôle; il ferait tout pour les garder l’un comme l’autre. Il était un des conseiller de guerre de Stark, c’était beaucoup plus important que moi et je le savais.
Le coup de bouclier qu’elle me donna tout en m’enjoignant de l’attaquer elle plutôt qu’un Omble, un Karstark, un Mallister, un Mormont ou même un Glover fonctionna parfaitement bien. La rage qui m’habitait depuis quelques heures et qui avait été exacerbé par la gamine Mormont me fit resserrer la poigne sur la garde de mon poignard. Rageur, j’ai envoyé un coup de pied brutal sur le bouclier de la femme en gueulant : « Allez Sauvageonne, vient danser avec la lame du bâtard! Après, je vais m’occuper de cette pute de Karstark et de tous ceux qui ont un problème avec moi ! » Mes yeux lançaient des éclairs à cette femme et brillaient d’un éclat de folle colère alors que je lançais mon poignard Sur son bouclier avant d’en sortir immédiatement un second. « Approche garce des glace, on va voir si les sauvageons sont constitués comme nous à l’intérieur! Ensuite, on verra si tu vaux la peine qu’on t’encule » La provoquais-je alors d’une voix cinglante alors que la foule se fendait pour laisser approcher le seul et unique Rodrik Mormont.
« Bon sang, il ne manquait que lui…papa ours » Grognais-je entre mes dents alors qu’il aboyait sur le gros porc de Karstark. Le regard qu’il me jeta ensuite était sans doute destiné à m’intimider, mais ça n’eut pas l’effet escompté. En effet, plutôt que de me calmer, ses ordres attisèrent encore plus ma colère. « Eh bien, si les Mormont désirait tant que ça avoir la paix, il fallait qu’ils évitent d’amener une sauvageonne incapable de se mêler de ses affaires et une gamine qui s’amuse à inventer tout et n’importe quoi. Nous sommes en guerre Mormont, pas à la foire de la moisson » Sifflais-je en me tournant vers mon ancien compagnon de voyage tout en gardant un œil sur cette femme étrange. Pourquoi ces hommes m’avaient-ils empêchés de rejoindre Patel? Si j’avais été en mesure de le rejoindre, tout ça ne se serait jamais produit…alors que maintenant, j’étais obligé de continuer dans mon escalade d’agressivité. « Qu’est-ce que tu vas faire pour me sortir de ton campement, Ser Mormont? Appeler ton camarade tout tremblant pour qu’il t’aide à dégainer ton épée? » Me moquais-je sombrement en faisant référence au jeune Greyjoy qui avait été nerveux pendant tout le voyage de Fort-Terreur aux Conflans.
Le bâtard de Bolton se trompait lourdement en pensant que la louve des glaces avait un problème avec lui. Après tout, elle était venue pour éviter une telle situation ! Mais il faut croire que l'égo des hommes est le même partout. Qu'une femme, sauvageonne de surcroît, vienne interférer dans une "discussion" où l'injustice était présente n'était clairement pas accepté. Freydis n'était pas une fouine qui aimait se mêler des affaires des autres, bien au contraire, elle faisait le plus souvent possible en sorte de ne pas être dans celles-ci pour son propre bien et celui de la famille Mormont. Mais, si elle n'avait pas agit, la rage entre les Karstark et le bâtard aurait fait rage et cela mettait en péril les alliances de Robb. Chose qu'elle ne pouvait pas permettre. Même si elle n'était qu'un soldat parmi ceux des Mormont et conseillère du roi du nord, qu'elle n'avait pas d'ordre à donner. Cette fois-ci, ce n'était pas passé.
Tout ce qui pouvait mettre en péril une alliance ou un plan du jeune loup. Son jeune loup, la sauvageonne l'en empêcherait. Peu importe les insultes. Peu importe les coups. C'était important. Si au départ, elle avait ressentie de la compassion pour le Snow, depuis qu'il avait aligné le nom de "Robb" et le mot "tuer" dans la même phrase, sa compassion avait diminuée. La louve des glaces n'était pas stupide, elle voyait bien qu'en soi, le bâtard n'était pas en tort. Mais, il semblait inapte à se calmer. La seule façon de calmer les choses pour elle, était de l'assommer et l'emmener sur la partie du campement des Bolton. Le coup de pied dans le bouclier que Freydis tenait fermement la fit reculer d'un pas. Alors qu'elle allait répliquer, une voix grave et familière l'arrêta dans son élan. Voilà que Rodrik était arrivé.
La guerrière baissa son bouclier et son épée tandis que le bâtard déblatérait des saloperies sur elle et visiblement, Lyanna.
« Faites preuve de respect envers lady Lyanna Mormont ! » Grogna Freydis. « Me mêler de mes affaires ? Si je n'étais pas intervenue, vous seriez en train de vous battre avec Karstark sans penser aux conséquences pour votre roi ! » Ajouta t-elle avant de se taire.
Mais qu'est-ce qu'il déblatérait l'abruti ? Quelle gamine qui s'amusait à tout inventer ? Ah... Freydis apporta la réponse avec le nom de Lyanna. Lyanna, une gamine. Ca le faisait doucement sourire. Si Lyanna Mormont était une gamine, Rodrik n'osait pas imaginer le genre de titre que Ramsay employait pour le reste des personnes présentes sur le campement. La gamine, malgré son jeune âge, devançait de loin pas mal de Seigneur en sang froid, prestance et un tas d'autres trucs visiblement importants pour faire un bon gouverneur. Si ce n'était Darcey, Lyanna prendrait surement à merveille la relève de sa mère. "La gamine de l'Île-aux-ours", ça sonnait plutôt bien, écrasant au passage la virilité de plus de la moitié des hommes présents sur place.
"Nous sommes en guerre Mormont, pas à la foire de la moisson"
- Et nous sommes alliés dans cette guerre, pas ennemis.
Il n'avait aucune envie d'entrer dans leur jeu. Il se comptait pas s'énerver, ce serait apporter trop d'importance à des paroles qui n'étaient pas légitimes et sans doute lâchées uniquement sous le coup de la colère et de la frustration. Vivement une bataille que tous ces hommes reprennent leurs esprits.
- Lord, chevalier, soldat ou paysan, nous sommes tous dans le même camp. S'entretuer ne servirait qu'à satisfaire nos ennemis. Ici et maintenant, vous êtes mon allié Ramsay Snow, bâtard ou pas, le sang n'a plus d'importance sur un champ de bataille. Si vous voulez rester dans la zone Mormont, je n'y vois aucun inconvénient mais je ne tolérerais aucune bagarre comme je n'en tolère aucune venant de mes hommes.
Freydis s'était calmé et avait baissé ses armes et son bouclier. Sage décision. Il ne voulait pas qu'elle se fasse blesser pour si peu. Les insultes envers sa famille, ça lui passait au dessus de la tête surtout en cet instant. Ils avaient d'autres chats à fouetter que de faire preuve d'orgueil et puis... il était persuadé que tout cela n'était que le résultat d'esprits échauffés.
Mais qu’est-ce que j’en avais à foutre du roi du Nord, de ses hommes ou même de cette sauvageonne? J’étais venu ici sous les ordres de mon père pour je ne sais quelle raison et on m’accusait d’une trahison monstrueuse dont je n’étais pas à l’origine. Par les anciens Dieu, il suffisait de voir Robb Stark se pavaner avec son armé pour comprendre qu’il était vivant et toujours propriétaire de Winterfell! Normalement, je me serais sans doute moquer de ces rumeurs idiotes tout en comptant sur ma sombre réputation pour empêcher les idiots de trop m’approcher, mais Lyanna Mormont m’avait retiré ce pouvoir flegmatique que je possédais. Cette gamine possédait une verve et un regard si droit que chaque mot qu’elle prononçait s’inscrivait dans votre âme lorsqu’elle vous parlait. Elle seule avait osée me faire savoir ce qu’on me reprochait, bien que c’était complètement irréaliste, ça restait une stupide légende qui me collait à la peau et qui faisait de moi un renégat dans mon propre royaume. Patel pourrait me rassurer et me dire que tout était faux…et dans le cas improbable où tout était vrai, il me décrirait avec honnêteté tout ce qu’on me reprochait, sans verve aucune. Le parchemin de la petite Mormont bien caché dans ma poche, je comptais user de ces calomnies pour parvenir à mes fins.
Moi, tuer mon propre père? Il fallait être idiot pour croire que je tuerais le seul homme pouvant me donner ma légitimité! Était-ce pour cette raison qu’il m’avait fait venir ici? Pour me parler de ces stupidités? Pour me renier? Exiger mon envoie au mur ou pire, ma mise à mort? « J’aurais saigné ce gros porc de Karstark et ça aurait rendu service à tout le monde! De toute façon, ce que le roi ne sait pas ne peut pas lui faire de mal il semblerait, n’est-ce pas, Sauvageonne? » Sifflais-je entre mes dents en faisant tournoyer mon poignard entre mes doigts. Après tout, les accusations que tout le monde me sifflait parlait de la mort de Stark et de la perte de son précieux fief. On disait même que sa petite sœur avait terminé dans mon lit et qu’elle était ma compagne…en fait, selon ces saloperies, je m’était plutôt bien débrouillé pour arracher le pouvoir à ceux qui le détenait.
Rodrik Mormont, mon ancien compagnon de voyage, décida également d’intervenir, son sang d’ours voulant sans doute protéger son territoire, et il me rappela qu’on était tous des alliés dans cette guerre. Quelle bonne blague. « Tu connais beaucoup d’allier qui menace un des leurs de traitrise, de parricide, de viole et de destruction d’un royaume, Ser Mormont? Si tu n’es pas capable de dresser la furie qui vous sert de mascotte, il faut penser à l’enfermer dans une cage…et bâillonnée de préférence! » Crachais-je en rangeant rageusement mon poignard. Je voulais me battre, pas parler! Lançant mon épée au pied de Rodrik alors qu’il déclarait que nous étions alliés peu importe ma légitimité ou pas, j’ai poussé un grognement écœuré. De belles paroles prononcées devant une troupe qui s’empresserait de louanger certainement sa grandeur d’âme auprès du roi alors que nous savions tous les deux à quel point notre rencontre avait été glaciale. « C’est bon, je n’ai rien à faire chez les Mormont ou même dans ce campement, comme on me l’a si bien fait comprendre…mais je jure sur mon honneur et sur les Anciens-Dieux que je vais me venger » Rajoutais-je en fixant la sauvageonne droit dans les yeux.
Me retournant vers Rodrik, mon air démoniaque fondit comme neige au soleil et j’ai esquissé un large sourire sarcastique.« Si nous sommes alliés, tu ne verras aucun inconvénient de me serrer la main devant tout le monde et affirmer à tous que tu as une pleine confiance en moi, non? » Susurrais-je d’une voix narquoise en lui tendant ma main, le fixant comme un limier affamé fixe son futur repas. Si Mormont la serrait, il montrerait à tout le camp que j’étais digne de confiance…ou que sa famille était beaucoup plus renégate qu’ils voulaient le montrer aux yeux des autres.
La survie a un prix. Et je crois que je suis en train de le payer aujourd'hui. Maintenant que je suis loin des Marcheurs et de leur armée. Que je suis loin du froid, de la faim et de la peur. Chaque jour dans ce camp me rappelle que je suis différente. Que je suis une étrangère et potentiellement une personne qui ne mérite guère la confiance que la famille Mormont m'offre. Mais, je suis là. Parce que l'on m'a incluse dans ce monde sans pitié, sans aucun sens de l'humanité. J'existe sans avoir d'avenir défini. J'avance en stagnant. Mon âme est cloîtrée dans un labyrinthe de doutes et de questions, alors que mon corps a été jeté sans conséquence dans un quotidien qui devient de plus en plus difficile. Je suis habituée à la dureté de la vie, à subir les chocs. Mais, je commence à douter. Suis-je vraiment à ma place ici ? N'aurais-je pas dû rester derrière le mur après avoir laissé Syka sur l'Île-aux-ours ?
Peut-être que ce bâtard croyait que cela me rendrait service à moi aussi, si Karstark était tué, mais loin de là. Je le supportais parce qu'il était utile à Robb. Tout comme Roose Bolton.
« Si tu crois cela, c'est que tu as, en effet, de bonnes prédispositions pour la traîtrise. » Grognais-je, les sourcils froncés.
Ah, maintenant j'étais une bête que les Mormont se devaient de dresser ? Une mascotte ? Il avait le don de toucher là où ça faisait mal. Ayant eu ce ressenti ces derniers jours, ce cafard parvenait à attiser ma colère et la haine qui dormait en moi. Je serrais les poings, plantant mes ongles dans mes paumes. Tâchant d'essayer de me calmer au lieu de lui répondre pour alimenter son esprit puéril. Qu'il mentionne le simple fait de mentionner les Anciens Dieux dont ils ne devait probablement rien savoir et d'un honneur inexistant en plus d'une promesse de vengeance, mes yeux se plissèrent de colère.
« Ne mêle pas les Anciens Dieux à ton honneur inexistant ! » Aboyais-je. « Et la vengeance est l'arme des couards ! »
"- J’aurais saigné ce gros porc de Karstark et ça aurait rendu service à tout le monde! De toute façon, ce que le roi ne sait pas ne peut pas lui faire de mal il semblerait, n’est-ce pas, Sauvageonne? "
Rodrik arqua un sourcil à cette remarque. Non, saigner un banneret comme un gros porc ne pouvait amener que la discorde au sein du campement du Roi du Nord, même Rodrik et son sens limité de la diplomatie le savait. On ne tue pas impunément les gens. Quand on tue, on en assume les conséquences et pour l'heure, Ramsay semblait plus en colère que prêt à assumer quelque conséquence que ce soit.
"- Si tu crois cela, c'est que tu as, en effet, de bonnes prédispositions pour la traîtrise."
Il lui jeta un petit coup d'oeil, faisant un petit non de la tête pour lui faire comprendre qu'il ne fallait pas en rajouter. Se faire accuser sans preuve et visiblement sans savoir pourquoi n'était jamais agréable pire encore lorsque ça parlait de régicide. Une simple rumeur de travers pouvait couter la vie à un homme de bien et si Ramsay n'était peut-être pas tout à fait un homme de bien, il n'en restait pas moins un homme et encore innocent jusqu'à preuve du contraire. Rodrik ne voyait pas vraiment l'intérêt qu'il aurait d'ailleurs à trahir le roi.
"Tu connais beaucoup d’allier qui menace un des leurs de traitrise, de parricide, de viole et de destruction d’un royaume, Ser Mormont? Si tu n’es pas capable de dresser la furie qui vous sert de mascotte, il faut penser à l’enfermer dans une cage…et bâillonnée de préférence! "
Foutaises. Rodrik ne portait que peu d'importance aux accusations contre Ramsay ou d'autres quand à la mort de personnes pourtant encore bien vivants. Aucune preuve n'avait été fournie quand à un possible plan d'assassinat. Il avait tendance à ne croire que ce qu'il voyait, à l'exception peut-être des Marcheurs Blancs dont la légende l'avait terrifié enfant. Mais sans doute ne réaliserait-il la menace que lorsqu'il la verra de ses propres yeux ou la sentira venir, apportant avec elle un hiver éternel. Quand à Freydis, en dehors du fait qu'elle n'avait rien d'une mascotte, il n'avait pas tort sur le fait qu'elle s'emportait assez bien aujourd'hui. Il lui avait semblé qu'elle avait d'ordinaire un peu plus de sang froid. Il était hors de question de l'enfermer et de la bâillonner, encore moins maintenant qu'elle avait été promue conseillère du Roi Robb Stark. Cela ne lui donnait cela dit pas le droit d'accuser ainsi d'autres bannerets de traitrise. Il allait sans doute devoir lui parler après tout ça, pour la calmer et lui expliquer pourquoi il avait agit ainsi, prenant presque la défense de Ramsay (aux yeux de Freydis, il était presque sur qu'il avait prit la défende de Ramsay mais se doutait que c'était la colère de Freydis qui prenait le dessus). Quand à Lyanna, il n'avait aucune idée qu'elle était impliquée dans cette affaire.
Ramsay lui jeta son arme. Une bonne chose, personne ne sera éborgné aujourd'hui ou en tout cas, pas tout de suite. Il lui suffisait de garder ses hommes calmes le temps que tout ça passe et ce serait bon. Il savait qu'il pouvait compter sur chacun de ses hommes pour ne pas envenimer la chose. Il connaissait chacun d'entre eux, leur histoire, leur famille et connaissait leur valeur au combat, leurs compétences et leur patience.
Laissant Ramsay s'offusquer une fois de plus contre eux, il se baissa pour ramasser l'épée du bâtard. Le dos ainsi exposé, Ramsay aurait pu à son aise sortir un poignard de sa poche et le lui enfoncer dans la colonne ou dans le cou. Mais il n'était pas assez stupide pour le faire ici, devant tout le monde après la scène qui venait de se dérouler sous les yeux de tous. Le bâtard de Fort-Terreur lui tendit la main, attendant qu'il signe par la une sorte de pacte de confiance. Rodrik changea l'épée qu'il tenait de main pour lui serrer la sienne d'une poigne ferme, les yeux dans les yeux.
- Jusqu'à ce que tu me prouves que j'ai tort, moi, Ser Rodrik Mormont ai confiance en toi.
Rodrik n'avait aucune idée de ce qu'il s'était tramé sous la tente de sa cousine, pas plus que ce qu'il s'était passé dans l'ancienne vie. il ignorait jusqu'à l'existence d'une autre vie et tous s'étaient bien gardé de l'en informé de toute façon. Les aurait-il cru ? C'était assez difficile à croire, non ? De toute façon, ce qu'un homme fait dans une vie ne présage pas ce qu'il fera dans une autre.
Lorsqu'il lui lâcha la main, il lui rendit son épée. Il n'avait pas besoin d'elle pour s'assurer que Ramsay ne viendrait pas semer la zizanie dans son campement. Il venait de montrer qu'il lui faisait confiance et Ramsay avait besoin de prendre soin de cette épée s'il voulait se battre sur le champ de bataille auprès de son peuple à lui.
Un jour, j’allais trouver un moyen d’éloigner cette sauvageonne du campement pour lui faire payer ce qu’elle osait me siffler ainsi devant tout le monde. Si les véritables Nordiens étaient libres de dire ce qu’ils pensaient à voix hautes même lorsque c’était les pires stupidités comme celles que proféraient Karstark, les Sauvageons devaient apprendre à se taire et simplement appréciés le fait qu’on ne les envois pas dormir avec les chevaux comme les bêtes qu’ils étaient. Fixant mon regard glacial dans celui de cette femme qui devait certainement apprendre où était sa place, je me suis sombrement amusé à imaginer tout ce que je lui ferais subir. Ses yeux perdraient certainement leur petit éclat de rébellion et elle viendrait d’elle-même s’excuser avant de me supplier de la prendre comme esclave. Je lui ouvrirai les bras d’un coup de poignard et lui ferai voir l’intérieur de son propre ventre au moment où elle s’y en attendrait le moins. Depuis la nuit des temps on nous répétait que les sauvageons étaient des êtres assoiffés de sang qui aimait dévorer leur propres enfants…on allait certainement pouvoir voir grâce à cette garce des glaces si c’était vrai. « Répète un peu ça? Je te jure que je vais te tuer pour avoir proféré de telles calomnies. Je vais t’écarteler et te faire comprendre ce qu’est la vraie souffrance. Les Sauvageons n’ont pas voix au chapitre dans notre monde! Considère-toi chanceuse d’être ici pour autre chose qu’écarter les jambes…bien que c’est sans doute la véritable raison dans le fond » Crachais-je dans un calme violent et glacial tout en réfrénant l’envie d’immédiatement la crucifier sur un arbre.
Gardant une apparence somme toute relativement calme si on considérait la tempête qui grondait en moi à mesure que les insultes me pleuvait dessus, je me suis mentalement fait la promesse que je les écraserais tous, tout autant qu’ils étaient. Tous ceux qui osaient remettre en cause ma personne avant même que je sache moi-même qu’elle place j’aurais dans l’avenir allait amèrement le regretter, foi de Snow. Autant j’avais peur de la réaction qu’aurait mon paternel en entendant toutes ces idioties quelques minutes plus tôt, autant maintenant je m’en moquais. S’il était assez imbécile pour douter de son propre sang, il ne méritait pas le titre de Lord Bolton…pas autant que moi en tout cas. Je devais vite trouver le moyen qu’il m’accorde ma légitimité! L’insulte de couardise dont elle m’affubla fut vite effacer par l’attitude calme et sereine de Rodrik Mormont. Cet homme était un véritable rock flegmatique et il était clairement impossible de deviner ce qui se passait dans son crâne. Était-il excellent à ce point dans l’art de cacher son jeu où faisait-il simplement partie de cette race extrêmement rare d’humain qui disait tout ce qu’il pensait? Non…un homme ne pouvait être aussi franc et droit.
Mais qu’est-ce qui lui prenait d’ainsi lui tourner le dos pour ramasser mon épée? Ne me prenait-il pas au sérieux dans mes menaces? Ou bien me montrait-il, ainsi qu’à tout le monde, qu’il pouvait effectuer un tel geste sans que je le poignarde. La main tremblante, j’ai tenté d’imité – sans grand succès- son impassibilité alors qu’il se tournait de nouveau vers moi. J’étais incapable de rester stoïque à cet instant, moi qui avait tué tous mes frères et sœur sans sourciller. Je ne contrôlais pas la situation et je détestais ça. Il y eut une espèce de chaleur dans ma main et j’ai baissé légèrement les yeux pour comprendre ce qui se passait. C’est à ce moment-là que j’ai compris que le chevalier serrait vraiment ma main devant tous. Relevant la tête, mon regard fut engloutit dans celui de l’ours alors qu’il déclarait sur son nom qu’il avait confiance en moi jusqu’à preuve du contraire. J’ai cligné une ou deux fois des yeux, ne comprenant pas qu’une personne autre que Patel ou moindrement mon père pouvait ainsi prendre ma défense devant tout le monde.
"Merci"articulais-je silencieusement sur mes lèvres afin qu’il voit ma reconnaissance, sentant un peu de baume sur l’immense colère et incompréhension qui me menaçait de folie. « Et moi, Ramsay Snow jure que je n’ai jamais trahi qui que ce soit jusqu’au jour d’aujourd’hui » Jurais-je, bien que cette déclaration n’avait pas autant de gueule que celle de mon homonyme. Je ne pouvais faire mieux sans me parjurer, puisque je ne connaissais pas encore les plans qu’avait mon père pour mon humble personne. Récupérant mon épée d’une main légère, je l’ai rengainé alors que la foule se dissipait lentement, tout en promettant mentalement à Karstark de le retrouver et de l’égorger. « Merci Mormont » Dis-je à voix haute avant de me tourner vers Freydis pour l’observer de haut en bas. « Apprend à faire attention à ta langue, elle pourrait t’attirer bien des soucis » Conseillais-je sur un ton qui était tout sauf rassurant. Je serais l’un de ses soucis et elle le découvrirait bien vite.
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