Notre destin se jouerait peut-être aujourd’hui, autour de cette table. Ce n’était pas la première fois que le conseil de guerre était appelé à se réunir depuis le début de notre rébellion, mais aujourd’hui tout changerait. Avec un peu de chance, les décisions qui seraient prises dans les prochaines heures terminerait d’asseoir notre supériorité sur les troupes de Tywin Lannister qui osait affirmer se battre sous l’ordre du roi Baratheon. Aucun étendard orné du majestueux cerf n’avait attiré mon regard sur les champs de bataille pourtant, simplement ceux des lions et de ses familles vassales. Debout derrière mon fauteuil, la mine sérieuse, je regardais les différents seigneurs du Nord et du Trident pénétrer la tente du conseil et prendre place. Un joyeux vacarme résonnait un peu partout alors qu’une symphonie de murmure s’élevait, tel un bourdonnement d’abeille. Je savais que ces hommes dormaient peu et que les journées aux campements pouvaient être particulièrement longues, pourtant, ils avaient tous acceptés de sacrifier quelques heures de sommeils en plus pour répondre à mon appel. Bien sûr, j’aurais pu attendre la levée du jour pour leur demander de venir, mais le secret resterait plus total si le campement endormi ne soupçonnait même pas la tenue d’une telle réunion.
Mon cœur battait à tout rompre alors que des visages qui m’étaient beaucoup plus familier firent leur entrée. Theon Greyjoy, mon fidèle ami et frère de cœur. Rodrik Mormont, valeureux guerrier dont la noblesse de cœur était aussi exceptionnel que son talent avec une lame. Lyanna Mormont, future petite guerrière aux répliques redoutables qui devaient sans doute avoir suivi les membres de sa fratrie dans le but d’apprendre son futur rôle de Lady des îles. Freydis, conseillère spéciale de guerre et âme secrète de mon être. Il était toujours rassurant pour moi de voir ces visages de confiance parmi cette foule de Lord beaucoup plus âgés que nous. Bien sûr, ces-derniers m’avaient élu comme roi, mais ils ne manquaient pas de souvent me faire remarquer mon manque d’expérience lorsque venait le temps de prendre une décision qui ne leur plaisait pas. « Merci à vous tous d’avoir accepté de tenir ce conseil de guerre exceptionnel cette nuit. Je sais que ma demande pouvait vous sembler un peu farfelue, mais je veux que ce qui soit dit ici reste le plus secret possible » Commençais-je à dire alors que de lourdes carafes de vins circulaient entre les différents Seigneurs afin qu’ils se servent un bon rafraichissement. « Tout d’abord, avant de commencer, j’aimerais vous rappeler que le respect entre nous est primordial. Vous pouvez ne pas être d’accord avec les propos qui seront échangés, mais je vous prierais de le dire sans envoyer voler vos fauteuils dans tous les sens. Voilà plusieurs semaines que nous cavalons ensembles, que nous nous battons côte à côte…nous sommes un peuple unis et il est primordial que ça reste ainsi même lorsqu’il y a discorde » Rajoutais-je d’une voix ferme qui ne souffrirait d’aucune contradiction sur ce point.
Invitant les derniers retardataires à s’installer confortablement, j’ai écarté mon propre fauteuil afin d’avoir tout le loisir de bouger comme je le désirais –j’étais rarement capable de rester assis lors de ce genre de réunion- et j’ai désigné l’immense carte de Westeros d’un geste de la main. Un peu partout, des étendards représentants les différentes familles peuplant des Sept-Couronnes décorait ce morceau de cuir savamment illustré. « Il est temps de devenir plus ambitieux, d’élargir nos horizons. Pour le moment, nos victoires contre les Lannister et la couronne font de Joffrey Baratheon la risée de Westeros et certains conseillers m’ont indiqué, à raison, qu’il fallait profiter de notre force pour se chercher de nouveaux alliés. Bien que vaillantes et sans peur, nos troupes sont trop peu nombreuses pour prendre d’assaut Port-Réal » Dis-je en indiquant sur la carte les murailles qui protégeait la capitale. Notre armée possédait en grande quantité des archers et des guerriers de terre, mais aucun navire et un faible nombre de cavaliers. Il nous fallait devenir plus redoutable, beaucoup plus redoutable. « Il ne sera pas dit que la légitimité de l’indépendance du Nord ne sera qu’un feu de paille. Nous sommes le Nord et plus jamais un Lannister ne posera sa main sur notre royaume qui s’étire maintenant de Winterfell au Conflans. Oberyn Martell sera le porteur de notre proposition d’alliance à son frère et même si Dorne décide de ne pas se joindre à la bataille à nos côtés, j’ai la certitude que les Dorniens ne rejoindront pas les troupes royales de la Capitale. Maintenant mes frères, j’aimerais vous entendre sur les alliances possibles que nous pouvons espérer. D’ici la fin de la nuit, je veux envoyer des ambassadeurs de notre message aux quatre coins de Westeros afin de gagner de nouveaux frères d’armes. Nous écrivons l’histoire aujourd’hui messieurs et mes Dames. Tâchons de nous en montrer dignes. » Annonçais-je d’une voix confiante alors que mon regard parcourait l’assemblée, s’attardant une seconde de plus dans celui de Freydis afin d’y puiser une étincelle de courage supplémentaire. « Oh et il est hors de question qu’on laisse croupir des Nordiens plus longtemps à Port-Réal. Je compte envoyer quelques hommes dans la Capital récupérer mes sœurs ainsi que les soldats de mon père qui auront été fait prisonnier…s’il y en a. J’ai conscience que c’est une mission périlleuse, mais on n’abandonne jamais l’un des nôtres…jamais » Terminais-je avec un sourire décidé. « Il est temps de montrer à Joffrey que le l’Hiver vient » Sifflais-je avec ferveur en tapant mon poing sur la carte, faisant ainsi tomber l’emblème du cerf et du lion de Port-Réal.
Il faisait encore nuit lorsque Robb convoquait les bannerets et ses alliés pour un conseil de guerre. La louve des glaces n'avait pas dormi. Tâchant de surveiller le campement à travers les yeux de Skaï. La confrontation avec les Karstark et le bâtard de Fort-Terreur en plus des révélations de Theon sur la mort probable de Robb l'empêchait de dormir. Trop inquiète pour le roi du nord. Il y avait aussi cette culpabilité qu'elle ressentait envers Rodrik. Bref, elle s'était retrouvée a avoir le même rôle que Vent-Gris cette nuit. Lorsqu'elle revint à elle, Freydis se releva avec précaution, la tête lui tournant au point de tomber sur les genoux en se relevant. Une fois sur ses jambes, elle se dirigea vers la tente principale du campement des Nordiens.
C'est toujours avec une assurance qui lui appartenait bien, qu'elle passa l'entrée. Ignorant le regard noir de ce foutu Karstark. Elle avait autre chose à faire que de commencer une dispute maintenant. Affichant un mince sourire à Robb, Rodrik et Lyanna en guise de salutation, elle prit place dans le fauteuil qu'elle occupait habituellement. Tout comme les autres, elle écoutait attentivement le roi parler. Retenant un regard qui scruterait avec envie chaque partie du corps du jeune loup. Ce n'était pas le moment d'avoir des pensées brûlantes dans la tête ! Concentrée sur ce qui était dit, la louve observa un instant la carte.
L'armée manquait d'hommes. Et il se trouvait que Freydis connaissait un lieu remplit de guerriers. Oh, elle savait très bien que son idée serait très mal accueillie, mais elle devait au moins le tenter. Face au silence qui suivit la fin de la phrase du jeune loup, elle se leva.
« Je connais un endroit où il y a des guerriers qui ne craignent ni la mort, ni la douleur. » Fit la louve des glaces en balayant les visages de son regard, avant de poser son index sur la carte, indiquant le véritable nord. « Mon peuple soutiendrait un roi si celui-ci leur donnait ce qu'il attendent depuis longtemps : Pouvoir franchir le Mur et vivre au lieu de survivre. » Fit-elle d'une voix claire.
Déterminée, elle l'était. Lançant un regard à Robb, Freydis continua en regardant les autres. Elle ne se laissa pas se déconcentrer en entendant des murmures et des soupirs.
« Je sais que ce que vous pensez des Sauvageons. Mais, nous ne sommes pas des monstres. Pas quand quelqu'un nous tend la main. » La jeune-femme adresse un regard appuyé à Lyanna et Rodrik. « Et avant d'être des Sauvageons, ils sont avant tout des Nordiens. »
Freydis finit par lâcher une bombe qu'elle avait déjà dévoilé à Robb et aux Mormonts.
« Le peuple libre est en train de se réunir dans un seul clan. Mance Rayder, le "roi d'au delà du mur" leurs à promis le Sud. Et croyez-le ou non, ils passeront ce Mur avec un but bien précis : détruire tous ceux qui les ont méprisés. » Lança t-elle. « Mais si un nouveau roi décide de les laisser passer... Ils abandonneront Mance Rayder pour le suivre lui. » Elle resta un instant silencieuse puis termina par une phrase simple. « La loyauté d'un Sauvageon n'a aucun égal. »
❝ Père Castor raconte-nous une histoire. ❞L'heure de réécrire l'histoire Un Conseil de guerre la nuit. Quelle idée. On pouvait pas faire ça le matin comme des gens normaux ? Ou même le midi devant un bon rôti. Tout le monde a les idées claires, tout le monde est content. Tout va bien. Mais la nuit. C'est fait pour dormir nom d'un barral. C'est d'ailleurs ce que je faisais lorsque Rodrik est venu me réveiller. J'ai eu le temps d'enfiler une tenue digne d'une lady, par contre pour les cheveux... Ils sont brossés et propres c'est déjà ça. J'ai suivie Rodrik jusqu'à la tente, faillant trébucher à plusieurs reprises sur des cailloux. C'est chouette qu'il y soit convié lui aussi à cette réunion. Il mérite tellement plus de responsabilités. Un bref signe de tête envers Robb, un mince sourire à Theon. Je me laisse tomber dans une chaise, écoute d'une oreille qui se veut la plus attentive possible, les propos de Robb. Rien de nouveau sous le soleil, ou plutôt la lune vue l'heure. Je laisse ma tête tomber contre l'épaule de Rodrik, dans mes souvenirs c'était une épaule un peu plus haute et baraquée, mais tant pis. Il se lève. Enfin elle se lève. Désolée Freydis. Je repose ma tête contre son bras. Elle est plus confortable que prévu.
En temps normal j'aurais sûrement percuté bien plus rapidement l'ampleur de ce que proposer Freydis. Peut-être même anticipé. Mais avec le manque de sommeil je mets un moment avant de me redresser, me frotter les yeux et regarder Rodrik. Qu'est ce qu'il en pense ? Qu'il soit pour ne m'étonnerait pas. Je le suis aussi en réalité. Pour. Une alliance avec les sauvageons ne nous serait que profitable, et si Jon avait réussi, Robb y arriverait sans problème. Mais devrions-nous vraiment nous positionner si rapidement ? Que ferait maman ? Elle la soutiendrait, je pense, sans hésiter. Je pose une main sur le bras de Freydis.
"La Maison Mormont soutient Freydis vis-à-vis de cette proposition. Si le Nord veut vaincre le Sud, il se doit d'être uni, ce n'est pas en ignorant de potentiels alliés et avec l'esprit coincé dans de vieux préjugés sans fondements qu'il y arrivera." :copyright: 2981 12289 0
Les nuits étaient courtes pour la majorité des hommes qui se côtoyaient dans le campement du jeune loup. Elles l’étaient encore plus pour certains, lorsque dans le plus grand secret qu’il était possible de tenir dans de telles conditions, se réunissaient une poignée de guerriers. Theon aurait dû être ravi d’avoir une raison de ne pas passer quelques heures supplémentaires à se crever le cerveau dans la noirceur de sa tente. Il se ruait sur n’importe quelle opportunité de se changer les esprits comme un clochard sur un quignon de pain sec. Cette opportunité ci, toutefois, lui semblait peu à même d’aider en quoi que ce soit les fantasmagories qui lui rongeait le crâne.
Avec toute la réserve qui l’entourait depuis maintenant plusieurs semaines, il s’était glissé avec d’autres figures toutes connues dans la tente où se tenait le conseil. Il n’avait pas de suite prit place autour de l’imposante table de bois, perdu par la familiarité de la scène qui semblait venir de si loin. Certains détails étaient différents, beaucoup même. Préférant refouler cette sensation désagréable, Theon chassa ses pensées sinistres pour mettre son état sur le compte de l’épuisement qui l’étreignait. Mué dans le silence, sans prendre trop garde aux murmures que s’échangeaient ses voisins, il finit toutefois par s’assoir. L’envie de s’avachir sur la table était tentante, il évita cependant de le faire pour garder le dos droit contre son dossier qui n’avait pas grand chose de confortable. Son regard vagabondait sur la carte décorée des divers emblèmes des maisons. Avec un soin particulier, le Fer-né faisait de son mieux pour ignorer Rodrik Cassel (dont la présence lui donnait encore la chaire de poule) et Roose Bolton. Sans grande surprise même pour lui-même, il n’avait pas mit ses idées d’assassinat du desespoire à exécution. Encore. Ce n’était pas dans les heures qui suivraient qu’il le pourrait. Pourtant Roose était innocent. Il ne pouvait être accusé pour un rêve au relents trop réalistes et les nombreux on-dit que certains hommes s’échangeaient. Il ne voulait pas s’imaginer ce qu’on lui réservait à lui pour ses propres chimères de trahison.
Theon se pinça l’arête du nez machinalement alors que Robb prenait la parole, faisant taires les quelques bavardages qui avaient encore lieu. Chacun porta son attention sur le roi du Nord et très vite le Fer-né rejoignit ses compagnons attablés dans cette dévotion silencieuse. Il ne prit pas la peine de singer les quelques acquiescement solennel qui se partagèrent au fur et à mesure que Robb expliquait la situation. Theon daigna malgré tout porter son attention sur le Westeros miniature dessiné sous leurs yeux, faisant des efforts pour suivre le monologue de son frère. Prendre d’assaut la capitale lui semblait un fantasme bien lointain maintenant qu’il lui avait semblé vivre tant d’années en un claquement de doigts. Il n’était plus aussi sûr de leur réussite qu’avant mais garda ses réserves pour lui.
Le poing que Robb frappa sur la table le fit davantage réagir que les idées d’alliances qu’il proposait. Ses souvenirs préféraient enfouir celle qu’il avait fait échouer de son plein gré dans une autre vie et il n'envisagea même pas l’idée de proposer la flotte des Îles de Fer pour grossir les rangs du Nord. Theon se redressa mollement sur son siège, préférant attendre que plus courageux que lui n’ose prendre la parole après le discour dont ils venaient d’être témoin. Sans grande surprise, ce fut Freydis qui rompit le bref silence qui s’était installé pour évoquer une théorie des plus farfelues. L’idée n’était pas mauvaise en soi. Simplement bien trop utopique aux yeux de Theon, même avec si peu d’heures de sommeil dans le nez. Il resta silencieux, ses yeux passant d’un étendard à un autre, attentif aux paroles de la jeune femme. La pauvre s’embourbait dans ses propres réflexions malgré toute le charisme qui l’entourait. Les négociations risquaient d’être difficiles et connaissant la verve et l’entêtement de la sauvageonne, certains allaient devoir prendre sur eux pour ne pas envoyer voler des fauteuils.
Il fut cependant plus difficile pour Theon de cacher son étonnement aux paroles de la toute jeune Mormont. Sa place dans la petite assemblée privée n’était pas à remettre en question, malgré son âge elle s’était déjà forgé une réputation égale à celle que couvait les habitants de l’Île aux Ours. Vive d’esprit, sévère et réfléchis, elle et ses soeurs restaient des alliées de poids aux côtés de Robb. C’est pourquoi il s’était imaginé que si quelqu’un devait protester aux paroles de Freydis, ça serait elle. Ce n’était un secret pour personne au Nord que l’Île aux Ours était la première à devoir faire face à la sauvagerie du peuple libre de par son accessibilité. Ca ne les avait toutefois pas empêcher d’en accueillir deux membres parmis eux.
Préférant rester sagement assis, Theon prit la peine de se redresser sur son séant pour exprimer son avis à son tour. « La loyauté d’un sauvageon n’a aucun égal sauf si une meilleure offre se présente à lui, donc ? Qu’est-ce qu’il adviendra si l’armée du Nord est mise en difficulté ou si on leur fait de nouvelles promesses ? Ils trahiront Robb comme ils auraient trahit Mance ? » Beaucoup d’hypothèses pour pas grand chose, il fallait en convenir. « Les sauvageons sont nombreux derrière le mur. Pourquoi voudraient-ils se battre main dans la main avec leurs ennemis de toujours ? Et si jamais ils décidaient de se rebeller contre nous, je ne pense pas qu’ils auraient beaucoup de difficulté à nous écraser non plus. Surtout s’ils ne craignent ni la mort, ni la douleur. » Et surtout si leur loyauté était assez fragile pour céder au premier gus venu balancer des promesses à qui voulait les entendre. « Mais avant même de réfléchir à tout ça, comment est-ce que tu pourrais les convaincre ? Car ils ne prendraient pas même la peine d’écouter un étranger. Tu serais forcément le porte parole du roi. » Theon prit le temps de s’humidifier brièvement les lèvres. Son propre discour était décousu. « Tu les as quitté pour le confort qu’offrait le sud. A moins que je ne me trompe, tu n’es personne là-bas. Il n’y a que Mance Rayder qui fasse réellement preuve d’autorité, c’est cela ? Alors pourquoi décideraient-ils d’écouter une fugitive ? Un peuple se laisse difficilement convaincre par l’absence d’un pair. En fait, je doute que tu puisses revenir un jour de ce voyage, si jamais tu devais l’entreprendre. » Et plutôt que de gagner une alliance qui n’avait de réalisable que les jolis mot que Freydis voulait mettre dessus, ils perdraient une guerrière au potentiel important.
Roose Bolton s’était toujours considéré comme un homme profondément loyal. Lorsque le roi du Nord avait appelé ses hommes à prendre les armes contre celui que Ned Stark avait désigné comme le bâtard de Port-Réal, il n’avait pas hésité une seule seconde et avait répondu présent à l’appel. En fait, il était fort à parier que les hommes les plus loyaux envers le jeune loup recevraient des gages en signe de reconnaissance lorsqu’il deviendrait le nouveau maître de Port-Réal et il était hors de question que le Lord de Fort-Terreur laisse filer une telle chance entre ses doigts. Le petit loup était un Stark, jamais il ne voudrait régner à partir de la Capitale et il était fort à parier que le siège des Sept-Couronne change de royaume pour s’établir à Winterfell. Le vieux Bolton s’imaginait bien diriger Port-Réal ou même Castral Roc plutôt que Fort-Terreur qu’il laisserait certainement à son bâtard.
Bien éveillé contrairement à biens des bannerets, il entra de façon énergique dans la tente de commandement vêtu de pied en cape et observa avec amusement tous les visages figés et blêmes par la fatigue. On pouvait aisément deviner qui était à leur première guerre et qui avait déjà servi dans une armée. La fatigue n’avait pas sa place dans le cœur d’un guerrier, encore moins lorsque ledit guerrier était un Nordien! L’œil glacial du chef de famille analysa les sièges qui restaient de disponibles et choisi de rester debout près de la table, près du siège royal. De là, il pourrait avoir une vue d’ensemble sur le reste de la tente et juger les clans qui se formeraient. En effet, il était utopique de croire qu’une telle rencontre martiale pouvait se faire sans soulever l’ardeur de certains et il voulait profiter du chaos qui règnerait pour s’élever.
Le discours du jeune loup était salvateur, bien structuré et malgré quelques coquilles, on pouvait aisément voir la ferveur s’éveiller dans le regard ensommeillé des gens présent. Immature et inexpérimenté, on devinait par ce genre d’éclat que le sang des anciens rois du Nord sommeillait vraiment en lui, chose rassurante pour ceux qu’il gouvernait. La parole vint ensuite aux troupes, le roi voulait des idées d’alliances, des plans pour l’avenir et une vision plus claire de ce qui se préparait. Sage décision. Roose avait plusieurs idées, mais il était curieux de voir qui briserait la glace en premier, qui serait assez assoiffé de reconnaissance pour tenter de se mettre devant les autres. Évidemment…ce fut la sauvage qui parla. Rien d’étonnant. Vrillant son regard sur elle, il l’écouta avec un sourire sardonique plaqué sur son visage alors qu’elle dressait un portrait des précieux alliés que pouvaient être les sauvageons. La jeune Mormont se leva ensuite pour dire que sa famille soutenait leur petit animal de compagnie. C’était mignon venant de la part d’un peuple massacré depuis des années par les sauvageons.
Finalement, le jeune Greyjoy osa contredire la chose qui se prétendait femme et l’interrogea sur la loyauté absurde qu’elle accordait au peuple qu’elle avait elle-même trahi. Qui aurait pu croire le petit pupille de Ned Stark aussi incisif? On aurait pu croire qu’il servait simplement de chien de compagnie, mais non! Roose se rapprocha de Theon et déposa ses mains sur ses épaules tout en fixant le roi.
Je comprends la volonté qu’on certains de rallier leur peuple, mais il faut se montrer astucieux. Ne vient-elle pas elle-même d’avouer que les sauvageons préparent un soulèvement contre le mur et tous ceux vivant derrière? Que si vous leur offrez notre monde, ils trahiront Rayder? Les Lannister leur promettront d’avantage dès qu’ils apprendront aussi facilement qu’ils sont achetables!
Lord Bolton disait chaque mot avec un calme glacial alors qu’il planta son regard dans celui de Freydis sans se départir de son sourire.
Ils ne craignent ni la douleur, ni la mort, mais ils veulent traverser le mur pour survivre? Il est intéressant de voir votre discours se contredire de phrase en phrase. Votre peuple? Je pensais que vous étiez devenue une Mormont par adoption, c’est ainsi que vous cracher sur leur bonté? Je suis sûr que Mance Rayder ne serait pas d’accord avec votre phrase larmoyante sur la loyauté sans égale d’un sauvageon vu que vous annoncez ouvertement une intention de trahison.
Relâchant les épaules de Theon, Roose écarta légèrement les bras en se rapprochant de la table afin de voir tous ses alliés dans le campement du jeune loup. Certes, il avait remarqué l’attitude étrange de certains d’entre eux dernièrement, mais il s’en moquait, rien n’allait l’empêcher de faire valoir ses idées aux rois.
Le mur est loin, les sauvageons encore plus et ils ne laisseront jamais un ambassadeur du jeune loup les approcher suffisamment pour parler d’une potentielle alliance. Surtout qu’il faudrait aller les voir un à un puisqu’ils n’ont pas de leader qu’ils respectent suffisamment pour ne pas trahir. Nous n’avons pas de temps ni d’homme en trop à aller faire tuer au-delà du mur. Ce qu’il nous faut, c’est des soldats, des hommes prêts à se soulever contre la Capitale. Il nous faut une flotte et ça aurait été impossible de compter sur les îles de fer sans notre jeune ami. Envoyons Theon Greyjoy en émissaire auprès de son père pour les rallier à notre cause. Ils n’aiment pas les Stark vu leur passé commun, mais ils suivront leurs héritiers s’il sait se montrer convainquant. Les Fer-né sont de redoutables guerriers et leurs navires sont de loin les plus rapides et dangereux.
Sans même jeter un regard à Theon, le vieux combattant continua d’exposer ses idées d’une voix inflexible.
Envoyez Lyanna Mormont charmer Robert Arryn suffisamment pour qu’il ordonne ses cavaliers de se battre aux côtés du Nord avant que les Lannister ne tente de marier sa mère à un de leur pantin. Il faut cesser de viser petit, nous devrions rallier Renly Baratheon à notre combat. Il est moins légitime que Stannis, mais il possède les forces de Hautjardins et plus de 100 000 soldats. Mais avant tout, il faut nous occuper des Frey et de leur traitrise. On a besoin des Jumeaux, mais pas de traitres qui se laissent acheter par l’or des Lannister!
Roose trouvait l’inaction du jeune loup étrange depuis la fuite de Jaime Lannister, mais peut-être était-ce seulement parce qu’il n’avait pas partagé ses intentions avec ses conseillers. Il était maintenant temps de le faire.
Il y avait un temps pour toute chose et à présent était venu celui de se concentrer sur la guerre, les alliances et les aboutissants. Rodrik n'était pas la meilleure personne indiquée pour parler stratégie. Il n'était que les bras, défenseur de l'Île-aux-Ours, exécuteur des ordres de Maege, sa tante. C'était à Lyanna, petite dernière au caractère déjà bien affirmé que revenait le travail du cerveau. Freydis, élue conseillère de Robb pendant son absence pour ramener Lady Stark à Winterfell, serait également présente. Douce Freydis, impitoyable Freydis. Il avait finit par aimer la sauvageonne un peu plus que de raison.
Le conseil se tenait en pleine nuit, conseil exceptionnel s'il en était. Il avait du entrer dans la tente de Lyanna pour venir la réveiller en toute discrétion. Il savait que rien ne sortirait du campement Mormont. Lyanna était encore à moitié endormie, pauvre petit enfant. Il l'aida à se rendre jusqu'à la tente du Roi du Nord et resta assit à ses côtés lorsque la discussion commença. D'autres seigneurs importants se trouvaient autour de la table dont Lord Bolton. La discussion avança. Ils avaient Dorne à leurs côtés ou en tout cas ne les avaient-ils pas contre eux. Sans doute serait-il aisé aux Stark de consolider une alliance avec le Val et de leur emprunter quelques cavaliers, peut-être quelques oiseaux de proie, archers et pourquoi pas, de l'or afin de permettre à l'armée de Robb Stark de s'assurer la longévité suffisante pour atteindre leur but ?
Lorsque Freydis commença à parler, il cru au départ qu'elle parlait de l'Île-aux-Ours dont elle faisait à présent partie et de leurs valeureux soldats. Au lieu de ça, elle suggéra une alliance avec les sauvageons au dela du mur. L'envie de protester était bien présente, pas seulement parce qu'une partie d'entre eux avaient déjà tués nombre de ses amis et violer des femmes de l'île, brûlant parfois l'une ou l'autre maison dont la reconstruction était impossible en raison des trop grandes pertes par rapport à leurs ressources monétaires mais surtout parce que les autres peuples du Nord ne voudront pas, pas plus que ceux avec qui ils cherchaient désespérément des alliances. Elles étaient déjà assez faibles comme ça, par moment tout ne tenait qu'à un fil et il n'était pas sur que rajouter des sauvageons dans l'équation soit une bonne idée en vue des mentalités de Westeros. Si lui était parvenu à oublier les généralités en adoptant Freydis et sa fille parmi eux, il en était tout autre des autres maisons. Jamais une grande maison aux traditions solides comme le Conflans n'accepteraient de s'allier aux sauvageons même pour les belles boucles du Roi du Nord. Créer une alliance avec les sauvageons mal armés et pas entrainé pour ce genre de guerre reviendrait à renoncer à d'autres alliances à l'avenir plus brillant. Mais étrangement, Lyanna approuva ce plan. Qui était-il pour contredire ses paroles ? Elle était son supérieur et il se contenta de froncer un peu les sourcils, surpris par la décision de la petite ourse.
Rodrik n'avait pas confiance en les hommes qui ne craignaient ni la douleur ni la mort. C'était deux choses indispensable pour faire avancer le peuple ce qui ne signifiait pas qu'il fallait se planquer dans les jupes d'une mère dès que l'un pointait le bout de son nez. Ne pas craigner et accepter était deux choses complètement différentes. Rodrik craignait la mort et ce qu'elle pourrait lui retirer. Il n'avait aucune envie de laisser Harald seul derrière lui, il craignait pour son peuple et tout ceux qui lui étaient chers à savoir pratiquement tous les habitants de l'île. Mais si la mort se présentait à lui sans lui laisser d'autre choix, il l'accepterait volontiers plus encore s'il savait que ce qu'il avait fait jusque la était ce qu'il y avait à faire.
Etrangement, et celui lui semblait tout aussi étrange pour lui, il était d'accord avec les paroles de Lord Bolton. Que pouvait-il ajouter à tout cela ? Il leur fallait consolider des alliances possibles plutôt que de perdre du temps à tenter des alliances incertaines. En temps de guerre, il ne fallait pas négliger le facteur temps.
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Notre destin se jouerait peut-être aujourd’hui, autour de cette table. Ce n’était pas la première fois que le conseil de guerre était appelé à se réunir depuis le début de notre rébellion, mais aujourd’hui tout changerait. Avec un peu de chance, les décisions qui seraient prises dans les prochaines heures terminerait d’asseoir notre supériorité sur les troupes de Tywin Lannister qui osait affirmer se battre sous l’ordre du roi Baratheon. Aucun étendard orné du majestueux cerf n’avait attiré mon regard sur les champs de bataille pourtant, simplement ceux des lions et de ses familles vassales. Debout derrière mon fauteuil, la mine sérieuse, je regardais les différents seigneurs du Nord et du Trident pénétrer la tente du conseil et prendre place. Un joyeux vacarme résonnait un peu partout alors qu’une symphonie de murmure s’élevait, tel un bourdonnement d’abeille. Je savais que ces hommes dormaient peu et que les journées aux campements pouvaient être particulièrement longues, pourtant, ils avaient tous acceptés de sacrifier quelques heures de sommeils en plus pour répondre à mon appel. Bien sûr, j’aurais pu attendre la levée du jour pour leur demander de venir, mais le secret resterait plus total si le campement endormi ne soupçonnait même pas la tenue d’une telle réunion. 
Roose Bolton s’était toujours considéré comme un homme profondément loyal. Lorsque le roi du Nord avait appelé ses hommes à prendre les armes contre celui que Ned Stark avait désigné comme le bâtard de Port-Réal, il n’avait pas hésité une seule seconde et avait répondu présent à l’appel. En fait, il était fort à parier que les hommes les plus loyaux envers le jeune loup recevraient des gages en signe de reconnaissance lorsqu’il deviendrait le nouveau maître de Port-Réal et il était hors de question que le Lord de Fort-Terreur laisse filer une telle chance entre ses doigts. Le petit loup était un Stark, jamais il ne voudrait régner à partir de la Capitale et il était fort à parier que le siège des Sept-Couronne change de royaume pour s’établir à Winterfell. Le vieux Bolton s’imaginait bien diriger Port-Réal ou même Castral Roc plutôt que Fort-Terreur qu’il laisserait certainement à son bâtard. 
