Le forum est FERME, merci de votre compréhension. |
| ( #) Ven 2 Aoû 2019 - 13:43 | | | | | | ( #) Ven 2 Aoû 2019 - 21:56 | | | | Kaithren suçota le bout de son doigt, pour éviter de tâcher son ouvrage. Se piquer alors qu’elle brodait lui arrivait extrêmement rarement - elle avait su tenir une aiguille avant même de savoir tenir une plume - mais elle était un peu distraite aujourd’hui. Elle était en train d’orner une cape d’automne du lion familial, apposé au fil d’or. Le tissu était lourd, débordant du cadre pour peser sur ses genoux, mais elle était certaine de son choix : comme disait les Stark, l’hiver venait, et elle serait bien contente d’avoir des vêtements chauds quand il serait là… Ou quand elle irait à ses devants.
Elle avait suivi les conseils de l’étrange Septa Almarik, plus tôt dans la journée, et s’était renseignée sur les positions des troupes de Robb Stark et celles de son oncle Tywin Lannister, s’intéressant de plus près à leur composition, à la recherche de son futur mari. Où était-il, dans tout ce marasme ? Evidemment, elle suivait l’avancée de la guerre avec intérêt, mais on n’offrait pas d’informations précises à une Dame si elle ne faisait pas un peu d’efforts pour les obtenir, et c’était ce à quoi elle avait employé sa matinée. Le Jeune Loup était loin de ses Terres de l’Ouest d’enfance encore, mais commençait à s’en rapprocher dangereusement, et ça la troublait. Son père était mort à la Bataille d’Oxcross, et elle se souvenait encore des rumeurs qui avaient couru après sa mort. Robb Stark avait-il vraiment donné son cœur à manger à son loup géant ? Elle avait du mal à réconcilier cette image avec le souvenir qu’elle gardait de lui, il y avait désormais si longtemps, à Winterfell. Pouvait-elle faire quelque chose pour empêcher le décès de son père ? La bataille aurait-elle seulement de nouveau lieu ? Ca méritait sa réflexion.
Elle se remit à son or nué. Joffrey gérait de la paperasse avec le Grand Argentier, aujourd’hui, une tâche qui devait probablement l’abrutir d’ennui, et Myrcella et Tommen étaient auprès de leur mère. Elle avait donc quelques heures tranquilles pour elle, comme elle essayait de s’en ménager régulièrement depuis sa récente maladie. Elle avait initialement compté lire, mais son esprit était trop échauffé après ses recherches du matin, et la broderie semblait la parfaite activité pour se calmer les nerfs en s’occupant les mains. Lady Ella Dondarrion avait de plus demandé à la voir : la peinture à l’aiguille serait un moyen respectable de ne pas être oisive pendant qu’elles converseraient.
Kaithren ignorait pourquoi la dame voulait la voir, mais elle avait fait préparer une petite collation sucrée pour la recevoir. Lady Dondarrion était à la cour depuis peu. Une noble dame de son rang, toujours célibataire au grand âge de 30 ans, voilà qui était rare, et Kaithren devait admettre qu’elle était curieuse de discuter avec elle et de découvrir ce qu’elle avait de si particulier pour se retrouver aujourd’hui dans cette étrange position.
Justement, on annonçait son arrivée. Kaithren fit un signe de tête pour qu’on la laisse entrer, et prit le temps de coucher son fil d’or avant de se lever. Devant elle se tenait Lady Dondarrion, en train d’exécuter une parfaite révérence. Elle nota sa robe dorée, couleur royale par excellence, et surtout, avec un certain effarement, des malles en quantité apportées par ses domestiques. De quoi pouvait-il bien s’agir ?
« Lady Dondarrion. » Elle la salua d’un signe de tête. « Je suis ravie de vous recevoir, je vous en prie, asseyez-vous. »
Kaithren vivait à la cour depuis ses dix ans et elle avait pris mentalement l’habitude de classer les néo-courtisans en trois catégories. Premièrement, il y avait ceux qui étaient là à contre-cœur, venu plaider leur cause auprès du monarque, faire acte de présence après une disgrâce et ployer le genou, mécontents d’être loin de leurs terres, tous ratatinés par l’aura du trône de fer. Deuxièmement, il y avait les maladroits : les pages et nouvellement nommées demoiselles d’honneur, que leur mauvaise maîtrise de l’étiquette ridiculisait, notamment, et que leur innocence mettait parfois en danger au milieu d’un monde de vipères et de faux-semblants. Elle avait une certaine sympathie pour ceux-là, d’ailleurs. Et puis, il y avait les ambitieux. Venus régler un conflit en leur faveur, échanger quelque avantage contre un nouveau titre ou de nouvelles terres, marier leur enfant à quelque parti avantageux… Ils devaient être la catégorie la plus nombreuse. Kaithren se flattait de généralement vite les reconnaître. C’était son rôle de limiter les dommages qu’ils auraient pu faire en se rapprochant trop de Joffrey, Myrcella ou Tommen. Les cas où l’on s’était intéressé directement à elle étaient beaucoup plus rares, mais à en juger par la procession de cadeaux que Lady Dondarrion apportait, il semblait que cela soit le cas, encore qu’elle doute qu’ils lui soient tous destinés.
« C’est fort généreux de votre part. Je n’ai jamais eu le plaisir de visiter les terres de l’orage » - et ce n’était pas aujourd’hui, en pleine guerre, qu’elle allait commencer – « mais je suis curieuse d’en apprendre plus grâce à vous. »
Gageons que ces cadeaux n’étaient pas gratuits. Elle aurait mis sa main à couper que Lady Dondarrion venait chercher un mari à la cour. Le cerveau de Kaithren tournait déjà. La maison Dondarrion était vassale des Baratheon, mais lesquels, exactement ? Renforcer leurs alliances dans la région pourrait être utile, face aux réclamations de Stannis et Renly. Les hommes se battaient avec des épées, mais elles, nobles dames, tissaient leurs toiles à coup de mariage. Elle sourit à son invitée et se rassit, attendant qu’elle lui expose ses cadeaux… puis peut-être, la faveur qu’elle était venu chercher.
| |
| | | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| | |
| |
|