les crimes de nos pères

De nouveau en mer, le vent fait claquer l'immense voile noir portant le dragon rouge tricéphale, emblème des Targaryen. Nous voguons vers Peyredragon, fief ancestral majestueux, lieu de sa naissance. Pas étonnant que les dieux aient provoqués une immense tempête pour agrémenter sa venue au monde, elle va changer la face de ce monde. Et, part de ce fait la vie des hommes qui y demeureront. La mienne l'est déjà … Main de la reine, qui l'aurait cru lorsque je voguais sur cet même eau planqué dans une caisse au milieu de mes propres excréments. Tout espoir perdu en moi après mon patricide, après avoir été esclave et mené à elle telle un cadeau. C'est elle qui m'en a offert un, et de taille, une nouvelle vie à défendre une cause juste, Sa cause. De toutes les personnes comportant ma famille j'étais l'être ignoble, l'infâme nain qui a tué sa mère. Aujourd'hui je suis le seul à servir un monarque digne de régner. Mon frère fut le premier, en étant garde royal d'Aerys le père de ma reine,à servir un fou et cruel roi qui l'a conduit à se déshonorer en tant que régicide. Ensuite mon père, mon très cher père, qui a été la main de son morveux de petit fils aussi cruel et vicieux que le premier. Et enfin ma sœur … la pire de tous, en devenant reine des cendres, à la fois crainte et détestée de tous. Je m'en tire pas trop mal ma foi.

Alors que je suis sur le pont, l'écume caressant mon visage, j'admire les trois dragons qui nous survolent. Majestueux,féroce et mystique, j'ai tellement rêvé depuis ma plus jeune enfance de n'en voir ne serait-ce qu'un, et me voilà à cet instant avec la mère des dragons. D'ailleurs je reprends mes esprits et décide d'aller lui enjoindre une petite visite dans sa cabine afin de discuter de la marche à suivre lorsque nous serons arrivés à sa patrie.je descends les marches du pont supérieurs et me dirige en fond de cale en direction de l'arrière du navire, là où ma reine tiens ses appartements privés. Arrivé devant sa porte gardé par deux immenses dothrakis, je leurs fait signe d'avertir leurs reine de ma visite. Un des sauvages toc à la porte et après un bref entretien avec la personne se trouvant à l'intérieur, me fait signe non gracieusement d'entrer.

Je passe le pas de la porte et aperçois ma reine dans ses appartements. Elle porte une robe somptueuse digne des grandes souveraines. Ses cheveux sont d'une blancheur de neige subjuguante. Quel grandeur pour une si petite femme. Après tout je ne suis pas bien grand voire minuscule, et j'ai su pourtant survivre à Port-réal. La taille importe peu quand on a la sagesse et l'intelligence mais par dessus tout la foi. Tandis que je m'avance, je scrute par derrière son épaule, à travers la fenêtre, la nuée de navires qui nous suit, un essaim de dragons de bois à perte de vue. Je me dirige vers elle attendant qu'elle me fasse signe de m'asseoir en accord avec la procédure et en signe de respect. A ce même moment mon esprit se retrouve torturé par une idée, boire une coupe de vin. Avec délicatesse, tout en essayant de rester discret, je tente de capter du regard une carafe, une coupe, un pichet remplis de ce doux breuvage fermenté et sucré. Et plus je n'arrive à le distinguer et plus mon regard exprime cette volonté qui m'est propre et toute simple : je veux boire du vin.

           Le doux breuvage qu'elle venait de si admirablement me servir glisse au fond de ma bouche et en réchauffe ma gorge de part son goût âpre. le tout accommodé de ces quelques mots de ma reine:

- Lord Tyrion, que me vaut l'honneur de votre visite, vous main de la reine Daenaerys, en plein mer."

Son visage étincelant davantage de part sa mine souriante masquant je présume certainement, ses pensées craintive concernant la suite de nos plans. l'humour qui masque la peur, le doute ou encore la nervosité, je ne sais au combien trop le reconnaître. en digne Main que je suis et aussi plus officieusement parce que je la vénère, je décide de lui répondre par le même stratagème:

"Ma reine ...comme vous l'avez si bien remarqué, nous sommes en pleine mer ...  il en ai logique que je viens à vous dans le but de vous proposer une partie de pêche royale."

tout en lui affichant un sourire complice, je retourne à mon breuvage fort savoureux.
si savoureux qu'il ne m'en reste une seule goutte. dois-je me resservir où va t'elle de nouveau deviner mes désirs de boisson. je repose mon verre sur la table qui nous sépare tout en donnant une mince et douce pichenette sur le bord qui émet un léger son de tintement.
comprendras t-elle l'appelle? très certainement je présume. j'ai toujours trouvé que de lancer de grande discussion était un appel à servir à boire. Ainsi donc, je décide de l'y lancer promptement.

"Les poissons peuvent attendre cela dit ... comme je vous l'ai dit à Meereen, mon conseil est vôtre... à tout jamais. boire et parler ou encore parler et boire sont ce que je fais de mieux... ma reine. Vous devez très certainement vous posez de nombreuses questions sur votre stratégie à adopter lorsque nous arriverons. je suis ici pour y répondre ou du moins ... y essayer du mieux que je puisse"

Un cours instant mon esprit me répète incessamment les mêmes mots: ma gorge est sèche...

Ma petite allusion à la pêche lui a fait esquisser un sourire… m’en voilà fort aise. Elle étincelle davantage de sa beauté lorsqu’elle affiche son sourire d’une si ensorceleuse clarté qui m’émeut à chaque fois. Elle ne s’en doute pas mais je l’aime… non pas comme on aime une femme, cela va bien au-delà, je l’aime comme une reine, LA vrai reine. L’instant agréable disparaît en un éclair et je remarque son front s’assombrir. Serait-elle rongée par une pensée qui lui tort les entrailles ?
Tandis qu’elle me ressert une coupe et ainsi accède à ma principale volonté en cet instant, je me retrouve face à ce fameux problème qui la tiraille dont je me faisais l’idée.

« Est-ce preuve de faiblesse que de craindre ce qui nous attend une fois à Peyredragon. Attention, je ne crains personne, mais je crains plutôt pour toutes ses personnes qui ont placé leur confiance en moi. Je ne veux en aucun cas les décevoir comme mon père a pu le faire durant son règne. »



Je ne peux m’empêcher d’esquisser un léger sourire du coin des lèvres. Encore une preuve de sagesse de sa part. Elle a tout ce qu’il lui faut pour conquérir les sept couronnes : une armée, des navires, des conseillers, des alliés, elle aurait de quoi jubiler et se sentir invincible et pourtant, elle exprime en premier lieu une crainte. Une crainte bien réelle et légitime mais que nuls autres monarques établiraient s’ils étaient à sa place aujourd’hui. Les destins des frères Baratheon me revient un cours instant en tête en pensant cela.

« De la sagesse et non de la faiblesse ma reine. Je n’ai pas connu votre père, mais je me dis qu’il n’était pas si différent, du moins en termes de cruauté, que le mien, qui l’a longtemps servi d’ailleurs avant de le trahir. Or je ne suis pas mon père et pour la bonne raison que je ne servirai pas quelqu’un comme le vôtre. J’ai l’intime conviction que vous n’êtes pas lui et ne le serais jamais. Rien que votre intérêt pour ceux que vous comptez guider en atteste du contraire ma reine ».

J’espère au fond de moi que cette réponse a suffis à effacer ces bribes de doute. Après qu’elle eu bu une gorgée de son vin comme pour chasser cette idée. Une chose que nous avons en commun sur ce coup. Elle plonge son regard sur moi et me demande :

« Lord Tyrion, ne craignez-vous pas de vous retrouver de nouveau face à face avec votre frère et votre soeur ? ».

Une question bien épineuse, mais légitime. J’ai partagé le foyer et le vin avec ses principaux ennemis et même si Cersei, sa principale rivale, a voulu me voir mort autant de fois que je ne puisse en compter, je garde cependant avec elle les liens du sang. J’avale une lampée de vin et lui répond :

« Nous aurions eu cette discussion en d'autre temps plus ancien, je vous aurai dit qu’il ne m’aurait pas couté plus grande réjouissance que cela pour admirer leur déconvenue, du moins concernant ma sœur. En ce qui concerne mon frère, il est le seul dans ma famille en qui j’ai pu faire confiance et avoir un soutien dans une famille qui m’a jugé coupable de la mort de ma mère dès mon arrivée en ce monde ».

Je garde un léger silence pour boire une nouvelle gorgée et termine :


« Mais tout à changer depuis que j’ai tiré ces deux traits d’arbalète sur mon père. Mon frère sera peut-être la clé pour trouver une issue pacifique qui serait le plus adéquat pour nous tous et davantage les habitants de Port-réal. A ce jour, tout ce qui m’importe, c’est d’écarter Cersei du trône pour y voir siéger, non pas pour mes états d’âme concernant celle-ci mais parce que je crois en vous… ma reine ».

              Je m’apprête a de nouveau porter ma coupe à ma bouche lorsque que je constate avec désarroi, que celle-ci est déjà bien vide. Y aurait-il un trou dans cette maudite coupe pour qu’elle se vide aussi vite sans que je m’en aperçoive ? au fond de moi je savais qui l’incarnait.

Elle se targue gentiment de moi en riant face à ma mine décrépite qui plonge son regard dans la coupe vide. Mon alcoolisme fait au moins sourire quelqu’un. Quoi de plus satisfaisant que se soit ma reine. Elle reprend son expression sérieuse pleine de sincérité pour ajouter :


« Le bien-être du peuple est tout ce qui m'importe. Je veux délivrer Westeros du tyran qu'est votre soeur comme j'ai libéré les esclaves de la baie des Serfs. Je suis honorée que vous croyez en moi et en mes actions, et c'est d'ailleurs pour ça que vous êtes ma main, car vous savez quand il est nécessaire de me dire qu'une alternative est possible, là où je ne vois parfois que la mort. »


Sa bonté et sa transparence me touche, au plus profond de mon cœur. N’a-t-on jamais vu pareil monarque inspiré tant d’amour et de dévotion malgré la crainte qu’elle se doit aussi d’incarner si elle veut être respectée comme reine légitime. Je ne peux qu’afficher une grande admiration pour elle, mes yeux s’emplissent d’une clarté à son encontre impossible d’être dissimulé. Ce sentiment effrayant que je n’ai connu que deux fois dans ma vie, de s’abandonner tout entier à ce que représente cette femme. J’en ai atteins le sommet au fil de ma découverte de Daenerys Targaryen.

Je me redresse sur mon fauteuil pour me donner un air plus respectable et solennel en tant que conseiller, jetant un rapide coup d’œil vers l’insigne doré accroché sur ma poitrine, et prends la parole tout en faisant glisser avec délicatesse ma coupe pour la rapprocher du pichet de vin.


« Je vous l’ai juré depuis ce jour où vous m’avais honoré de ce titre, mon conseil est votre… à tout jamais. Concernant ma sœur, nous sommes tout deux d’accord que son règne doit prendre fin. Mais il en va de l’avenir de tous de la façon de procéder. Si vous voulez briser la roue, délivrer le peuple et leur offrir la paix, ce ne sera pas en choisissant l’option de la mort. Croyez-en mon expérience en matière de meurtre, la mort n’entraîne que le chaos. »


J’effectue une courte pause, submergé par les souvenirs qui prennent possession de moi, et qui me hanteront jusqu’à la fin de mes jours.


« J’ai tué mon père comme vous le savez. Je me vengeais de l’affront qu’il ma causé durant toute la première partie de mon existence, et après cela pour apporter un certain réconfort à mon esprit tourmenté par ce patricide, je me suis dit qu’en quelque sorte je libérais le monde d’un tyran.
La suite nous la connaissons tous les deux, sa disparition a causé l’apparition d’un autre tyran bien plus odieux et machiavélique. J’avais dit un jour à ma sœur… quand on se débarrasse d’un ennemi… on s’en créer deux de plus… »

Je ne pouvais masquer la honte que me provoqué l’énumération de mon crime punit par les dieux. Elle reste à m’observer et je sens mon âme percer à jour en cet instant troublé. Afin de ne point laisser ce marasme ambiant nous dominer, je lui ajoute d'un air malicieux :


« Que vous avais-dit qu’il nous faudrait en plus grande quantité pour que je vous parle de l’assassinat de mon père ? »

Tandis qu’elle me ressert affectueusement du vin dans ma coupe et remplis de même la sienne, elle me fait part de ses craintes concernant ma terrible sœur quant au dénouement de notre réussite. Il est vrai que ma sœur n’abdiquera jamais, le mot allégeance n’existe que pour son seul nom et celui de ses enfants. Les ayant tous perdus dans des événements désastreux, je gage que la raison l’ait quitté totalement. Néanmoins je garde espoir sur une chose et je lui en fait part :


« Je vais être lucide et honnête envers vous ma reine, Cersei anéantira chaque personne de Port-réal jusqu’au dernier si cela lui donne la possibilité d’y conserver le trône. Mais justement, cette cruauté qui fait sa force, peut devenir une faille si nous jouons finement la partie. Son pouvoir repose entièrement sur cette fureur et cette peur qu’elle dégage auprès du peuple. Ainsi en voyant une reine plus clémente, affichant un amour et un respect profond pour ce peuple, combien de temps croyez-vous que ce même peuple se retournera contre elle. Si nous la privons de ressources, d’aide militaire, le Donjon rouge sera le seul endroit qui vous résistera encore à votre arrivée. Et le donjon seul, sera bien moins difficile à conquérir qu’une cité tout entière levé sur le pied de guerre. Elle sera forcée de capituler et ainsi, vous siègerez sur le trône sans avoir verser une goutte de sang. Le peuple saura se souvenir de cela, et vous respectera comme leur reine légitime qu’ils ont toujours espérés avoir. Tel est votre destin, je suis convaincu, majesté »

J’espère de tout cœur, que ces paroles la rassurent et la convainquent dans ses décisions futures. Je voyais en elle une sage sévérité et non une reine tyrannique et cruelle comme son père ou encore le mien. J’accuse un immense réconfort lorsqu’elle prend la liberté de poser sa main sur la mienne des suites de mes aveux honteux. Sa chaleur irradie mon corps et je me sens baigner par son aura bienveillante. J’esquisse un sourire charmé et reconnaissant à son encontre. Celle-ci me fait part de nouveau de ses craintes concernant une éventuelle folie héréditaire, mêlant à juste titre ma famille dans ce débat bien philosophique. Ma reine cherche un soutien infaillible et des conseils sages et judicieux de sa Main. Je décide comme toujours de ne point la décevoir :


« Notre rôle à chacun justement, est d’effacer et de corriger ce que la folie de nos parents a engendré sur ce monde. Je pense que tout être en ce monde a sa part de folie. Mais celle dont certains membres de nos familles respectives ont été affublées n’a rien d’humain. C’est notre humanité qui fait de nous aujourd’hui, des personnes différentes de nos aïeuls ou frère et sœur. Je gage que la folie est un mal de l’esprit et que par conséquent, elle ne se transmet pas par le sang. Soyez rassuré ma reine, si nous étions fous, nous n’aurions pas tout ce peuple libre derrière notre cause et, vous concernant, je ne serais pas ici même à vous conseiller. C’est mon intelligence et ma clairvoyance qui vous ont convaincus de me nommer votre Main, non la folie. »

Au fond de moi, j’en été convaincu, nous aspirons à faire ce que nulle autre n’a décidé auparavant, instaurer un ordre nouveau où la violence, le viol et la peine seraient bannis de notre quotidien. Certes, il fallait être fou pour tenter cela, mais une folie pareille était en tout point louable et honorable.