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Prière à l'heure des complots [Almarik]

 :: Les bouffons de la cour :: Rp Abandonné Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
(#) Dim 30 Juin 2019 - 9:30
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 Les larmes, depuis plusieurs minutes déjà, roulaient silencieusement sur ses joues, lorsque ses sanglots s’intensifièrent. Abandonnant toute prétention de dignité, Kaithren se laissa pleurer à chaudes larmes, comme une petite fille, aveugle et sourde à tous autres bruits que ses hoquets, ses reniflements et les battements trop rapides de son cœur résonnant dans ses oreilles. Evidemment, personne n’était véritablement seul dans le Donjon Rouge, mais elle s’était réfugiée au Septuaire trop tôt pour que les nobles fidèles soient déjà levés, et trop tard pour surprendre septons et septas dans leurs dévotions matinales. Les petites gens travaillaient déjà depuis longtemps. En sorte, c’était l’heure des complots, et si jamais quelqu’un la voyait pleurer son fils alors qu’elle était vierge, la nécessité de ne pas avoir à justifier sa propre présence au Septuaire devrait suffire à le faire taire. Pendant un moment encore, elle pouvait se vider de son chagrin ici sans éveiller le moindre soupçon.

Depuis des semaines et des mois, Kaithren serrait les dents, enfermant sa douleur en elle-même comme le plus précieux des secrets. Un temps, elle avait tenté de se convaincre qu’elle avait rêvé cette autre vie, mais les souvenirs détaillés l’en assaillaient constamment, et elle avait dû se rendre à l’évidence quant à la réalité de son existence. Les matins étaient les plus délicats, lorsque, dans un demi-sommeil, elle cherchait à tâtons les corps de son mari et de son fils entre les draps du lit. Aujourd’hui, elle avait tant cherché, paniquée, rêvant encore, qu’elle était tombée de sa couche étroite, emprisonnée dans les draps de soie emmêlés. Son réveil en sursaut n’en avait été que plus cruel. La veille, la toute jeune Lady Cossepois, comme elle dame d’honneur de la reine, avait donné naissance à son premier enfant. Toute la cour s’était réjouie de la bonne santé de la mère comme de l’enfant, une petite fille. Kaithren avait présenté ses vœux avec un sourire figé face à la houppette blonde.

« Je vous en supplie, rendez-moi mon fils. »  

Elle était à peine intelligible, mais cela n’avait guère d’importance, puisque c’était la même phrase qu’elle répétait erratiquement depuis son arrivée. La statue de la Mère, devant laquelle elle se tenait prostrée, restait indifférente à ses appels, le visage inutilement souriant.

« Rendez-moi mon bébé. »  

Elle avait tenté de se raisonner, lorsque le chagrin lui semblait insurmontable. Les enfants mourant en bas âge étaient une chose courante, l’idée d’avoir perdu son fils n’aurait donc pas du lui paraître si choquante. Mais… les autres mères avaient un endroit où se recueillir, on respectait leur chagrin, elles avaient droit à ce deuil, aussi cruel soit-il. Kaithren, elle, n’avait même pas ce luxe, ne pouvait même pas s’autoriser à paraître bouleversée. Personne d’autre qu’elle-même ne semblait se souvenir de l’existence de son enfant, et si elle venait à disparaître, sa mémoire s’éteindrait pour toujours de la terre. Cette idée lui était insupportable.

Ses sanglots se tarissant progressivement faute de plus d’énergie, elle se redressa et se laissa tomber sur ses talons. La pierre était toujours froide et dure sous ses genoux. Elle pensa à combien son fils avait été chaud et dodu, lové dans ses bras.

« Où est-il seulement ? »     La question n’était presque qu’un murmure. Existait-il dans l’au-delà où bien n’était-il jamais vraiment né ? L’attendait-il au Paradis, veillé par l’Etranger, par la Mère peut-être ? La relecture de l’Etoile à Sept Branches ne lui avait apporté aucune réponse. Si seulement le Dieu à sept faces lui envoyait au moins un signe. Peut-être pourrait-elle alors se rassurer.


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(#) Lun 1 Juil 2019 - 14:34
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Prière à l'heure des complots« Mais oui Almarik, c’était très brillant de ta part d’aider cet enfant à dérober un chariot complet de pastèque…maintenant tu es recherché dans tout Port-Réal! D’une vie à l’autre, tu deviens de plus en plus crétin » Maugréais-je à voix basse alors que je courrais entre les différentes ruelles d’une cité que je ne connaissais pas. Le petit garçon que j’avais aidé avait déjà commis son larcin lorsque je l’avais percuté, c’était alors qu’il tentait de fuir les gardes que nos chemins s’étaient croisés. J’aurais pu le laisser se débrouiller seul et le laisser parlementer avec les soldats, mais son regard sombre était empreint d’une telle lueur de peur qu’il m’avait été impossible de rester insensible à sa détresse. J’avais donc choisi de faire monter le garçonnet d’environs sept ans sur mes épaules tout en me saisissant de l’objet de son vol et nous avons filé à vive allure entre les différents corridors de pierres. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour trouver sa maison –si on pouvait appelez ça ainsi- et l’y déposer avec son butin. J’avais naïvement cru que je pourrais reprendre le mon chemin comme si de rien n’était, mais les hurlements des soldats eurent raison de ma bonhomie et il me fallut de nouveau détaler comme un lapin.


Le seul problème c’est que je ne connaissais pas assez Port-Réal pour m’orienter adéquatement et plus je courrais, plus je m’enfonçais dans le cœur de la cité, jusqu’à ce que j’arrive à un endroit étrange où les chemins se croisaient devant un étrange établissement. La porte du commerce était grande ouverte, ne laissant aucun doute planer quant aux types de loisir que l’on pouvait y louer et bien que je répugnais d’y pénétrer, je n’avais pas d’autre choix. La seule arme que je possédais sur moi était mon poignard des âmes et il était impossible de tuer avec sa lame sauf si notre désir était de se faire maudire par le Dieu Multiface en personne. Pénétrant le bâtiment avec fracas, j’ai porté une main à mes yeux afin de ne pas voir les corps nus de toutes ces femmes qui se caressaient entre elles pour le bon plaisir des chevaliers confortablement installé sur de larges fauteuils et j’ai rapidement filer au second étage. Avec un peu de chance, je trouverais une fenêtre par laquelle m’enfuir.


Pourtant, dans ma fuite, je n’ai croisé que des portes closes derrières lesquelles les râles et les gémissements aigues ne laissaient aucun doute quant à ce qui s’y passait. Jurant de plus en plus entre mes dents lorsque j’entendis des hurlements à l’étage inférieur, je me suis précipité vers la seule porte entrouverte et je l’ai poussé sans ménagement. « Eh merde !» Jurais-je entre mes dents en remarquant une jeune femme expier son dernier souffle, un enfant d’un peu moins d’un an entre ses bras. Fermant la porte derrière moi, je me suis accroupi auprès de la femme afin de lui tenir la main et j’ai tendrement embrassé son front en murmurant : « Valar Morghulis». J’aurais aimé prendre le temps de la recoiffer, nettoyer son corps comme je l’aurais fait à Braavos et recommander son âme à mon dieu, mais je n’avais définitivement pas le temps au vu des bruits de pas qui résonnaient de plus en plus proches. « Je te demande pardon, ma soeur» Murmurais-je au corps inanimé avant de sortir la lame de mon poignard afin de découper son visage. Je m’occuperais de son enfant en échange de son offrande, j’en faisais le serment.



La porte se fracassa au moment même où je terminais de revêtir l’apparence de la défunte, plaquant au tout dernier instant son visage contre le mien. L’enfant serré contre mon sein, –je n’avais pas eu le temps d’enfiler une robe, je tentais donc de cacher du mieux que je pouvais ma nudité féminine- j’ai poussé un petit glapissement horrifiée avant de regarder les soldats mettre la minuscule chambre sens dessus-dessous avant quitter pour le troisième étage. Aucun d’entre eux ne m’avait prêté attention. Attrapant la première robe qui me tomba sous la main, j’ai observé ce qui semblait être une tenue de Septa et j’ai contemplé l’enfant, indécis. Ici, sans mère, ce gamin n’aurait aucune chance de survie; le Septuaire était sans doute le meilleur endroit pour lui. En plus, je savais comment m’orienté de cet endroit sacré jusqu’aux portes de la ville, je pourrai ainsi faire une pierre deux coups. Me demandant vaguement ce qu’une telle robe pouvait faire dans la chambre d’une fille de joie, je n’ai pas pris le temps de réfléchir –ou même de regarder adéquatement le vêtement- et je l’ai enfilé sans plus de cérémonie avant de quitter la chambre. « Megara, tu pars rejoindre le vieux Septon? » Me héla l’une des travailleuses alors qu’un vieillard lui caressait les seins sans aucune gêne, malgré les récents événements. « Megara, moi? Oh! Je…oui, il m’a demandé d’aller le voir...Donc je suis Megara...et je vais le voir... » Bafouais-je rapidement en sortant, cachant l’enfant difficilement sous ma robe. Je n’avais jamais apprécié les robes, même si j’avais à de nombreuses reprises pris l’apparence d’une jeune femme. Celle dont j’avais pris l’apparence était particulièrement jolie et devait être bien populaire dans sa profession.Belle, longiligne, avec la taille fine et des seins ronds comme de magnifiques melons, sa chevelure avait la même couleur que le creux d’un torrent bouillonnant furieusement et sa peau était celle de ces femmes qui se cachaient du soleil afin de montrer qu’elle possédait un rang trop important pour travailler dans les champs. Une beauté princière, malgré une vie de dépravation pour un toit et de l’or; j’espérais qu’elle trouverait la paix auprès du Dieu Multiface.


Trouvez le Septuaire fut plus facile que je ne l’aurais cru puisque le nombre de religieux qui croisèrent mon chemin doubla en un claquement de doigt. Bien sûr, je voyais bien qu’ils me jetaient des regards outrés ou même franchement hostile, mais ça devait être à cause de ma démarche beaucoup trop masculine et viril que j’avais; il me fallait toujours une petite période d’adaptation avant de parvenir à agir correctement en femme. Le fait que la robe de Septa que je portais soit trop échancrée, trop courte et trop peu vêtue ne me traversa pas l’esprit. De plus, j’avais légèrement oublié de mettre le voile qui devait servir à cacher les cheveux de ces religieuses, mais pour ma défense, ça faisait terriblement longtemps que je n’avais pas côtoyé des serviteurs d’un dieu autre que Multiface. Ce fut une agréable fraicheur qui m’accueilli dans le temple faiblement éclairé par la lueur des centaines de bougies qui brillaient devant les différentes statues représentant les Sept nouveaux Dieux. Une odeur de cire d’abeille et de poussière embaumait discrètement le temple presque entièrement vide et silencieux. Presque parce que je pouvais entendre des supplications murmurées d’une voix si hantée par le désespoir qu’il m’était impossible de rester insensible face à cette détresse humaine. Marchant silencieusement vers les idoles religieuses, j’ai vu un corps frêle prostré devant la représentation de la Mère et j’ai soupiré de tristesse. Même si les paroles de cette jeune femme se perdaient dans l’écho du Septuaire, il ne fallait pas être un oracle pour deviner ce qu’elle demandait à une telle déesse. « Excusez-moi, avez-vous besoin d’aide? » Demandais-je, incapable de rester insensible et de passer mon chemin devant tant de douleur. Voyant qu’elle semblait au plus mal, je me suis dépêcher à rejoindre cette jeune femme blonde et je me suis accroupie à ses côtés afin de la soutenir dans le cas où elle ferait un malaise."Allez, rappelle-toi de quelques brides sur ce que tu as appris sur les Sept Dieux!" Pensais-je furieusement, tentant de trouver quelque chose que dirait sans doute un Septa dans ce genre de situation.  


Devant un tel désespoir, j’oubliais mon apparence, ma robe plus que discutable et mon incapacité à me rappeler du moindre élément lié au culte des Sept; je voulais simplement aider cette femme à moins souffrir. « La perte d’un enfant est toujours difficile, ma Dame, mais la mort n’est pas une fin en soit, ce n’est qu’un chemin de plus à emprunter dans la quête qui nous est confié à notre naissance » Dis-je doucement. Je n’étais certainement pas la meilleure personne pour réconforter une mère en mal d’enfant, mais il m’était impossible de la laisser ici, seule avec sa peine comme unique compagne.




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(#) Lun 1 Juil 2019 - 22:59
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 La mer de cierges devant elle oscillait, floue, dégoulinant au rythme de ses larmes, aveuglante, l’éclat des flammes s’imprimant de manière mal définie sur sa rétine. Kaithren ferma les yeux, cherchant à conjurer l’image du visage de son enfant par-dessus les tâches colorées qui dansaient derrière ses paupières. L’ombre de ses longs cils sur l’arrondi d’une joue potelée, plus douce que du velours. L’hiver ne l’avait pas touché, alors même que le monde extérieur sombrait autour d’eux. Lui n’avait jamais souffert de la faim ou du froid, elle avait au moins veillé à cela. Pourquoi aurait-il dû disparaître pour les sauver d’hypothétiques marcheurs blancs qu’ils n’avaient seulement jamais vu ? Elle se fichait éperdument du reste de l’humanité. Tout ce qu’elle voulait, en cet instant, était une bulle où son bébé et elle seraient ensemble pour toujours, à l’abris du temps et de ses détours imprévisibles.

Elle le tenait presque, son poids enfin solide dans ses bras, lorsqu’une voix s’éleva près d’elle, faisant s’enlever toutes ses illusions telle une bourrasque glacée. Kaithren rouvrit les yeux et vacilla, déséquilibrée par la disparition de son enfant imaginaire, et se rattrapa instinctivement à la Septa apparue à ses côtés. Elle ne remarqua pas ses excentricités vestimentaires pour le moment, la vision encore floutée par les larmes. Devant elle se tenait une masse de tissu beige et un visage sans traits définis, d’où émergeait une voix pleine de compassion. Elle la fixa quelques instants, hébétée, lèvres tremblantes, coupée dans sa litanie de prières inutiles et incapable de trouver d’autres mots pour les remplacer.

Fort heureusement, la Septa parla pour elles deux. Kaithren tenta de s’accrocher à ses mots comme elle s’accrochait à ses épaules.« Quelle quête ? »   Quelle quête des dieux cruels auraient-il bien pu confier à son fils, avant même qu’il ait atteint son premier anniversaire ? N’était-ce pas assez qu’ils envoient les hommes se battre aux confins du monde contre des monstres ?

« Et si... »   Elle fut interrompue par un sanglot et dû se moucher dans la doublure trop longue de sa manche, faute de mouchoir. De toute manière, cette mode était ridicule et inutilement dispendieuse. «  Et s’il n’était pas encore… S’il n’était plus… Né… Mort… ? »   Elle secoua vaguement les épaules de la Septa avant de la lâcher et de s’enserrer le ventre de ses bras, tête baissée. Un joli ventre parfait de jeune fille sans histoire et sans vie, vide, qu’elle haïssait. Elle aurait donné tout Westeros contre les vergetures lui prouvant qu’il avait existé autrement qu’en chimère dans son imagination échauffée.

Elle était incapable de s’exprimer de manière cohérente et sans doute était-ce mieux ainsi. Elle avait préparé sa venue de manière à pouvoir se libérer en toute discrétion de sa peine, mais maintenant qu’elle s’y était abandonnée, tout pouvoir de réflexion logique l’avait désertée. Qu’on la croit folle, qu’on la croit pécheresse, tout cela lui était bien égal désormais. Qu’aurait-elle expliqué, quand bien même elle aurait eu toutes ses facultés avec elle ? Qu’elle s’était réveillée un matin, et que six années de sa vie semblaient n’avoir été que le rêve le plus réaliste qui soit ? Que le monde avait tourné à l’envers et qu’elle se retrouvait soudain enfermée dans un passé dont elle ne voulait plus, où ne l’attendaient que pertes et décès à répétition, comme une longue plaisanterie cruelle ? Qu’elle se sentait virer vers la folie, quand ce qu’elle avait déjà vécut se répétait, et plus encore quand il ne se répétait pas, semant une infinité de doutes dans son esprit ? Elle se balança un peu sur ses genoux, comme pour se bercer elle-même. Ca avait vraiment existé, pour toute la folie que cela semblait être. Son enfant était réel, de ça elle avait la certitude absolue. « Il était… Il vivait… Et soudain… »   Un sanglot la coupa dans sa maladroite tentative d’explication. Il n’y avait pas de mots pour l’horreur de sa disparition. Elle releva la tête vers la Septa, suppliante : « Je veux juste savoir où est mon bébé. »  

Si la Septa lui indiquait seulement cela, elle irait le chercher, elle irait le rejoindre. Elle irait sur Essos à la nage si on le lui demandait, s’il y avait quelque part la magie qui lui avait prit son enfant et qui devait bien pouvoir, d’une manière ou d’une autre, le lui rendre. Quand elle aurait fini d’être un pitoyable petit tas de douleur répandu sur le sol du sanctuaire, étalant sans la voir sa morve sur le marbre.

Un vagissement la sortie de son enfer intérieur. Elle cligna des yeux pour chasser ses larmes, sentant son cœur battre à tout rompre, et ses mains se remettre à trembler violemment tandis qu’elle cherchait d’où provenait le bruit si familier d’un enfant qui a faim. Se pourrait-il que ses prières… ? Elle se redressa, tanguant sur ses genoux. Elle était si concentrée que ses seins lui faisaient mal. Elle passa une main sur ses yeux pour les essuyer, et soudain, son regard tomba enfin sur l’enfant, à demi recouvert par la jupe étrangement courte de la Septa. Un bébé maigre, aux cernes lilas sous ses grands yeux fixes, le crâne recouvert d’un vague duvet que l’on devinait brun. Un enfant qui n’était pas son enfant.  

Elle avait l’impression de s’être faite foudroyée sur place après ces quelques secondes de folle espérance. Elle ferma les yeux pour ne plus être hantée par ce visage enfantin particulièrement triste et s’affaissa doucement sur elle-même pour mieux se noyer dans l’amplitude de sa robe. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver une respiration lui permettant de s’exprimer. Elle était très pâle, et de la sueur perlait à son front malgré la fraîcheur ambiante, mais elle réussit à murmurer : «  Qui est cet enfant, ma sœur ? »  
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(#) Mar 2 Juil 2019 - 16:20
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Prière à l'heure des complotsJe n’ai jamais été doué pour réconforter les gens. Je sais les écouter, être là pour eux, mais lorsque vient le temps de dire une parole douce et apaisante, mon esprit bloque complètement; je bégaie, je m’emmêle dans ce que je veux dire et je m’étrangle parfois. D’un autre côté, comment puis-je réellement savoir comment réconforter un autre être humain si jamais personne ne m’a tendu la main et ce, même lorsque j’étais gamin? Pourtant, malgré le ridicule dont je me couvrais invariablement à toutes les fois où j’essayais d’avoir une bonne parole pour une personne attristé, je persistais à essayer, incapable de rester insensible face à la détresse d’une autre âme. Après tout, n’était-ce pas là l’enseignement que le Dieu Multiface souhaitait voir ses dévots propager dans chaque coin du monde? Que la mort n’est que le commencement de quelque chose de plus grand? La fin d’un long désespoir dévorant est une mort en soi, donc le soulagement léger et apaisant dans lequel on s’enfonce avec félicité lorsqu’on parvient à se hisser hors de ce gouffre sombre et tortueux est ce qu’on appelle également un nouveau départ. Peut-être est-ce moi qui a une philosophie trop nuancée des enseignements qu’on m’a inculqué, mais je sentais au plus profond de mon être que j’avais raison et que ce que je faisais était juste.  


Le hasard et l’instinct de survie avaient guidés mes pas pour croiser la route d’un enfant affamé poursuivit par des soldats, pour ensuite m’envoyer dans un bordel là où une jeune femme s’éteignait en silence en compagnie de son nourrisson presque aussi faible qu’elle. C’était son visage que j’avais revêtu comme costume afin de circuler en toute impunité dans la Capitale et c’était sa robe de Septa qui m’avait poussé à rejoindre le Septuaire avec l’enfant afin de retrouver mon chemin. Depuis mon affranchissement, je n’avais jamais tenue d’horaire fixe ou de planification précise sur ce que serait mon demain, je me laissais simplement guider par mes envies et par l’inspiration du moment présent, profitant de la vie pour le cadeau qu’elle me faisait à tous les jours. C’était cette impulsion qui m’avait conduit jusqu’aux statues des Sept et, ainsi, jusqu’à cette pauvre jeune femme dont la vie semblait s’acharner à lui déchirer l’âme. Je n’avais pas la prétention de penser que je savais tout d’elle d’un simple coup d’œil, mais il suffisait de la voir ainsi prostrée, recroquevillée sur elle-même et ses bras enserrer contre son propre ventre pour comprendre qu’on lui avait arraché une partie d’elle. Son désespoir était tel qu’il me percuta de plein fouet. Soudainement, j’oubliais les soldats qui me poursuivaient, le visage de cette pauvre inconnue qui m’habillait ou même l’enfant qui se réchauffait doucement contre ma peau, sous ma robe. Seule cette âme abimée, piétinée et blessée par la vie comptait désormais.


Agenouillé à ses côtés afin de la soutenir, j’ai jeté un regard à la Mère dont le regard vide ne pourrait jamais me sembler tendre et j’ai sursauté en entendant la voix étranglée de la jeune femme lorsqu’elle me demanda quelle quête on pouvait confier à un enfant aussi jeune qu’avait dû être le sien au moment de sa mort. « Je sais qu’il peut être difficile de comprendre une perte aussi tragique, je ne peux qu’imaginer ce que vous vivez » Soufflais-je doucement à l’éplorée, sachant que rien de ce que je pourrais lui dire à cet instant ne trouverait réconfort à ses yeux. Quel soulagement pouvait ressentir une mère en entendant que l’âme de son fils vivrait éternellement en elle, que cette brise qui lui chatouillait régulièrement la nuque lorsqu’elle était dans une pièce sans fenêtre était la caresse d’un être disparue et qu’un enfant ne quitte jamais réellement sa mère s’il n’est pas prêt à franchir ce pas immense qui sépare son ancienne vie et l’Éternel? « Je ne peux qu’imaginez et j’ai mal pour vous » Dis-je doucement alors qu’elle s’étranglait dans un sanglot avant d’éponger son nez dans la doublure de sa robe. Seulement, les paroles qu’elle articula avec difficulté ensuite me firent me figer. Un fils qui ne serait plus né ou mort? Bien sûr, il pouvait s’agir de paroles désespérées venant d’une jeune femme qui gardait l’espoir d’un jour revoir son rejeton, mais c’était l’incompréhension la plus totale mêlée à son tourment qui me fit m’interroger.


J’avais perçu ce retour vers l’arrière comme une chance de changer le cours de l’histoire, de réécrire nos pas, mais je n’avais pas pensé que d’autres pouvaient non seulement se souvenir de l’ancienne vie qu’ils avaient mené, mais également en souffrir à ce point. Combien de femme avait vu leurs enfants disparaitre? Combien d’hommes n’avaient pas eu le temps d’embrasser tendrement le front de leurs gamins avant qu’ils ne disparaissent à jamais? On ne voyait que le positif, la joie de revoir les êtres aimés disparue trop tôt à cause d’une guerre déraisonnable, mais on ne voyait pas le revers de la médaille…revers que c’était pris cette noble de plein fouet, de toute évidence. Ce fut lorsqu’elle me secoua les épaules légèrement que j’ai repris conscience de la réalité. Je ne pouvais pas me pencher sur le sens de cette souffrance que nous imposait Multiface, cette femme devait rester au centre de mes priorités. « Ce qui a été effacé n’est pas décédé, ma douce enfant » Soufflais-je doucement en lui caressant la joue pour tenter d’effacer les larmes qui la souillait. Comment expliquer ce que je ne savais pas moi-même? Quel réconfort pouvais-je apporter à cette âme brisée autre que lui rendre ce fils qu’elle n’aurait jamais dû perdre? Cet enfant n’était pas mort de faim, de maladie et n’avait pas été assassiné…il avait simplement disparu, comme s’il n’avait jamais existé. « Parfois, il est difficile de comprendre les desseins du Dieu, mais vous pouvez être sûre d’une chose; cet enfant existe dans votre esprit, votre mémoire et votre cœur. Il n’a pas encore marqué votre corps, mais il est là, il sommeil et vous attend. Il vous sera rendu, mais il nous appartient de rendre le monde dans lequel il naîtra et grandira meilleur que ce qu’il a connu la première fois. Ne perdez pas espoir, il vous reviendra » Dis-je en souriant doucement, le regard brillant de cette certitude en la vie qui m’était caractéristique alors qu’elle se berçait sur elle-même.


M’avait-elle entendue? Est-ce que son désespoir avait accepté d’entendre mes paroles. Parfois, le monde extérieur à notre souffrance devient trop insupportable pour l’entendre. La question qu’elle me demanda d’une voix presque suppliante me fit hésiter. Où était son enfant? Doucement, j’ai saisi l’une des mains tremblante de la jolie blonde et je l’ai déposé doucement sur son ventre. « Il est là votre enfant, il attend le bon moment pour revenir dans votre vie. Il patiente et vous demande de faire pareil, il vous promet qu’il reviendra et vous implore de cesser de pleurer sa mort. Il vous demande d’être courageuse et il vous accompagnera jusqu’à ce que son moment soit venu de vous serrer dans ses bras » Répondis-je maladroitement, les larmes brillants dans mes yeux. J’étais incapable de rester insensible face à ce petit bout de femme qui s’effritait sous le poids de sa tristesse, moi le géant cavalier du Val.


Ce fut un vagissement qui me sortit de ma torpeur, le nourrisson faible et froid que j’avais sortie du bordel pour tenter de lui trouver une vie meilleure me rappelait qu’il existait. Beaucoup plus vigoureux maintenant qu’il était parvenu à se réchauffer un peu, il semblait avoir retrouvé le goût de vivre et de se sustenter. Si je possédais le corps de sa mère, je ne produisais certainement pas le lait maternel qu’il réclamait de plus en plus fort à cet instant. Inquiet de voir cette future mère se redresser aussi rapidement, j’ai commencé à retirer le poupon de mes jupons afin de lui montrer que ce n’était pas son fils que je cachais, mais le regard qu’elle me jeta me figea légèrement. Son regard était empli de douleur, d’incompréhension et d’une autre étincelle dont j’étais incapable d’en deviner l’émotion. Bien sûr, le fait que ça soit mon costume indécent ne m’effleura même pas l’esprit. « Cet enfant a vu sa mère mourir, il a été abandonné beaucoup trop tôt dans cette vie dangereuse pour un être aussi petit et innocent. Je ne pouvais me résoudre à le laisser seul et abandonné de tous. Chaque enfant devrait avoir un parent à chérir, qu’il soit lié de sang ou non » Révélais-je doucement, tout en caressant le fin duvet de la tête du gamin, faisant le lien avec l’enfance d’esclave battu et violé que j’avais vécu. Cet enfant n’aurait sans doute pas survécu plus que quelques heures si je ne l’avais pas amené avec moi, j’en étais convaincu. « Vos histoires se ressemblent beaucoup, même si elles demeurent complètement différentes. Malheureusement, cet enfant n’aura jamais la chance de revoir sa mère puisqu’elle est belle et bien morte contrairement à votre fils qui vous rejoindra lorsque le moment de sa naissance reviendra. Ne perdez jamais espoir, chère enfant » Soufflais-je en déposant un baiser sur la main maigrelette de l’enfant dont les poings s’ouvraient et se refermaient encore et encore.  

     


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(#) Mar 2 Juil 2019 - 22:11
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 Comprendre ? Qu’y avait-il à comprendre ? A intellectualiser ? Sa perte était un vide constant dans ses entrailles, et une douleur dans sa poitrine. L’ombre des regrets dans chacun de ses souffles. Marcher chaque jour dans un corps qui lui semblait étranger. Un manque obsédant, entêtant, qui colorait vaguement sa vision, rendant le monde moins saturé, plus fade. Réussir à se distraire le jour, à se concentrer sur les autres, s’oublier quelques instants, et puis désespérer de voir le soleil se disparaître et de savoir qu’il lui faudrait se coucher. Parce que derrière ses paupières closes, sa vie passée ressurgirait des ombres, et la nuit lui donnerait de la consistance, jusqu’à ce qu’elle s’abîme dans des rêves de félicité domestique qui lui sembleraient si réels qu’au matin, le réveil la laisserait écorchée vive de les avoir perdus pour la millième fois. Non, il n’y avait rien à comprendre, il n’y avait qu’à ressentir. Sa perte était une douleur physique.

« J’ai mal. »     répéta-t-elle après la Septa, et ce simple aveu lui fit l’effet d’une libération. « J’ai mal. » Elle s’en étonnait presque elle-même, cela s’entendait dans son ton, mais c’était une évidence absolue, maintenant qu’elle osait la prononcer à haute voix. Tout ce temps, son drame avait été un secret, d’autant plus cruel que personne ne le connaissait, n’avait pu lui montrer la moindre considération. Une épine dans son cœur à la présence constante, mais invisible, qu’elle devait elle-même enfoncer encore et encore de peur qu’elle ne soit découverte, et que le mal n’empire, si c’était possible.

Elle cligna des yeux pour tenter de voir un peu plus net, et plongea son regard dans celui de la Septa. Il était doux, emplit de compassion et de quelque chose de fervent, comme si un soleil invisible l’éclairait de l’intérieur. Kaithren eut l’impression qu’on la regardait pour la première fois depuis son retour. Qu’on la touchait intentionnellement pour la première fois également, quand la jeune femme en face d’elle lui caressa la joue. Les yeux de la jeune Lannister s’agrandirent, deux lacs bleus luisants auréolés de rouge. « Vous comprenez. »     Elle inspira un grand coup, gonflant ses poumons d’air comme une noyée qui reviendrait à la surface. La Septa l’avait comprise, réellement comprise. Elle n’était ni folle, ni seule, soudain, et une grande tension la quitta. Elle eut la sensation de se dégonfler et de devenir toute molle tandis que les mots de réconfort de la sainte femme flottaient autour d’elle. Desseins mémoire, attend, rendu, monde meilleur. Du Dieu… Pourquoi un seul ? Son esprit nota cette étrangeté sans s’attarder dessus. Tout ce qui comptait était la promesse qui lui était faite, qu’elle allait retrouver son enfant. Son bébé. Son petit garçon.

Elle aurait pu se révolter face aux promesses roses qu’on lui offrait soudainement au milieu de tant de désespoir, et exiger des garanties, des explications, des détails sur les modalités de ce retour prodigue. Toutefois, elle était trop épuisée pour cela. Elle était fatiguée d’avoir mal. Exténuée de se torturer l’esprit à essayer de comprendre ce que la physique et la foi, jusque-là, avaient échoué à expliquer. Elle voulait cesser d’avoir mal. Elle devait croire en quelque chose, et cette Septa était la première personne à l’avoir entendue, et à lui avoir répondu. Kaithren la laissa se saisir de sa main tremblante sans protester. Le lin jaune beurre était doux sur son estomac plat. Les paroles de la Septa descendirent doucement jusqu’à elle, et elle les accueillit sans se battre, s’abandonnant à leur message d’espoir avec une foi d’enfant, naïve et entière. « Mon bébé. Oh, mon amour ! »   Du pouce, elle caressa maladroitement son ventre. Ses larmes coulaient plus silencieusement désormais, ponctuées de hoquets et de reniflements aléatoires. Elles mouillaient le devant de sa robe, dessinant des tâches sombres aux formes secrètes, dont certaines auraient pu se confondre avec des tâches de lait.

L’apparition du bébé vint toutefois faire exploser cette bulle d’espoir. La violence des émotions qui venaient de s’enchaîner lui laissa un goût âcre dans la bouche, comme si elle était sur le point de vomir, et elle resta ratatinée sur le marbre, yeux clos. La sensation de perte, si brièvement apaisée par les paroles de la Septa, était de retour. Elle pouvait la sentir pulser dans ses incisives au rythme de son cœur. Etait-elle réellement jalouse d’un nourrisson innocent, un orphelin qui plus était ? Oui. Oui, elle lui en voulait terriblement de ne pas être son fils. Elle garda les yeux obstinément fermés. « Est-ce que… » Elle réprima un sanglot, l’avalant presque rageusement, et reprit, d’un murmure si bas qu’il en aurait été inaudible si la Septa n’avait pas été aussi près d’elle.   « Est-ce que mon fils est aussi seul et abandonné, en ce moment ? »   Elle ne l’aurait jamais abandonné, elle ne l’aurait jamais laissé seul, jamais oublié en arrière, et elle se serait déchirée en deux si seulement une partie d’elle-même avait pu rester avec lui, mais on ne lui avait pas donné le choix. Et s’il l’attendait, comme venait de l’expliquer la Septa, l’attendait-il seul ? Pensait-il qu’elle l’avait volontairement laissé ? Qui le réconfortait, qui le réchauffait ? Qui le berçait en lui chantant sa chanson préférée pour s’assurer qu’il fasse des rêves paisibles, s’il sommeillait ? La panique la saisit à l’idée que son enfant attendait, coincé pour des années dans un lieu froid, noir et immatériel. Elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même, jusqu’à se retrouver quasiment allongée sur le marbre, les mains jointes devant elle. Elle ne savait même plus si elle priait la Mère, ou bien la Septa qui semblait savoir tant de choses.   « Je vous en supplie, faites qu’il ne souffre pas. » Elle souffrirait à sa place s’il le fallait, elle le voulait bien, elle souffrait déjà. Que l’on sauve simplement son bébé du néant.

Ne pas perdre espoir. Elle rouvrit les yeux lentement, comme si la vision du bébé allait la brûler. Elle ferait un don à l’orphelinat, elle s’en faisait la promesse intérieure. Elle n’était pas capable encore de seulement regarder un bébé autre que le sien, mais elle pouvait au moins s’assurer que cet enfant ne manquerait de rien, matériellement. Tremblante, secouée, elle leva son regard vers la Septa, cherchant un soutien dans le regard de celle qui l’avait désormais vue nue dans sa douleur. Quelque chose clochait, elle s’en rendait compte à présent. La sainte femme avait perdu son voile, et sa robe, de mauvaise qualité, devait s’être déchirée pour être aussi courte… et aussi décolletée.  « Septa… Est-ce que vous allez bien ? »   S’était-elle fait agressée en se rendant au septuaire ?
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(#) Ven 5 Juil 2019 - 4:33
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Prière à l'heure des complotsLa compréhension est unique à chaque personne; deux êtres humains peuvent entendre la même conversation et comprendre deux choses complètement différentes. Beaucoup de guerre s’était déclenché à cause d’un quiproquo et beaucoup d’hommes avaient trouvé la mort injustement. Cet espèce de retour inexplicable dans un passé moins violent que le présent que nous avions quitté avait ramené plusieurs morts à la vie…Mais avait certainement fait disparaître beaucoup d’enfants et d’histoires d’amour. C'était d'une tristesse infinie maintenant que j’y pensais. Qui pleurerait ces vies perdues, mais pas complètement? Qui allait regretter ces disparitions inexpliquées qui laisseraient une blessure provisoire dans l’âme des êtres concerné? Mon regard doux et triste se posa sur la frêle silhouette qui pleurait à mes côtés. Douce fleur à peine éclose; elle pleurait la perte immense d’un être sans doute même pas conçu encore et se perdait dans un chaos émotionnel qui ne devrait même pas exister en son sein. L’enfant qu’elle avait porté, fait naître, nourrit et élevé, celui qu’elle avait chéri, protégé, veillé et aimé n’existait pas…alors que sa souffrance, elle, était bien réelle. Multiface avait sans doute inversé le temps pour aider son peuple à ne pas refaire les mêmes erreurs, mais laisser de tels souvenirs dans la mémoire des mères étaient cruel de sa part. Ma théorie était que les mères de famille éplorées devenaient la mémoire du monde, les gardiennes des souvenirs d’une époque qu’il ne fallait pas recréer. Il n’y avait rien de plus féroce qu’une mère voulant protéger sa famille et dans notre présent, plusieurs clans avaient été décimés par les nombreuses guerres. J’étais sûr que ces femmes feraient tout pour influencer le cours de l’histoire et ainsi  sauver leurs fratries.


Mais en ce moment, ce n’était pas cette note positive qui aiderait cette pauvre enfant perdue à retrouver le goût de vivre, je le savais bien. Il suffisait simplement de voir comment elle s’accrochait à son propre ventre pour comprendre que la douleur la déchirait irrémédiablement. Si quelqu’un n’offrait pas à cette jeune femme une lueur d’espoir, il était fort à parier qu’on la retrouverait morte d’ici quelques mois, de tristesse ou de désespoir. Il était hors de question que je laisse une telle aberration se produire! Une personne qui souffrait autant de la disparition d’un être cher était une personne capable d’un amour infini…c’était ce que nous avions besoin dans cette nouvelle vie que nous devions tenter de reconstruire. « Oui, vous avez mal et c’est normal, chère enfant » Dis-je doucement dans un souffle chaud. « Cette souffrance qui vous dévore l’âme vous indique néanmoins que ce que vous avez vécue était réelle. Un tel amour, franc, fort et authentique ne peut être l’invention d’une quelconque ivresse ou folie » Rajoutais-je avec toute la foi dont j’étais capable. Un amour aussi pur et illimité méritait de survivre à tout ce chaos et il était hors de question que je quitte le Septuaire si cette jeune femme y restait ainsi prostrée dans l’obscurité grandissant qui dévorait son cœur.  Caressant la joue de la noble afin de lui offrir un peu de douceur pour contrer la violence de ses émotions, je l’ai regardé doucement faire le lien entre mes paroles et ce qu’elle voulait réellement dire. Oui, je comprenais et oui, je savais.


Je comprenais qu’on pouvait se sentir perdu de revivre ce qu’on a déjà vécue une première fois et je savais qu’il était déstabilisant de voir disparaitre tout ce qu’on avait bâti dans un claquement de doigts. Souriant à pleines dent lorsqu’une lueur plus vive revint dans les jolis yeux de la femme lorsqu’elle comprit que je savais ce qu’elle vivait, j’ai hoché la tête et j’ai confirmé d’une voix plus mélodieuse : « Je comprends effectivement. Vous vous êtes perdues dans les méandres du temps et vous êtes maintenant prisonnière d’un passé que vous ne voulez pas revivre, loin de tout ceux que vous aimez ». Je sais qu’ainsi présenter, ce n’est guère réconfortant, mais je ne savais pas comment consoler les autres. Personne ne m’avait jamais démontré un minimum de sollicitude, comment aurais-je pu apprendre?  « Fermez les yeux et pensez à ce que vous avez vécu avant que vous vous retrouviez ici aujourd’hui. Imaginez les visages des personnes que vous avez aimées, mais qui ont disparu au fil des mois. Vous les voyez? Imaginez maintenant que vous avez en vous le pouvoir de les sauver pour les garder plus longtemps à vos côtés. C’est ce que la vie vous offre comme cadeau » Déclarais-je tendrement en pensant aux enseignements de Multiface. Il était devenu mon foyer, ma lueur d’espoir, mon phare. Il en serait peut-être ainsi pour cette jeune dame. « Vous pouvez sauver ces personnes chères à votre cœur, les aider à survivre à la violence qu’on a connu ces dernières années. C’est une chance que la vie vous offre. Une chance d’offrir un monde meilleur à votre enfant, lorsqu’il verra le jour » Terminais-je tendrement avant de porter sa main à son ventre pour lui indiquer où se situait son enfant.


Il était toujours là, en elle. Il existera un jour et sera fait de poussière d’étoile et de gerbe de lumière. Je savais au plus profond de moi que mes propos étaient véridiques, mais si elle me demandait des preuves, je savais aussi que je ne pourrais lui en apporter. La foi n’est pas une preuve, on ne peut la sortir de sa poche pour la montrer au premier suspicieux qui croisait notre chemin et c’était bien dommage. Après tout, peut-être était-ce ce qu’il fallait à cette jeune femme pour recommencer à croire en la puissance divine bienveillante qui veillait sur nous. Si la conversation avait continué à se dérouler ainsi, peut-être aurais-je réussi à lui redonner assez d’espoir pour qu’elle envisage reprendre sa vie en main, mais les vagissements de l’enfant que j’avais apporté avec moi la firent sursauter. Je savais qu’elle était déçue de voir qu’il ne s’agissait pas du sang de son sang, mais peut-être était-cela volonté de Multiface qu’elle rencontre cet enfant. Peut-être aurait-elle l’esprit assez ouvert pour comprendre la chance qu’elle avait, malgré tout. « Pourquoi votre fils serait seul et abandonné? Il vit en vous, dans votre cœur et votre âme. Tant que vous vivrez et qu’il ne verra pas le jour, il ne sera jamais seul. Herulf, lui, n’aura pas la chance de voir sa mère revivre parce que dans cette vie comme dans l’autre, elle est décédée aujourd’hui. En fait, je suis pratiquement sûr que dans le présent d’où nous venons, Herulf est décédé en même temps que sa mère. Il aura donc pour la première fois, la chance de grandir, vieillir, aimer. Vous comprenez ce que je tente de vous expliquer? » Expliquais-je en fixant le regard vide de la mère, m’ennuyant instantanément des immense statue de la demeure du Noir et du Blanc. Instinctivement, j'avais donné à l'enfant un nom de mon passé. Était-ce un signe que je devais le garder avec moi?


Il m’était difficile de m’exprimer sur un sujet dont je n’avais aucune certitude autre que celle qui vibrait dans mon âme, mais si ça pouvait apporter un peu de réconfort à cette malheureuse, ça valait bien la céphalée qui pointait gentiment le bout de son nez dans ma pauvre tête, n’est-ce pas? Seulement, la jolie jeune femme se prosterna pratiquement contre le sol, dévorée par son angoisse et imperméable à mes explications, de toute évidence. « Chuut » Soufflais-je en lui caressant tendrement les cheveux pour tenter de l’apaiser. « Il ne souffre pas, il est bercé par les souvenirs que vous avez de lui et sait que vous le chérissez de tout votre cœur. L’amour infini que vous lui porter le tient au chaud et vos souvenirs lui servent d’histoires pour le faire patienter jusqu’au moment de vos retrouvailles » Dis-je pour apaiser cette angoisse qu’elle semblait avoir; celle de ne pas pouvoir protéger son petit. Le mieux pour elle serait de retrouver l’homme qui lui a fait cet enfant afin de lui donner naissance au plus vite, mais vu la qualité de sa robe et la brillance de sa chevelure qui devait être soigneusement entretenu avec autre chose que de l’eau et du suif, il était évident qu’elle devait attendre l’alliance entre sa famille et celle de celui qui avait un jour été son époux.


Transporté par mes pensées, je n’avais pas remarqué le regard que la jeune femme posa sur moi, ni sa surprise face à ma silhouette sans doute peu orthodoxe pour une femme de culte. Ce fut seulement lorsqu’elle s’inquiéta de mon intégrité physique en me demandant si j’allais bien que j’ai compris que mon apparence physique n’était pas ce qu’on attendait normalement d’une Septa. Ouvrant grand mes yeux d’une légère panique et d’une incompréhension démesurée, mes pensées filèrent à toutes vitesses dans ma tête. Je ne pouvais pas lui révéler mon véritable visage, mais mentir me répugnait. Je ne savais pas mentir et je ne souhaitais pas l’apprendre. Mon honnêteté était ma seule richesse. « Oui ça va. J’ai bien peur d’avoir usé d’un stratagème fourbe pour sortir cet enfant du bordel où il allait mourir. J’ai volé les premiers vêtements que j’ai vus et évidemment, ce fut cette réplique grossière de l’uniforme que nous portons qui m’a attiré. La vie de ce fils appartenant à l’Étranger valait plus cher que ma fierté » Répondis-je en souriant à l’enfant tendrement. Je ne comprenais pas les enfants, mais je les aimais. J’aimais leur candeur et leur naïveté. Un enfant fera toujours tout pour ceux qu’il aime, même si parfois c’est au-delà de leur force. Bien des hommes ne font rien pour ceux qu’ils aiment même s’ils en ont le devoir et le pouvoir. Les hommes tuaient souvent l’enfant qui vivait en eux lorsqu’ils vieillissaient et c’était bien dommage, le monde serait sans doute meilleur s’il en était autrement.


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(#) Mar 9 Juil 2019 - 0:42
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Même si elle avait cherché à se convaincre du contraire, Kaithren, n’avait au fond jamais réussi à remettre en question l’existence de son fils. L’apparition de ses souvenirs d’une autre vie n’avait pas eu de sens. Etait-elle revenue en arrière ? Avait-elle rêvé ? Etait-elle devenue folle ? Aucune explication logique ne lui était venue, d’autant plus qu’elle n’avait partagé son secret avec personne, et ignorait, jusqu’à aujourd’hui, que d’autres pouvaient avoir vécu le même traumatisme. Cependant, la physicalité des souvenirs liés à son enfant, et les émotions intenses qui les teintaient étaient si fortes qu’elle n’avait jamais pu douter de son existence à lui. Tout comme sa douleur de l’avoir perdu, les sensations qu’il lui avaient offertes l’avaient mise à vif d’une manière qu’elle n’aurait jamais pu inventer si elle ne l’avait pas vécu pour de vrai. Entendre la Septa le confirmer aujourd’hui était un soulagement et un baume.

Sa douceur envers elle l’était aussi. Kaithren ne s’était jamais sentie aussi seule à la cour que depuis son retour. Dans le Neck aussi, elle avait été terriblement isolée, jeune mariée sans les codes de son nouveau logis, sans la culture des habitants de ses nouvelles terres. Déracinée, déconsidérée, et inutile, jusqu’à ce que son époux et elle-même atteignent un certain degré d’intimité. A ce titre, être de retour à Port-Réal, dont elle maîtrisait tous les codes, aurait dû être un soulagement. Pourtant, elle ne voyait ici que la fausseté ambiante, décodant les sourires pour les grimaces qu’ils étaient, laissant traîner ses oreilles pour capter les murmures malveillants. Elle se sentait en décalage, et horriblement seule, comme si elle évoluait dans un monde parallèle au reste de la cour, seule voyante face à des masses d’aveugles aux catastrophes à venir.

Elle était si absorbée par son chagrin et sa douleur que les paroles de la Septa ne semblaient pas toutes faire sens, sa voix douce et son ton plein d’empathie flottant autour d’elle comme un brouillard réconfortant. Kaithren existait actuellement dans un espace où les sensations et les images mentales avaient plus de poids que des mots. Il n’y avait plus de logique pour expliquer pourquoi le temps tournait sur lui-même comme un bouffon ivre. Seulement la froideur du marbre sous ses paumes, l’odeur imaginée de lait et de savon de son bébé. Le bruissement râpeux de l’air dans sa gorge quand elle inspirait entre deux sanglots. Elle ferma docilement les yeux, laissant la Septa se saisir de ses pensées comme elle s’était saisie de sa main.

Il y avait en effet beaucoup de futurs défunts à se présenter derrière ses paupières. Joffrey. Myrcella. Tommen. Lancel. Tywin. Sa famille avait été décimée, ces dernières années, sans compter les grands de ce monde perdus dans leurs guerres intestines : les Baratheon, éteints jusqu’au dernier, les Tyrell, les Martell, les Stark… Tous ces innocents dans les armées des uns ou des autres, ces paysans morts de faim suite au pillage de leurs récoltes… Par tous les Dieux. Elle rouvrit les paupières et fixa la Septa de ses yeux noyés de larmes. Etait-ce vraiment à elle de sauver tous ces gens ? La tâche était immense, impossible, et si politique qu’elle aurait le temps de mourir mille fois en tentant d’en démêler ne serait-ce qu’un fil. Pourquoi n’était-on tout simplement pas remontés assez loin, en ce cas, pour empêcher la mort de Jon Arryn ? Rien de tout cela ne se serait passé si le vieux Seigneur du Val était resté Main du Roi. « Septa, je ne saurais pas comment faire… »

L’ampleur de la tâche n’incitait guère à l’espoir, et les pleurs de bébés, associés à l’idée que son enfant soit seul dans un vortex de noirceur acheva de faire exploser toute structure intérieure qu’elle pouvait encore avoir en cet instant. Kaithren était répandue sur le sol, son angoisse pour son enfant la dévorant. La voix calme de la Septa était tout ce qui la reliait encore au réel, tant elle avait l’impression de se trouver en équilibre sur un fil entre deux mondes, le second formé de monstres fantasmagoriques et de spectres d’un futur passé dévorant tous ses souvenirs les plus chéris et son bébé si fragile et précieux. La joue écrasée contre le marbre, obligée de respirer par la bouche tant son nez était bouché par le mucus, yeux brûlants de sel, elle cherchait désespérément à sentir son fils, retrouver une preuve concrète de sa présence, mais tout allait trop vite et elle était hors d’elle-même.

Il lui fallut un long moment pour se calmer, et réussir à se concentrer sur la sensation de la caresse dans ses cheveux tandis qu’enfin, les mots de réconfort de la Septa lui devenaient intelligibles. Elle se sentait vide et épuisée alors que la matinée n’était même pas encore avancée, et elle avait l’impression de regagner son corps après un long voyage. Toujours allongée sur le sol, elle prit le temps de se moucher de rechef dans sa manche ( qui n’était plus à ça près) et leva la tête vers sa confesseuse, évitant soigneusement de croiser le regard du bébé au passage. “Septa…” Sa voix était un murmure rendut un peu rauque par ses pleurs. « Et si, en faisant tout ce que vous dites, en sauvant des gens, sa naissance ne revient pas ? Si je ne retrouvais jamais mon mari ? Tant de choses pourraient être différentes, d’ici quatre ans. Je ne peux pas attendre si longtemps. » Elle était persuadée d’en mourir si elle devait attendre le prochain an 303 pour récupérer son fils.

Changez un échiquier politique, et son mariage n’aurait peut-être plus lieu d’être. Et si sauver Myrcella (ce qui semblait à la fois une priorité et le plus faisable) remettait tout en cause ? Fallait-il essayer de sauver Joffrey, quand elle ne savait même pas qui l’avait assassiné ? Et quid de sa romance dornienne ? Elle avait une chance inespérée de faire les choses de manière différente, et pourtant… Pourtant, tout ce qu’elle désirait, récupérer son enfant, nécessitait qu’elle recommença chaque douloureux sacrifice, chaque mauvais choix, chaque erreur. “Septa, je suis perdue.”

Lentement, comme si elle avait peur de se casser en deux dans le processus, elle se redressa en position assise, toujours face à la sainte femme, parallèlement à la statue de la Mère. “Un bordel ?” Une grimace d’incompréhension sincère apparu sur ses traits encore brouillés par le chagrin. Qu’est-ce qu’une femme pieuse était allée y faire en premier lieu, prêcher la bonne parole ? Elle avait dû avoir beaucoup de courage pour se rendre dans un tel lieu de débauche afin d’y sauver un enfant. Son cœur de mère était définitivement sensible à l’argument, et elle cligna des yeux pour y voir plus clair, avant de glisser sa main dans sa poche. Elle en sortit sa bourse. C’était un ouvrage en cuir d’allure relativement modeste, même si le cuir était fin et la couture impeccable, et qui contenait uniquement une petite somme dont elle pourrait avoir besoin dans la vie courante, elle qui effectuait toutes sortes de commissions pour la maison royale. Un Lannister payait toujours ses dettes. Une fortune pour quelqu’un du petit peuple, en somme. Elle la tendit sans hésitation à la religieuse. « Pour que vous puissiez vous procurer un nouvel habit, Septa, et pour élever ce pauvre orphelin. » Elle se força à regarder le poupon, et ses lèvres tremblèrent, avant que vaincue, elle ne baisse le regard sur ses propres mains : fines lisses, blanches, et actuellement tâchées de morve. « Puis-je vous demander votre nom, ma sœur ? » Elle ne voulait pas risquer de perdre cette alliée si précieuse.






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(#) Jeu 11 Juil 2019 - 3:37
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Prière à l'heure des complotsPourquoi tentais-je de la convaincre de quelque chose dont je n’avais aucune preuve? Je voyais bien que rien ne pourrais apaiser le désespoir de cette femme et pourtant, je tentais de lui insuffler une étincelle d’espoir. Je ne supportais pas le fait qu’elle puisse faire un acte complètement stupide par dépit. Bien sûr, elle n’avait pas verbalisé de tendance suicidaire jusqu’à maintenant, mais on pouvait devenir franchement illogique lorsqu’on atteignait un point de non-retour dans la souffrance émotionnelle. Que ferait-elle le jour où la douleur de ne plus avoir son enfant à ses côtés serait trop forte pour être repoussé? Je ne connaissais pas cette jolie jeune femme, mais il était hors de question que je passe mon chemin sans tenter de lui prêter assistance, même si j’étais certainement la dernière personne à avoir le pouvoir de la réconforter. Après tout, que savais-je de l’amour d’une mère ou du désespoir que causait la perte d’une personne? Le destin avait fait en sorte de nettoyer mon entourage pour me laisser terriblement seul.


Était-ce seulement mon rôle dans cette vie de l’avertir que tout ce qu’elle avait vécu était réel? Et si Multiface voulait qu’elle ne reproduise pas la même vie qu’auparavant? S’il souhaitait la voir prendre une autre destinée? Dans ce cas, pourquoi lui avoir laissé les souvenirs de son enfant? Il était évident que cette pauvre enfant ferait tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver l’étreinte réconfortante de son sang, peu importe les sacrifices qu’elle devrait faire. Avec sa robe aux tissus riches, ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus, soit elle était une Lannister, soit elle tentait d’imiter leur style…serait-elle prête à sacrifier l’hypothétique enfant qu’elle aurait pour préserver la vie de Myrcella Lannister, par exemple? Serait-elle prête à renoncer à sa fortune pour empêcher Cersei de prendre le contrôle du trône à la mort de Tommen? Serait-elle prête à devenir une traitre pour empêcher Tyrion de manipuler tout le monde dans l’ombre? J’étais approximativement certain que non.


Les femmes ayant des titres de noblesse avaient rarement eu la possibilité de tout risquer pour un autre être. On leur apprenait dès qu’elles étaient petites que la manipulation et la richesse pouvait tout acheter sans qu’elles ne remuent le petit doigt, pourquoi apprendraient-elles l’abnégation totale et désintéressée? C’était le rôle des Sans-Visage d’agir là où l’humain était trop…humain pour intervenir dans le cours de l’histoire. Étant à Westeros, cette tâche m’incombait maintenant, mais Multiface avait sans doute choisi le pire de ses serviteurs pour tenter d’influencer les grands de ce monde. Après tout, je ne savais pas mentir et ma propension à tomber dans les emmerdes jusqu’au cou n’aiderait certainement pas ma cause. Étais-je la science infuse? Non, évidemment. Qui étais-je pour choisir quel roi influencer? Qui pouvait me garantir que mes choix seraient les bons? Personne bien évidement.


« Et c’est cette incertitude qui vous sauvera sans doute la vie, chère enfant. Celui qui se vante de savoir quoi faire dans une telle situation est le plus grand des imbéciles ou le plus insensés des déments. Celui qui croit détenir l’ultime vérité n’est qu’un aveugle qui croit sa foi plus vive que les autres…et c’est ainsi que naisse les dictateurs. Un être rusé tentera de donner un coup de pouce à l’avenir, un imbécile tentera d’imposer sa vision du monde au reste de ses semblables. Ne tentez pas de mettre le roi ou la reine que vous jugez le meilleur sur le trône, tentez de préserver des vies, tout simplement » Dis-je doucement les yeux dans le vague, ne sachant pas si mes paroles avaient une quelconque cohérence pour elle. En ce moment, je parlais beaucoup plus avec mon cœur qu’avec ma tête…c’était sans doute pour cette raison que mes mots ne semblèrent pas la toucher.


Prostrée sur elle-même, le visage ruisselant de fluide corporel de toute sorte, Kaithren Lannister ne ressemblait plus à une fière lionne à cet instant-ci de la conversation. C’était devenu pire depuis qu’elle avait vu l’enfant que j’avais arraché des entrailles du bordel que j’avais fui quelques minutes plus tôt. La question qu’elle posa sur ses agissements et les répercussions qu’ils pouvaient avoir sur la vie future de son propre enfant me fit frissonner. Et si par mes paroles, je devais l’investigateur de la disparition totale de cet être? Impossible, je refusais de me l’admettre. « Je ne peux malheureusement rien vous promettre…je suis un simple serviteur du Dieu, je ne possède pas la Vérité indiscutable » Soufflais-je tendrement avant de rajouter : « La vie est courte, vous savez les heures sombres qui nous attendent, pourquoi attendre quatre ans pour revoir votre enfant ? Convainquez votre Lord que votre futur époux est le meilleur choix pour vous et donnez naissance à votre petit ». Est-ce que ça serait aussi facile? Sans doute pas, mais elle me donnait si peu l’impression de m’écouter qu’elle ne devait même pas avoir compris ce que je venais de dire.


Regarder cette silhouette tremblante et frêle se redresser afin de s’asseoir au sol montra toute la force tranquille dont cette femme était capable. Non, elle ne flancherait pas. En apparence, elle semblait aussi fragile qu’un roseau, mais à l’intérieur d’elle brûlait un ouragan qui avait faim de vivre…c’était évident. « Oui dans un bordel. La vie nous conduit souvent sur des chemins sinueux et étranges, vous l’apprendrez en vieillissant » Dis-je doucement en souriant. Moi qui n’avais jamais mis les pieds dans un bordel, j’en étais encore tout retourné. Sans comprendre, j’ai regardé la jeune femme sortir une bourse de l’une de ses poches et me la tendre en mentionnant que c’était pour m’acheter une nouvelle robe et subvenir aux besoins de l’enfant. Repoussant la bourse vers la noble, j’ai hoché négativement la tête. « Je n’ai pas besoin d’or, gardez-le. Ce ne sont que des vêtements, j’en ai d’autres, ne vous inquiétez pas. Votre offre est généreuse, mais je n’ai pas besoin d’un commanditaire, cet enfant non plus. Il ne manquera de rien, je vous en fais la promesse » Tentais-je de la rassurer alors que je me figeais face à sa nouvelle question. Elle voulait connaître mon nom? « Almarik…mon nom est Almarik » Répondis-je en fermant les yeux, incapable de mentir.


« Levez-vous, je vous en prie. Je devine votre désespoir, mais on ne pleure pas ceux qui ne nous ont pas encore quitté, ça porte malheur » Dis-je en lui tendant ma main libre afin de lui apporter un appui afin qu’elle puisse se redresser. J’espérais surtout que cette dernière phrase fasse taire en elle toute question relative à mon nom beaucoup trop virile pour la silhouette que je portais en ce moment.



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(#) Jeu 11 Juil 2019 - 21:07
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Le long couloir étriqué se tordait comme un épais serpent endormi. Dans ses entrails obscures et mal éclairées par les torches suspendues au mur résonnaient des claquements secs et irréguliers. Se détachant de la pénombre entre deux torches, une petite silhouette tordues avançait clopin-clopant avec une difficulté prononcée. Le côté de son soulier droit raclait le sol. Elle traînait sa patte folle et son existence comme un boulet de condamné. Le souffle rauque, la respiration sifflante, la femme difforme se mouvait sans grâce ni élégance. Elle luttait contre l’air qui l’enveloppait comme on lutte contre les flots qui entravent. Le poids des années pesaient sur ses épaules, la pliait en deux. La main de la vieillesse la forçait à courber l’échine, ses vertèbres semblables à un jeu d’osselets se devinaient par dessous sa lourde robe grossière. Ses bras trop maigres ressemblaient à des ailes rachitiques d’où pendait trop de peau distendue. Ils restaient noyés dans des manches immenses. La vieille jouaient de ses brindilles cassées qui lui servaient de doigts pour faire tourner les billes de l’énorme chapelet de bois qu’elle tenait avec fermeté. Dans son autre main elle tenait un cierge que ses tremblements faisaient violemment vaciller. Entre ses lèvres desséchées qui pelaient par épais lambeaux de peau coulait avec l'épaisseur de la mélasse une ritournelle de prières. Sa voix rocailleuse sortait des tréfonds de la terre, désagréable comme un sifflement de vent. Entrecoupé par son souffle douloureux, elle peinait à réciter ses psaumes. Ses respirations étaient de grands accoups. Il semblait que sa cage thoracique s’ouvrait et se fermait avec l’aide d’un mécanisme complexe aux rouages rouillés tant chacune des inspirations qu’elle prenait était difficile. De la bave perlait au coin de ses babines. Petite créature des ténèbres, la danse des flammes sur sa figure opposait sa laideur. Des sillons profonds creusaient ses joues et affaissaient son front sur ses yeux. Sa peau avait coulée comme la cire d’une bougie sur ses traits. Elle n’avait plus un poil sur ses arcades sourcilières. Son visage était semblable à une gargouille grimaçante, figé dans des simagrées cruelles. Sa coiffe était la gueule d’un prédateur avalant une proie malade. Elle l’englobait et finissait par s’y fondre. Une masse informe et lumineuse de part la clarté de la coule.

S’appuyant contre la gigantesque porte de bois méticuleusement travaillé, la religieuse joua de son poids pour la faire bouger. Ses doigts ligneux avaient lâchés le chapelet où les billes se suivaient par sept pour jouer avec la poignée de porte qui glissait sous sa paume transpirante. De la cire brûlante dégoulina sur sa main fripée et elle resta sans réaction, continuant de souffler et râler en jouant de ses épaules frêles. La porte finit par céder dans ce duel inégal et s’ouvrit avec un grincement sonore sur la plus spacieuse des salles du Septuaire. Les vitraux ne faisaient pas encore danser les sept branches de l’étoile sur le sol, le soleil étant encore trop timide à cette heure de la journée. Des perles de lumière dansaient autour des statues, leurs léchant les pieds avec une ferveur admiration. La vieille dame gronda dans sa barbe, ronchonnant à demi mot contre la paresseuse qui n’avait pas prit la peine d’éteindre les cierges des fidèles la veille. En même temps, elle reprenait son souffle largement gaspillé dans la difficile tâche qu’avait été l’ouverture de la porte. Ses joues creuses n’avaient cependant prisent aucune couleur. Son visage cadavérique gardait ses teintes grisâtres.

En se redressant ses os rongés par la maladie se mirent à fourmiller de mille craquements. Chaque mouvement était un long calvaire. Punition du Dieu pour des péchés qu’elle n’avait partagé qu’avec ses soeurs. L’ancêtre reprit sa marche lente et sinistre, traînant sa carcasse avec toutes les difficultés qu’il lui était donné. Elle évita avec beaucoup de soin les escaliers et leurs minuscules marches pour contourner le centre de la pièce. De sa voix caverneuse elle marmonnait des saluts inaudibles aux statues qu’elle croisait. Les décombres de ce visage qu’avait laissé l’âge se mouvaient à peine. Se mêlait à ses brefs mots une respiration puissante, agrémentée de grognements intermittents. Le Guerrier. Le Ferrant. La Jouvencelle. Il sembla qu’elle traîna davantage le pas devant l'Étranger. Quelques spasmes légers la secouèrent et il sembla qu’elle s’étouffa. Ce n’était qu’un rire. Sa visite de courtoisie pour chacunes des faces reprit. Le Père. La Mère.

Soeur Opportune, avec six autres de ses soeurs, faisait parti de l’ordre Supérieur du Septuaire. Hiérarchiquement au dessus des simples Septa, elle n’en restait pas moins insipide aux yeux des Septons. Surtout depuis que les années écoulées l’avaient fait fondre et s’affaisser sur elle-même. Mais elle aimait se remémorer sa jeunesse où aucun homme (ou peu) ne l’a trouvait insipide quand elle les trouvait d’un ennuie terrible. Ses péchés terribles passés et pardonnés la faisait parfois ricaner dans la pénombre de sa chambre silencieuse. Sa cheville brisée était sa punition pour les années libertines qu’elle s’était autorisée pendant si longtemps. Septa Opportune, pour sa part, pensait surtout que c’était une punition pour sa terrible bêtise. Quelle idée, aussi, d’avoir cherché à s’enfuir de cette façon.

Mais s’il était une chose à savoir sur Opportune, c’était qu’elle avait suivit la Sainte Voie parce que souvent le dieu lui chuchotaient dans le fond du crâne avec ses sept voix. Des chuchotements si bas que la plupart du temps ils ressemblaient à des bourdonnements qui lui crevaient la tête et faisaient dégobiller ses yeux. Des yeux sales. L’orbite cave, Septa Opportune ne voyait plus grand chose. Des tâches blanches dansaient sur ses iris et voilaient son regard. Si elle discernait encore les formes et les couleurs, c’était avec bien des difficultés. On disait de Soeur Opportune qu’elle était illuminée, malgré son visage austère.  

Toutefois, sa figure s’anima avec tous les efforts du monde lorsqu’elle découvrit les deux gens face à la représentation de la Mère. Les bavardages des dieux l’avaient laissé à moitié sourde et elle ne les avait pas entendu parler ou bouger. “Soeur Métronie, voilà une heure que tout le monde vous cherche pour la première office des matines !” Sa voix de crécelle grinçait dans l’air. Elle sembla épuisée d’avoir tant parlé mais continua de s’approcher du petit duo. Opportune tendit un bras oscillant pour palper celui de sa consoeur. Son geste s’arrêta. La soeur lâcha la manche pour venir tirer avec une brusquerie de par sa maladresse sur le tissu qui enserrait la taille de sa cadette.  “... Vous avez encore empruntez la tenue d’Odonette, Métronie.” Elle soupira et son soupire sembla durer cent ans. “Elle va être furieuse. Nous vous avons déjà dit sept fois cent fois-” Ces boutades ne faisait plus rire qu’elle. “-que vous ne pouvez plus porter ces robes d’enfant. Plus maintenant. Métronie va être furieuse...” Seulement Odonette était bien loin des matines et des robes trop courtes pour elle. Elle était bien trop occupée à écouter les confessions d’un vieil homme dans une chambre trop sale. “Qui est votre jeune amie bien matinale ?” Ses pupilles sales lorgnaient le visage de la femme dont elle ne reconnaissait que la longue chevelure blonde ébouriffée dans sa vision limitée. Opportune lâcha la robe blanche de la jeune Septa pour avancer sa main tressaillante vers celles de la pieuse demoiselle. Elle pressa les paumes de la dame une seconde. Deux. Les libéra finalement pour s’essuyer sans trop de discrétion sur son propre habit.
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(#) Lun 15 Juil 2019 - 14:47
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Tête pieusement baissée, Kaithren écoutait religieusement les paroles de la Septa. Si quelques instants plus tôt, son chagrin lui avait rendu tout propos inintelligible, elle s’était désormais suffisament calmée pour pouvoir se concentrer. Elle voulait boire chaque parole de la sainte femme qui semblait si bien la comprendre, et retenir tous ses conseils si le moindre d’entre eux avait le pouvoir de la rapprocher de son bébé. Les Dieux devaient terriblement s’amuser de sa confusion, après l’avoir mise dans une situation pareille. Elle releva la tête vers la Mère. Elle qui incarnait toute compassion, comment avait-elle pu lui faire cela ? « Alors vous croyez que… que je ne suis pas obligée de tout changer ? »

Au fond, l’histoire était peut-être déjà écrite depuis longtemps. Elle se sentait insignifiante et stupide, malgré son nom de famille et toute la richesse qui y étaient associés. Qui était-elle pour croire qu’elle pouvait réellement changer quelque chose ? Elle avait passé sa vie à obéir aux volontés de son chef de famille et à ses rois. Sa précédente vie. Choqué par la suite des paroles de la Septa, elle se tourna à nouveau vers elle. Choisir un roi ? Elle n’avait jamais vu les choses sous cet angle. Il n’y avait qu’un seul roi légitime, l’héritier du précédent. Il était infortuné que ce soit actuellement Joffrey, qui n’avait aucune qualité de monarque, et la mettait terriblement mal à l’aise, mais monter un coup d’Etat pour le renverser ne lui aurait pas traversé l’esprit pour autant. En vérité, il n’y avait pas beaucoup de bonnes options, actuellement. Si seulement les frères du roi Robert s’étaient contentés d’être les régents de leur neveu, peut-être auraient-ils pu le former et en faire un meilleur souverain. Au lieu de quoi, chacun ici n’avait pensé qu’à son bas intérêt personnel. Avait-elle vraiment le droit de faire de même, en ne pensant qu’à son bébé ?

Cette conversation lui laissait de plus en plus un goût de malaise, mais elle était trop attristée pour comprendre pourquoi. La Septa parlait d’elle-même au masculin, des Dieux comme s’ils n’étaient qu’un… Mais ces détails lui échappèrent et elle attribua cette étrange sensation à sa douleur. “Moi, convaincre Tywin Lannister ?” C’était si ridicule. Son oncle n’était pas le genre d’homme à prendre conseil auprès d’une jouvencelle, et d’ailleurs, c’était à peine si elle le croisait. D’un autre côté… Choisir elle-même qui elle épouserait était une idée aussi nouvelle qu’excitante. Elle savait des choses que les autres ignoraient, peut-être pourrait-elle s’en servir ? Prendre sa vie en main, pour la première fois. Sa deuxième vie.

Seulement, voulait-elle vraiment de ce mariage à nouveau ? Elle avait été si malheureuse, jeune mariée en deuil de la tendre Myrcella, seule dans un territoire inconnu où ses nouvelles gens n’avaient que des regards hostiles à lui donner. Il avait fait froid, gris, tout était frustre et austère, et elle n’avait été la bienvenue nulle part, sans personne de son rang avec qui converser. Restait son mari. L’avait-elle aimé ? Elle n’en avait pas eu le temps. Il s’était montré aimable avec elle, respectueux, désireux de lui faire une véritable place dans son foyer. Il avait été pragmatique et droit. Aussi austère que sa demeure, d’une patience un peu détachée, et si terriblement loin des amourettes auxquelles elle avait chastement joué à Dorne. Où étaient passés ses rêves de jeune fille ? Et pourtant… Lorsque Tommen était mort, il lui avait tenu la main en lui annonçant la nouvelle. L’éclat de ses yeux, quand elle lui avait annoncé être enceinte. Le bref baiser qu’ils avaient échangé en privé, et ce si long regard en public, lorsqu’il était parti rejoindre l’armée de Jon Snow. Il y avait eu de la considération et de la tendresse dans cette union, et la guerre leur avait arraché toute chance de la cultiver jusqu’à ce qu’elle fleurisse véritablement. « Mon époux me manque, lui aussi, et pourtant, je doute qu’il se souvienne seulement m’avoir rencontrée. »

L’idée que d’autres qu’elle-même se souviennent ne lui avait pas encore effleuré l’esprit, tout ce phénomène étant beaucoup trop intime et déstabilisant pour qu’elle réussisse à l’objectiviser en quoi que ce soit.

Redressée, elle tenta de se concentrer sur la Septa pour tenter d’enrayer ses propres pensées si confuses. Elle avait cru bien faire en lui tendant sa bourse, pourtant, la religieuse la refusa. Elle se sentit rougir, coupable. Commander la religieuse n’avait jamais été dans ses intentions, elle avait seulement voulu aider, utiliser sa fortune pour quelque chose de bien. Pour ce que la mère de ce bébé ne pouvait plus faire elle-même, par pure solidarité maternelle, peut-être. « Je vous demande pardon, Septa… Almarik. Je ne voulais pas vous offenser ou faire honte aux Dieux. » Quel prénom étrange. Etait-il féminin dans d’autres contrées ? Essos, peut-être ?

Elle avait perdu tout contrôle d’elle-même dans ce septuaire, envoyant pour quelques minutes toute son éducation voler par les hautes fenêtres du lieu de culte. Ecarlate et tremblante, elle saisit la main que la Septa lui tendait et se redressa avec difficulté, terriblement honteuse d’avoir pu offenser les dieux par son manque de retenue. Comment avait-elle pu déshonorer à ce point le Septuaire, se mouchant presque sur l’autel de la Mère ? Toute la culpabilité inconsciente qu’elle avait pu ressentir plus tôt à l’idée que son bébé soit seul et abandonné se reporta sur cette explication beaucoup plus rationnelle. Elle garda appui sur la main de Septa Almarik pour contrer le léger vacillement induit par ses jambes fourmillantes, mais son dos se redressa lentement, retrouvant la droiture artificielle qu’elle arborait tous les jours à la cour royale.

Ce fut juste à temps, car à peine s’était-elle stabilisée sur ses jambes qu’une ombre s’étira sur le dallage où elle était allongée quelques minutes plus tôt encore. Devant elles se dressait une Septa d’allure vénérable et vaguement effrayante, avec ses yeux voilés et ses doigts crochus. Kaithren lança un regard de panique à Septa Almarik en serrant convulsivement sa main : la Sœur Supérieure (cela se devinait à la couleur de sa ceinture) les avait-elle entendues ? Etait-ce grave ? Toutes les Septas étaient-elles au courant du retour dans le temps qu’elle vivait ? Le sentiment que pour protéger son bébé, elle devait le garder secret lui étreignait le cœur, mais peut-être était-ce trop tard après ce qu’il venait de se passer.

Elle lâcha la main de la Septa pendant que sa Supérieure l’examinait, la bouche légèrement entreouverte, le regard passant d’une femme à l’autre ecomme lors d’un match de jeu de paume, plus perdue de seconde en seconde. Almarik, Odonette, Métronie ?! Ses joues étaient toujours humides de larmes, et elle retint un reniflement peu élégant. Qui était vraiment la sœur à laquelle elle venait de confier son plus précieux secret, et d’où sortait-elle ? Maintenant qu’elle y pensait, il était peu probable que les Septas Supérieures sanctionnent des sorties d’évangélisation dans des maisons closes. Dans tous les cas, la sœur avait vraisemblablement sauvé un enfant. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu lui mentir sur ce point avec une voix si douce. Pas devant la propre statue de la Mère. Certes, il y avait quelque chose d’étrange chez cette religieuse, mais elle lui donnait le bénéfice du doute pour le moment, ne serait-ce que parce qu’elle avait trop besoin de croire ses paroles sur son propre enfant. Après lui avoir lancé un bref regard, elle la laissa donc faire, curieuse d’entendre sa version.

Lorsque la Septa Supérieure s’avança vers elle, Kaithren ne pu s’empêcher d’avoir un bref mouvement de recul. Elle tangua sur ses jambes, et failli trébucher sur le support des cierges et se brûler au passage, se rattrapant de justesse. Elle s’en voulut un peu pour cette réaction enfantine. Elle avait passé l’âge de comparer une vieillarde avec une sorcière, même si c’était l’effet viscéral qu’elle lui faisait. Sans doute était-ce ses nerfs. Elle récupéra malgré tout ses mains avec soulagement, et inclina légèrement la tête. “Je suis Kaithren Lannister, Septa.” Elle aurait préféré ne pas avoir à dévoiler son identité, mais devant une supérieure, elle n’avait guère le choix. Après tout, venir prier n’était pas un crime… même si l’on se demanderait bien pourquoi une jeune femme vierge comme elle rendait hommage à la Mère, et non à la Jouvencelle. La Mère pardonnait les offenses… Elle espérait qu’on ne la soupçonne pas d’avoir quelque chose à se reprocher. « Je vous demande pardon. Votre… » Mieux valait ne pas s’hasarder à choisir un prénom. « … Sœur a été retenue parce qu’elle m’aidait dans mes dévotions. »








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(#) Jeu 18 Juil 2019 - 2:07
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Prière à l'heure des complotsL’amour est un sentiment incontrôlable capable de nous faire soulever des montagnes, mais également de nous noyer de désespoir. Un cœur qui aime est capable de tout, du meilleur comme du pire. L’amour d’une mère était infini, indescriptible. Aucun mot n’était assez fort pour décrire le lien qui unissait une femme au fruit de sa chaire et de son sang…enfin, c’est ce qu’on disait. Pour ma part, j’avais oublié depuis longtemps le visage de ma mère et elle s’était empressé de pondre un nouvel héritier après ma disparition, selon les rumeurs que j’avais attendu. Cette jeune noble éplorée au point de perdre contact avec la réalité représentait bien la définition de l’amour infini et sans limite. Sa douleur était si intense et vive que son esprit se refusait d’accepter qu’elle n’avait pas totalement perdu son fils. En même temps, je pouvais aisément la comprendre. Faire le deuil d’un enfant mort était horrible, mais faisable. Le voir disparaitre et découvrir qu’il n’a jamais vraiment existé devait être insurmontable, malgré la promesse d’une retrouvaille lointaine. Pauvre enfant…elle avait relevé la tête tellement rapidement et ses yeux s’était tant teintés d’espoir en apprenant qu’elle n’était pas obligé de tout changer que ça en était triste. « Ma pauvre petite colombe…bien sûr que vous n’avez aucune obligation. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai, vous avez une seule et unique obligation : celle de faire en sorte d’être heureuse. Le reste, c’est facultatif. Voyez ce retour dans le passé comme un moyen de ne pas revivre vos regrets et pour effacer vos remords. Une personne heureuse de plus dans ce monde en guerre est déjà une victoire en soit » Dis-je tendrement tout en lui caressant doucement la joue.


Cette jeune femme devait être aussi belle qu’une fleur à peine éclose lorsqu’un sourire illuminait son visage et réchauffait son regard. Je trouvais dommage d’ainsi la voir désespérée alors qu’aucun humain de méritait consciemment de vivre la perte qu’elle vivait elle-même. Une personne qui réglait ses remords et regrets influencerait par ses nouveaux choix plusieurs vies…qui en influenceraient d’autres encore et encore. De fil en aiguille, on se retrouverait avec une nouvelle histoire grâce aux battements d’ailes d’un petit papillon. Peut-être étais-je trop optimiste face à cette nouvelle chance de réécrire l’histoire, mais je préférais voir l’avenir lumineux plutôt qu’orageux. Après tout, ceux qui avaient conservé leur mémoire de l’autre vie pouvait, sans directement annoncer tout ce qui se passerait, tenter de lancer des avertissements subtils. Pouvions-nous éviter tous ces morts et toute la violence qui avait fait trembler les Sept-Couronne? Pas totalement…mais nous pouvions améliorer notre sort. J’avais eu le temps de faire le tour de tous les royaumes dans l’ancienne vie et beaucoup d’éléments pouvaient être modifiés. « Je sais que dit ainsi ça peut vous sembler irréel d’influencer un homme tel que lui, mais les hommes remarques très rarement les subtiles indices laissés par les femmes et se font manipuler sans même s’en rendre compte. Laissez trainer un blason de la maison de votre époux, demandez des nouvelles de Lady sa mère…laissez simplement voir votre intérêt courtois pour la famille de cet homme sans parler de lui spécifiquement » Dis-je en réfléchissant à voix haute.


De Tywin Lannister, je ne connaissais que le nom et la réputation, mais j’avais le pressentiment qu’il ne survivrait pas longtemps si les bonnes personnes conservaient leur mémoire. Combien avait souhaité sa mort dans l’autre vie? Combien le tuerait pour devenir maître de leur destinée? Plusieurs, c’était évident. Sa mise à mort pouvait profiter à cette jolie dame, mais il était évident qu’elle ne serait jamais celle qui tiendrait la lame qui lui enlèverait sa vie. Je ne la connaissais pas, mais sa douce candeur était si évidente qu’il était impossible de croire qu’elle avait le potentiel d’une tueuse. Si quelqu’un se mettait à travers de son chemin et l’empêcherait de revoir son fils peut-être….mais j’étais d’avis qu’elle paierait quelqu’un pour commettre le méfait à sa place. Être la mécène d’un meurtre de faisait pas de nous un meurtrier, n’est-ce pas? Les paroles concernant les souvenirs présents ou absents de son époux interrompirent mes pensées. Qu’est-ce qui faisait qu’une personne avait conservé ses souvenirs de l’autre vie et qu’une autre non? Je ne m’étais jamais arrêté à réfléchir à la question parce que ce n’était pas à moi de remettre les plans que Multifaces avait préparés pour nous en question. « Peut-être vous cherche-t-il également » Dis-je sans y penser. Pourquoi pas? Elle semblait tenir à son mari suffisamment pour tenir à l’enfant qu’il lui avait fait alors il pouvait aisément la chercher également.


La petite bourse tendue d’une main si délicate et généreuse me sortit de mes pensées philosophiques alors que je la repoussais doucement. Pauvre enfant, si jeune et pourtant si gentille, douce comme les ailes d’une colombe. Je ne pouvais accepter de l’argent au nom des serviteurs du Septuaire puisque je n’en étais pas un. « Il n’y a pas d’offense, loin de là. Cet enfant ne restera pas dans la capitale. Cessez de rougir comme une jouvencelle la veille du couché matrimonial, nous savons tous les deux que ce n’est plus votre cas…même si votre corps ne s’en souviens plus » Dis-je en souriant malicieusement, me permettant une petite pointe grivoise afin de faire naître un sourire sur son joli visage. Cette jeune femme connaîtrait sans doute beaucoup de souffrances au cours de sa vie, alors profiter des instants les plus doux pourraient lui être profitables. Aidant la jeune noble à se relever afin de l’encourager à ne pas rester prostré dans son désespoir, sa force intérieure et son courage m’impressionnèrent. Lorsqu’on parlait d’être valeureux, on désignait souvent un guerrier sans peur, mais la vaillance de cette femme pourrait sans doute être nommée en exemple. Il me serait impossible d’oublier cette jolie blonde, c’était évident. Inconsciemment, ma main alla se poser sur sa hanche lorsque je la senti vaciller contre moi. Avait-elle tellement pleurée que son corps dessécher ferait un malaise?


J’ouvris la bouche pour lui demander si tout allait bien, mais des bruits de pas étranges et des râlements rauques interrompirent mon mouvement. Était-ce réellement une vieille femme qui approchait dans notre direction ou bien est-ce qu’un malotru avait osé mettre une robe de Septa à un porc vérolé? Sentant la poigne de la jolie lionne (dont j’ignorais encore la félinité pour le moment) se resserrer contre ma main, j’ai tenté d’adoucir ma mine abasourdie face à cette vision délicieusement dégoutante qu’apportait cette femme dans le Septuaire alors qu’elle trainait inlassablement son pas dans notre direction. Une vague angoisse m’empoigna le cœur; à tous les coups, elle devinerait que je n’étais pas l’une de ses sœurs…jusqu’à ce qu’elle ouvre sa vieille bouche de crapaud édenté pour m’appeler par un nom incroyablement ridicule. Cette femme était aveugle? Mais qu’était-ce donc une office? « Je…heu…je… » Ne trouvais-je qu’à dire en sentant la main de la jeune femme quitter la mienne. ‘’Pitié, ne me quitte pas’’ avais-je le goût de hurler à celle que j’avais tenté de réconforter, mais je ne pouvais rien dire sans dévoiler la fausseté de mon identité. Sentir les vieux doigts boudinés de la religieuse contre le tissu de ma robe me donna la nausée, mais je n’eus pas le temps de réagir qu’elle tirait fortement sur le tissu, le déchirant par le fait même. Il fallait dire que la robe était si élimée qu’un rien risquait de la faire tomber en lambeaux. « Mais c’est à Megara que j’ai emprunté la robe! » Glapis-je, incapable de mentir sur l’identité de la propriétaire de la robe, insensible au fait de me retrouver à moitié nue devant les deux femmes. Lorsqu’on devenait un Sans-Visage, on apprenait à se dissocier de son corps. Ce n’était pas mes cuisses et mes seins qu’elles voyaient ces femmes.


Ce fut la presque chute de ma jeune amie avant qu’elle ne déclame son identité qui me fit revenir à la réalité. Ainsi, j’avais raison de croire qu’elle était une Lannister, même si elle me l’avait plus ou moins confirmer en parlant de Tywin Lannister. « Oui c’est ça…Kaithren Lannister…et quand elle a vu ce pauvre enfant, elle n’a pas pu s’empêcher de compatir à son triste sort. Son cœur d’or est tendre et bon » Renchéris-je d’une petite voix aiguë en désignant le poupon qui s’était calmé, sentant ma panique devenir de plus en plus incontrôlable. Il fallait que je sorte de là avant que cette Septa ne dévoile mon secret. « Sœur…Sœur Pétarade m’a dit que vous aviez une…rencontre avec… » Regardant autour de moi afin de trouver de l’inspiration, j’ai enchainé maladroitement en disant : « …avec le Mestre pour votre irrigation mensuel » . Je devais vraiment apprendre à mentir, ça devenait ridicule.




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(#) Mer 2 Oct 2019 - 23:36
Margaery Baratheon

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@kaithren lannister est celui ci stp ?
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(#) Mer 2 Oct 2019 - 23:37
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La même partout où mes sujets n'avancent pas, c'est que mes partenaires sont absents :D C'est Joff/Theon derrière le PNJ ;)
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La Corneille
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