Royal wedding. › Ramsay.

Opulence, luxe, or…Ramsay avait beau se dire qu'il était dans le Sud et qu'un mariage royal se devait d'être une sorte de spectacle, il ne pouvait s'empêcher de trouver toute cette mascarade un peu trop tape à l'œil à son goût. Lui qui était habitué à la neige et au calme se retrouvait entouré de fleurs, de nourritures dont il n'avait même jamais entendu parler et de serviteurs en tout genre. Si ça n'avait été que de lui, il se serait éclipsé un peu de cet ennuyeux moment pour explorer la grande Capitale qu'il visitait pour la première fois, mais le fait qu'il représentait officiellement la maison des Bolton pour l'une des premières fois de sa vie l'en empêchait. Il devait se montrer digne du blason qu'il portait fièrement sur sa poitrine, par-dessus son costume d'apparat d'un noir matelassé. Ainsi sombrement vêtu, il détonnait parmi les autres convives richement colorés, mais il avait été hors de question qu'il porte une autre couleur que le noir et le pourpre foncé de sa maison. Il n'était certainement pas comme le roi qui semblait adoré les petits vêtements brillants et bien clinquant. Honnêtement, Ramsay lui trouvait des allures de filles de joies de bordel avec son costume tout doré et ses cris d'enfants hystériques et ce fut sans doute pour cette raison qu'il choisit de s'éloigner lorsque vint le temps de porter un toast en l'honneur du roi. Son père avait brisé l'alliance avec les Stark pour un petit roi de pacotille bon qu'à taper dans ses mains et crier? Mais qu'est-ce qu'ils avaient donc tous, ces Sudiens? Les Sept couronnes étaient réellement gouvernées par ce gamin?


Ce fut un petit geste rapide et élégant qui attira son regard bleu alors que tous les autres contemplaient le couple royal. Un bras fin qui portait l'or beaucoup plus que le lion qui portait le nom de Baratheon venait de subtilement déverser le vin destiné au toast en l'honneur du roi au sol avant de s'éloigner vers les immenses tables emplis de victuaille en tout genre. Intrigué par le caractère franchement désapprobateur de ce geste à l'égard de Joffrey, le futur Lord Bolton décida de suivre la féline jeune femme tout en la détaillant silencieusement du regard. Elle était sublime, d'une beauté solaire comme il y en avait pas dans le Nord. À sa posture et à sa façon de marcher, il pouvait également deviner qu'elle était bien née et sans doute qu'elle avait un caractère aussi enflammé que l'astre qui réchauffait son royaume d'origine. Souriant lorsqu'il la vit accepter une coupe de vin offerte par l'un des serviteurs à la table, Ramsay décida de sortir de sa contemplation pour l'aborder; peut-être était-elle la clé qui le sortirait de la monotonie de cette cérémonie trop ennuyante pour lui.


Doucement, afin de ne pas l'effrayer, il s'immobilisa à son côté et accepta gracieusement l'une des coupes dorées qui lui était aimablement tendue. « Vous savez, dans certaines cultures, ne pas boire à la santé d'un roi lorsque c'est explicitement ordonné peut être vu comme un outrage à la couronne » Lui glissa-t-il dans un murmure sans se départir de son sourire aimable et charmeur. Il se saisit doucement de sa main et la lui baisa avec galanterie avant de rajouté d'une voix malicieuse : « Sauf si comme moi, vous êtes d'une extrême maladresse et que c'est ce qui explique le vin au sol ». La main de la belle sudienne dans la sienne, il décida de conserver son masque doux et charmeur, ne voyant pas en son interlocutrice une ennemie à abattre pour le moment. « Est-ce le soleil qui vous a aveuglé ou bien est-ce les cris de sanglier de notre roi qui vous à effrayer, ma Dame? » Se moqua-t-il gentiment tout en souriant doucement. Rien ne servait d'être belliqueux.



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Autant le roi précédent, Robert Barathéon, avait l'air plutôt sage, autant son fils... Ce petit blondinet qui enchaînait les blagues de mauvais goût envers sa propre famille, il n'avait rien d'un roi. Aucune prestance, aucune sagesse. La moquerie facile, il ressemblait à l'un des petits chiens qu'il y avait à Volantis. Le genre à aboyer et grogner sur tout et n'importe quoi en se croyant immortel. Celestia commençait à en avoir par dessus la tête de l'entendre jacasser. Sa voix aussi aiguë que celle d'une fille éreintait les tympans de la Braavienne. Elle se félicitait intérieurement de ne pas faire partie des sept royaumes.

Celestia détacha son regard aux couleurs de l'océan de l'estrade royale pour venir se porter sur la table où différentes pâtisseries avaient étés disposées soigneusement dans des plats en or. L'héritière poussa un léger soupir en pensant que beaucoup de nourriture serait gâchée pendant les festivités et que le peuple de la capitale de Westeros n'auraient probablement ne serait-ce que les restes. Ce mariage. Cet événement. C'était ridicule ! Bien sûr, elle était contente pour la belle rose. Après tout, elle était devenue reine. Cependant, Celestia commençait à s'ennuyer. Les cabrioles du blond ne l'amusait pas et celui-ci s'acharnait à continuer.

Une ombre se mouva à ses côtés, lui murmurant que renverser son vin sur le sol pendant un toast pourrait être mal vu. Celestia déglutit, elle s'était pourtant faite discrète. Elle pivota légèrement la tête vers son interlocuteur. Elle fut tout d'abord frappée par la couleur profonde de ses yeux. Un bleu mêlé d'une touche grise qui faisait penser aux abysses de la mer. Le teint pâle illuminé par un sourire fort agréable. L'homme était vêtu de sombres couleurs. L'Ambassadrice eut un sourire mi gêné, mi amusé. En tant que fille du Seigneur de la Mer, elle n'avait pas à cacher son allégeance, même si cela pouvait être un risque pour elle. Le jeune homme qui devait n'avoir que quelques années d'écart avec elle, lui saisit la main pour y déposer ses lèvres.

« Oh, cela doit être une simple maladresse de ma part... » Déclara Celestia avec un sourire naturel pour une réponse des plus sarcastiques. « Ou peut-être est-ce l'ennui que me procure cet événement. »

Celestia ne devait pas se voiler la face, c'était un bel homme qui lui faisait face. Elle porta la coupe de vin à ses lèvres purpurines afin de savourer le vin de Dorne qui n'avait rien à envier à celui provenant des contrées exotiques de l'ancienne Valyria.

« Je dois admettre que vous avez un fort sens de l'observation. Iriez vous me dénoncer au nouveau roi des sept couronnes ? »

La pensée populaire était qu'un roi se devait d'être fort, sage, réfléchi, généreux et altruiste. Il se devait de gouverner le peuple à l'instar d'un père aimant et juste, mais également avec une poigne de fer afin d'étouffer toute source de rébellion dans l'œuf. Ramsay n'était pas dupe, Joffrey Baratheon avait lamentablement échoué jusqu'à présent et allait sans doute continuer misérablement sur cette voie, ce n'était pas un mariage avec la fille Tyrell qui allait y changer quoi que ce soit. Le mieux qui pouvait arriver aux Sept couronnes était que la reine Margaery baise ce petit con arrogant jusqu'à ce que son cœur flanche et ce, avant de tomber enceinte de préférence. Rien de bon ne pouvait sortir de la queue flasque de ce lionceau qui se prétendait cerf et il était fort à parier qu'il ne pourrait qu'engendrer le même genre d'enfant aussi inutile que lui. La jolie rose qui l'avait épousé avait été très maligne dans son choix; détestable comme il l'était, à tous les coups il se ferait assassiné dans la prochaine année et elle pourrait gouverner comme elle le désirait. À tous les coups, la souffrance mentale que lui occasionnait la conversation de ce blondinet capricieux valait la couronne.



Ramsay s'ennuyait tellement qu'il s'était mis à observer la mer de noble qui s'était assemblé pour lécher le sol que foulait les pieds de ce risible roi, à la recherche d'une distraction qu'il trouva assez vite. En effet, une superbe dame toute d'or vêtue s'était permise de vider sa coupe destinée au toast à la gloire du roi directement au sol avant de s'éloigner vers la table des rafraichissements avec une assurance agréable à observer. La taille fine, les cheveux élégamment coiffés, le regard aussi pur que le ciel, comment était-ce possible qu'elle se balade sans le moindre cavalier? C'était hérésie devant une telle beauté. Charmé par l'audace qu'il avait vu chez elle, Ramsay s'était permis de l'aborder au détriment de la bienséance qui aurait voulu qu'il reste à contempler les monarques.



Ramsay était un homme du Nord, il ne comprenait pas cette propension à la luxure et à la frivolité qu'il voyait partout où son regard se déposait, mais il préféra se concentrer sur la magnifique jeune femme que sur l'étendue du gaspillage de vivre qu'il devinait qui se produirait après l'événement. Un banquet deux fois plus petit aurait été gargantuesque, alors là. Laissant échapper un petit rire amusé lorsque la jolie blonde mentionna la maladresse de son geste lié à l'ennui de l'événement, le futur héritier Bolton ne put s'empêcher de rétorquer du tac au tac : « Certes, l'événement est d'un ennui remarquable sauf si vous êtes assis à la table de la reine comme le gnome ou si vous êtes l'un des fanatiques de Joffrey, prête à boire la moindre de ses paroles criées de façon hystériques ». Il pouvait paraître dangereux d'ainsi parler du roi légitime, mais Ramsay partageait la même honnêteté que les hommes de son royaume et il savait que l'alliance des Lannister avec les Bolton était trop importante aux yeux de Tywin Lannister pour qu'il lui arrive quoi que ce soit. « Par chance, les Dieux semblent avoir entendu mes prières puisque je me retrouve maintenant en charmante compagnie» Rajouta-t-il d'une voix charmeuse, sans relâcher la main de son interlocutrice.



Il regarda la coupe d'or qu'elle tenait se porter à ses jolies lèvres vermeilles, ne prêtant plus attention à ce qui se passait chez la famille royale. Le spectacle qu'il avait sous les yeux était beaucoup plus captivant et charmant, il devait se l'avouer. « Vous dénoncer au roi le jour même de son mariage? Et que pourrais-je dénoncer? Un excès de maladresse? Par contre, pour la sécurité de la monarchie, je me fais le devoir de vous garder à l'œil…en dansant, pourquoi pas, qu'en pensez-vous? » Plaisanta Ramsay d'une voix plaisante, peu habitué d'être aussi sympathique, mais trouvant là le premier véritable divertissement de son voyage dans le sud. Après tout, une femme qui dédaignait aussi ouvertement un toast en l'honneur du roi ne pouvait qu'être intéressante, non? Prit d'une inspiration soudaine – comme ça lui arrivait souvent lorsqu'il chassait- il se courba légèrement vers la jeune noble et replaça doucement l'une des mèches qui s'étaient échappée de sa coiffure. La bouche près de son oreille, il lui murmura doucement : « Selon vous, combien de temps durera ce mariage? Je mise sur trois mois. J'hésite entre l'assassinat du roi ou bien le fait qu'il s'étouffe lui-même en s'égosillant ». Le parfum de la dame chatouilla agréablement les narines du Nordien alors qu'il refusait d'un geste de la main une coupe qui lui était offerte. « Je suis Ramsay, de la maison Bolton. Aurais-je l'honneur de connaitre votre nom? » Demanda-t-il finalement, sentant un petit fourmillement de délice lorsqu'il se présenta comme représentant de la maison de son père.


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Le regard azuré de Celestia balayait la foule de nobles assistant au mariage de Joffrey Baratheon – qui soit dit en passant, avait plus une tête de Lannister de par la blondeur de sa tignasse – et de Margaery Tyrell. Ses yeux scrutaient attentivement ceux qui l'entouraient, cherchant à déceler joie, tristesse, ou bien d'autres émotions dans l'expression de chacun. La présence de Olenna à la table des mariés avait le don d'apaiser l'esprit agacé de la belle colombe dorée. Elle avait toute confiance en cette grande dame au caractère bien trempé et à la ruse acérée. Si la Reine des Épines avait accepté que sa petite-fille soit aux côtés du nouveau roi, c'est qu'elle avait une bien bonne raison. Celestia, connaissant cette famille depuis sa plus tendre enfance, avait une confiance aveugle en Olenna Tyrell. Elle connaissait parfaitement la vie.

D'ailleurs, celle-ci avait donné un conseil à la Braavienne quand elle était encore enfant. "Dans la vie, rien nous attend sur un plateau d'argent, rien n'est acquis et rien n'est donné. C'est à nous d'aller chercher ce qu'on veux, c'est à nous de se battre pour garder les choses qui nous tiennent plus à cœur au près de nous. Il faut que nous nous battions chaque seconde, chaque minute pour que notre vie soit merveilleuse, pour qu'à nos yeux, elle soit celle que nous voulons vivre." Ce concept de combat éternel était loin d'être faux, Celestia l'avait compris le jour même où sa mère avait été assassinée par Tormo Fregar. Il lui avait fallut beaucoup de force pour faire face à la vie tout en sachant qu'elle ne serait jamais gagnante face au destin. Mais elle apprit que ce dernier pouvait être dirigé vers la bonne direction si on avait l'intelligence et la sagesse nécessaire. Finalement, il ne suffit pas d'avoir une épée pour savoir se battre.

La présence du Westerosi égayait la journée de l'Ambassadrice. En effet, il était d'une excellente compagnie. Mais pas seulement... Le fait qu'elle ne parvienne pas à cerner ce personnage lui donnait matière à éviter tout ennui. Cet homme était absolument charmant, il bénéficiait d'un charisme incommensurable et son regard posé sur Celestia avait le don de l'illuminer comme jamais. Il esquissa un petit rire amusé tout en répondant sans besoin de réfléchir pour trouver les mots. Une qualité qui prouvait l'honnêteté de celui-ci.

« Étant donné que je suis ni assise à la table du "roi" et que je n'aime pas boire les paroles d'un adolescent qui ne mérite pas l'or qui cercle son crâne, je suis bien heureuse d'être en présence d'un Westerosi qui n'est pas détestable. » Sourit la belle héritière. Elle était honnête, c'était un important principe. « Je ne peux qu'appuyer vos paroles, il n'y a rien de mieux qu'une compagnie élégante pour éviter l'ennui. » Enchaîna t-elle. La belle colombe dorée aimait flirter. Les mœurs étant différents à Braavos, elle ne ressentait aucune honte à se montrer ouverte à la séduction. Le lord plaisanta, ce qui amusa Celestia. Un rire léger et mélodieux sortit de ses lèvres. Une danse ? Intéressant. Elle aimait autant la séduction que le défi. Sa main délicate toujours dans celle du jeune homme, elle en remarquait la douce fraîcheur de sa peau, comme si le sang du Nord coulait dans ses veines contrairement à elle qui avait la peau chaude. La jeune femme prit un petit air joueur et répliqua : « Et pourquoi pas ?  »

Son interlocuteur qu'elle devinait du Nord désormais, se pencha vers elle. Ses joues prirent un teint rose et un frisson lui traversa la nuque quand il revint placé une mèche dorée en place. Ses lèvres à quelques centimètres de son oreilles, elle sourit amusée face à ce murmure. Celestia y répondit en posant sa main contre son épaule pour lui susurrer à son tour : « Je mise sur deux mois, pour ma part. Avec un accident durant le maniement de son épée qu'il tient aussi maladroitement qu'un enfant en bas âge. » En effet, Joffrey Baratheon avait manié son épée pour couper la tourte géante. Et bien que la belle Braavienne ne maniait aucune armes arrivait à remarquer ce détail. Son interlocuteur se présenta. Maison Bolton. Une famille belle et bien Nordienne. « Je suis ravie de faire votre connaissance Lord Bolton, je suis Celestia de la maison Antaryon. » Répondit la colombe dorée en effectuant une gracieuse révérence.

Ramsay ne s'y connaissait pas vraiment en ascension au titre de roi. Bien sûr, il connaissait l'épopée qui avait conduit à la chute du roi fou aux bénéfices de Robert Baratheon, mais au-delà de ces vieilles histoires il ne comprenait pas pourquoi celui qui gouvernait les Sept couronnes à la mort d'un roi était forcément son rejeton et non pas un homme qui avait déjà fait ses preuves. Après tout, Baratheon avait été désigné par ses confrères pour monter sur le trône puisque ses qualités de guerrier avaient été reconnues de tous, mais ses enfants avaient été élevés dans la luxure et Joffrey tenait beaucoup plus de la larve que du cerf vindicatif. La guerre des cinq rois faisaient rage un peu partout et qui dirigeait Port-Réal? Un être qui serait toujours une petite fille effrayée et ce, même lorsqu'il serait homme. Ramsay se demandait souvent pourquoi son père avait jugé bon de s'allier au roi contre le Nord, mais toujours la même raison retentissait dans la tête : Tywin Lannister. Le légendaire lion à la crinière de plus en plus argenté était redoutable et féroce, mais certainement pas éternel. Un jour, son petit-fils prendrait certainement le goût à tout ce pouvoir qui lui était offert et l'enverrait se faire tuer dans une mission suicidaire, c'était évident. D'un regard extérieur, Robb Stark faisait un bien meilleur monarque que Joffrey, mais le temps n'était plus aux questions; il avait juré à son père d'être le digne représentant des Bolton et son père avait troqué une allégeance centenaire à la famille Stark contre des terres et du pouvoir. Ramsay souhaitait plus que tout devenir un véritable Bolton, il n'irait pas à l'encontre de son père…tant que ce dernier était en vie, mais tout ceci appartenait à un autre moment que celui-ci; Ramsay aurait tout le temps de planifier son règne le moment venu. Pour l'instant, il se devait d'être mentalement disponible pour le mariage royal.



Ne disait-on pas que c'était ce genre d'événement qui constituait les légendes et les histoires des chansons? Pour le moment, Ramsay n'avait rien vu qui méritait d'être inscrit à l'histoire si ce n'était le goût douteux des organisateurs pour le clinquant. Jamais le jeune Snow n'avait vu d'or utilisé de façon aussi stupide et superficielle. Ce roi de pacotille savait-il qu'en faisant fondre chaque couvert doré utilisés ici, il pouvait harnacher et ferrer richement une armée de cavaliers aussi imposante que celle du Val? Sérieusement, Ramsay commençait à comprendre qu'il ne serait jamais heureux dans la Capitale beaucoup trop superficielle à son goût. Le Nord était rude, difficile et aride, mais les gens étaient beaucoup plus vrais et beaucoup moins inutiles qu'ici, selon lui. Un homme savait tout faire dans le Nord; il élevait ses bêtes, les abattaient, en faisaient la boucherie et nourrissait ainsi sa famille et son Seigneur. La femme aidait à la culture, à la moisson, à la transformation et cuisinait en plus de toutes ses autres tâches. Le bâtard se doutait bien que s'il demandait à n'importe qui de l'assemblée s'il faisait l'une de ces tâches, la réponse serait certainement négative.



La chance lui sourit lorsqu'il rejoignit une charmante Sudienne qui semblait ouverte à la conversation. Loin d'être aussi frivole que ses compatriotes, elle possédait un petit côté piquant et une audace dans ses paroles et son regard qui charma le jeune homme plus que tout ce qui les entouraient. Plus belle que les fines roses ostentatoirement exposées un peu partout, elle semblait beaucoup plus forte que ce que laissait présager sa féline silhouette gracieuse. Il adora instantanément l'honnêteté dont elle fit preuve en parlant de l'illustre roi braillard et inclina doucement la tête dans un remerciement muet lorsqu'elle mentionna le Westerosi non désagréable qu'il était selon elle. « Vous savez que peu de mes compatriotes seraient d'accord avec votre dernière remarque, ma Dame? Je ne suis pas connu pour ma compagnie agréable et enjouée…d'un autre côté, si être enjoué et agréable signifie de ressembler à un bouffon, je préfère rester austère » Plaisanta-t-il de nouveau, faisant preuve d'une honnêteté désarmante. Après tout, ceux qui le trouvaient charmant ne le connaissait pas véritablement. « Je suis donc l'homme le plus chanceux du moment, puisque la plus élégante des Dames présentes aujourd'hui me fait l'honneur de rester à mes côtés » Rétorqua-t-il charmeur avec un clin d'œil malicieux, appréciant bien ce petit jeu de séduction qui s'instaurait lentement entre eux. Après tout, il n'était promis à personne bien qu'il n'avait pas l'intention de prétendre à la main de la jolie jeune femme. Elle était d'un rang beaucoup trop élevé pour qu'il puisse même lui parler, en théorie. Après tout, un bâtard n'aurait jamais dû se trouver présent à une telle cérémonie, mais si on prêtait foi aux rumeurs lancées par Ned Stark, il n'était pas aussi unique de son statut à cet événement.



Ramsay avait laissé son audace parler un peu trop vite pour lui lorsqu'il avait osé inviter son interlocutrice à danser. Bien sûr, ce n'était qu'une tactique pour rester à ses côtés pour continuer à discuter, mais il n'avait pas réellement pensé qu'elle accepterait. Afin de gagner un peu de temps, il se rapprocha d'elle pour replacer une mèche de ses cheveux et lui susurrer quelques paris à l'oreille alors que ses méninges tournaient à vive allure afin de trouver une solution à son problème de danse. Souriant lorsque la fine main de la jeune femme se posa sur son épaule, il éclata de rire face à la prédiction de l'impétueuse jeune femme. « À tous les coups, il se tranche la gorge en dégainant sa propre épée » Dit-il, moqueur, appréciant l'humour de sa compère avant de se présenter. « Antaryon? J'ai bien peur que mes connaissances limités soient honteuses » Admis Ramsay avant de déposer doucement l'une de ses mains sur la taille de Celestia pour l'approcher de lui un peu plus. Face à face, à quelques centimètres l'un de l'autre, la seule chose qu'il pouvait voir était le bleu pur et hypnotisant du regard de la belle Sudienne. « Je vais être honnête…je ne sais absolument pas danser. Mes notions s'arrêtent à ça : le corps à corps. Je suis désolé de vous avoir fait miroiter une activité qui m'est étrangère, mais j'avoue que j'apprécie le rapprochement » Termina-t-il doucement avec un culot qui lui vaudrait certainement une dizaine de coups de fouets si la belle décidait de s'offusquer.



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Celestia n'aimait pas toute cette luxure. Les plats en or, les coupes en or, si elle avait su, jamais elle n'aurait porté cette robe dorée ! Elle n'avait guère l'habitude de se retrouver encerclée de toute une cargaison de richesses fièrement montrée. Elle n'aimait pas cela. Elle faisait partie de ces personnes qui trouvait que la richesse de l'âme était beaucoup plus intéressante que du matériel. Parce que c'était les gens qui faisaient le monde et non le contraire. Parce que le luxe n'attire pas que les bonnes personnes. Et parce qu'on ne peut point voler ce qui n'est pas palpable. A Braavos, lorsqu'un événement avait lieu, la décoration n'était pas comme celle de ce mariage. Tout était misé sur la qualité de la fête et sur l'amusement des invités. Son père avait toujours insisté pour qu'un minimum d'opulence soit présent, mais jamais l'or n'était de sortie. Uniquement de l'argent ou du verre et des étoffes exotiques. En quoi cela pouvait-il être important de montrer à quel point une personne pouvait être fortunée ? Au regard de Celestia, cette abondance brillante ne signifiait qu'une seule chose : On cherchait à combler un manque. A grandir ce qui était petit. Et quand on a besoin de prouver quelque chose, c'est bien souvent mauvais signe. Tout ne s'achète pas. L'amour du peuple ne peut être vendu, tout comme la véritable amitié ou encore la confiance.

Pour l'héritière, c'était tout comme ce besoin maladif de posséder des noms de famille en ce continent aux mœurs différents. En quoi un nom de famille donnait plus d'importance à quelqu'un ? Celestia pourrait être le fruit de la passion qu'elle aurait le même titre qu'aujourd'hui. Pour elle, tous les hommes étaient des Lord et toutes les femmes des Lady. Lorsque la colombe dorée venait à Port-Réal avec ses marchands, elle avait un jour assisté à une crise de colère sur la bâtardise d'un fils qui se montrait trop prévenant. Être né d'une passion était quelque chose de beau. De bien plus beau que d'être né d'un mariage arrangé. Et si la naissance venait d'une union non consentie, c'était une force. Mais qu'importe ce qu'elle pouvait bien penser. Après tout, la jeune femme ne pourrait pas changer le monde.

Son attention était totalement éprise de cet homme charismatique. Il était rare pour Celestia de trouver des gens sincères, honnêtes et aussi affirmés que lui. Surtout à Port-Réal. Elle n'avait pas eut l'occasion de faire escale dans le Nord, mais si les Nordiens étaient tous comme son interlocuteur, alors elle s'y rendrait avec plaisir. Bien que sa mère Volantaine lui avait apprit le jeu des milles visages, la Braavienne trouvait cela si reposant de pouvoir se montrer vrai. La plaisanterie de Lord Bolton lui arracha un nouveau sourire amusé. Elle appréciait grandement sa façon franche de dire les choses. Sa main porta une nouvelle fois la coupe en or contre ses lèvres purpurines pour goûter le liquide rouge sang.

« Et comment donc vos compatriotes vous définissent-ils, si ce n'est pas par une compagnie agréable ? » Demanda Celestia fort curieuse d'en savoir plus sur le Nordien. Elle vint ajouter avec bienveillance et amusement : « Soyez rassuré, la bouffonnerie m'ennuie. Ai-je l'air ennuyée ? » Un nouveau sourire franc, un pétillement dans le regard. Le mariage n'avait plus aucune importance tant la présence de son interlocuteur lui était agréable. Son compliment lui alla droit au cœur. En effet, maintenant qu'elle avait trouvé quelqu'un parmi tous ces nobles prétentieux et pompeux, digne d'intérêt, elle ne comptait pas le fuir. Surtout pendant cette fête. Un nouveau rire amusé illumina le doux visage de l'héritière. « Ce serait un spectacle à ne pas rater ! » Murmura t-elle en retour. La colombe dorée avait beau ne pas aimer le sang et la violence gratuite, autant en ce qui concernait le lionceau, c'était clairement une autre histoire.

Le charmant Lord ne semblait pas connaître la maison de Celestia et elle ne pouvait pas le blâmer pour cela. Après tout, elle venait d'Essos. « Il n'y a aucune honte à avoir à ce sujet, je viens d'Essos. Je suis l'Ambassadrice de Braavos et la fille du Seigneur de la Mer, le dirigeant de cette cité libre. » La belle jeune femme au parfum frais et sucré de Volantis n'aimait guère préciser son rang important. Elle se considérait égale aux autres alors devoir dire cela changeait souvent la façon de se comporter ses interlocuteurs. La main du Nordien vint se poser sur la taille gracieuse de l'Ambassadrice. Ce rapprochement lui était tout aussi agréable. Si bien qu'elle en rougit et qu'un nouveau frisson vînt lui traverser cette fois-ci l'échine. « N'en soyez pas désolé, Lord Bolton, nous n'avons point le besoin de danser pour apprécier un tel rapprochement... » Déclara t-elle d'une voix un peu plus douce. Elle était si proche de son interlocuteur qu'elle pouvait voir son propre reflet dans les yeux du jeune homme. « Ce mariage devient de plus en plus distrayant... » Lui souffla t-elle en sous entendant leur rapprochement.

Ramsay commençait à en avoir marre de ce mariage; les Lannister observaient tout le monde comme s’ils étaient mieux que tous, la nourriture était abondante et devenait de plus en plus indigeste. Pour un homme du Nord, se retrouver ici à cet instant même était une hérésie vu la guerre qui soulevait les hommes du Nord contre Port-Réal et c’était sans doute pour cette raison que c’était lui le représentant des Bolton et non son père. Les bâtards n’avaient pas d’amour propre, c’était bien connu. Voir la jolie Stark aux côtés du gnome l’avait bien amusé, bien qu’il avait mentalement soupiré contre la tragédie de voir une beauté nordique servir de vide couille à un nain, mais Ramsay se promis mentalement de faire la peau au nain simplement pour voir s’il ressemblait à un véritable homme à l’intérieur. Le faire le jour même d’un mariage royal était cependant pas de meilleur goût, peut-être devrait-il s’entretenir avec la reine mère un autre jour? Il serait aisément facile de faire passer ce petit incident sur le dos d’un Stark afin de faire comprendre que leur patience s’essoufflait, mais le temps n’était pas à la réflexion, pas maintenant qu’il discutait avec une ravissante jeune femme venant d’une contrée qui lui était inconnue.


Portait-elle les teintes dorées en l’honneur de l’événement royal? L’or était la couleur des Lannister, pas des Baratheon pourtant. Était-ce une moquerie par rapport au statut de bâtard qui circulait sur les enfants royaux? Ramsay espérait presque que c’était le cas; ça rendait cette jolie Braavienne encore plus fascinante à ses yeux. Jamais il n’avait rencontré une telle femme –pas même Myranda la sauvage- et il trouvait plus qu’agréable de parler de tout et n’importe quoi avec une femme qui aurait pu le dédaigné, vu son véritable titre. Snow n’était certainement pas inscrit sur son front, mais Ramsay ne partageait tellement pas les manières guindées de ses compatriotes que son statut devait certainement être visible pour tous ceux qui se donnaient la peine de l’observer un peu…enfin, ceux qui ignoraient le fait que Roose Bolton n’avait qu’un fils bâtard. Ce fait était assez connu dans le Nord puisque même Lord Bolton ne le cachait pas, partant du principe que si Ned Stark avait promené son rejeton partout, il pouvait en faire de même.


« Mes compatriotes me décriraient comme un être déséquilibré et à l’esprit trouble. Ils s’arrêtent à ce que leurs regards voient et à ce que la rumeur raconte alors que je l’ai voulu ainsi » Répondit Ramsay honnêtement, pas le moindrement gêné de cette révélation. Pourquoi mentir? Il était pratiquement sûr que quelqu’un s’empresserait à raconter à Celestia ce qu’on disait de lui dans les prochains instants. Tout le monde s’horrifiait de ce qu’il était, mais peu avait compris que c’était en partie leur attitude envers lui qui le convainquait d’amplifier ses gestes. Certes, il serait sans doute sanguinaire sans les rumeurs, mais peut-être un peu moins, qui sait? « J’espère bien que non, sinon je serais forcé de vous ravir et vous emporter loin de ce mariage ennuyant….quoi que l’idée de vous ramener dans le Nord ne me parait pas si déplaisante dans le fond » Rétorqua Ramsay avec entrain, sans chercher à baisser le ton de sa voix. Quelques convives choqués se tournèrent vers lui avant de commencer à murmurer furieusement entre eux, prouvant ainsi que leur conversation était écouté depuis quelques instants. Combien de temps faudrait-il avant qu’un garde royal ou même la reine ou le roi viennent le mettre aux arrêts pour menace contre une invitée de marque? Ramsay était bien curieux de le découvrir.


Le fait de parier sur un égorgement royal parut plaire à la jolie colombe, chose qui étonna le Nordien agréablement. Combien de femme s’amusait d’une telle plaisanterie? Décidemment, l’idée de la ravir à la reine Margaery devenait de plus en plus tentante et il était sûr que son père serait ravi d’avoir une belle-fille aussi intelligente, audacieuse et insoumise. Amusé par la teneur de ses pensées, Ramsay se contenta simplement d’esquisser un sourire moqueur avant de révéler son absence de connaissance sur la famille Antaryon, mais ça ne sembla pas choquer son interlocutrice qui lui expliqua patiemment l’endroit d’où elle venait. Le regard lumineux de Ramsay se fit beaucoup plus rêveur. « J’ai toujours rêvé de traverser les mers pour visiter Essos, mais j’ai des choses à prouver ici avant de me permettre ce loisir. J’ai entendu parler de cités immenses, libres et de grand étendus encore sauvages à explorer » Dit-il en repensant à certains de ses rêves d’enfant. Eh oui, malgré la légende, Ramsay n’était pas monstrueux au point de ne pas savoir ce qu’était un rêve ou une étincelle d’espoir.


Connaître le titre de son interlocutrice aurait dû empêcher Ramsay d’effectuer un rapprochement plus personnel que celui de la simple discussion, pourtant, il déposa l’une de ses paumes contre la taille de la jeune femme et la rapprocha de lui afin que leurs souffles se mélangent lorsqu’ils parlaient. Le petit rougissement qui illumina les joues de la Sudienne n’échappa pas à Ramsay, ce qui le fit sourire encore plus largement. Pourquoi regarder la table royale lorsqu’il avait la plus belle des vues sous les yeux? « Appelez-moi Ramsay, Lady Antaryon, je ne suis pas un Lord mais un simple représentant de la maison de mon père » Dit-il simplement, révélant ainsi à demi-mot son statut d’enfant illégitime. « Particulièrement intéressant oui » Rétorqua-t-il en posant sa main libre sur la joue douce de sa charmante compagne. Lentement, il baissa son visage vers celui beaucoup plus lumineux de Celestia et combla l’espace qui séparait leurs lèvres, lui donnant là le baiser qu’il avait rêvé de l’y déposer à l’instant où il l’avait aperçu pour la première fois. Emporté par l’enivrement du moment, Ramsay exerça une petite pression sur la taille de la jeune femme afin qu’elle se plaque encore plus contre lui, désirant sentir sa poitrine écraser son torse; il voulait sentir les tambourinements de son cœur battre en cadence avec les siens, entendre les halètements de plaisir s’échapper de leurs souffles qui dansaient langoureusement ensemble et sentir sa peau s’électriser face à l’instant présent.



| Chameleon Circuit.

   

Certaines personnes posaient un regard outré sur le Nordien. Chuchotant entre eux, un air scandalisé sur le visage. Alors qu'une troupe de nains étaient déguisés en plusieurs maisons importantes pour reproduire d'une manière bien peu polie et réaliste, la bataille de la Néra, les Noces Pourpres et probablement d'autres batailles dont Celestia ne connaissait pas les noms. A part quelques détails sur la Bataille de la Néra et l'utilisation du Feu Grégeois, elle ne connaissait que trop peu les événements de Westeros. Face aux visages scandalisés, Celestia devina très vite que le jeune homme devait être un bâtard ou quelqu'un n'ayant pas le statut de noble. Mais Celestia n'était pas intéressée par ce genre de chose. Un titre ou un nom de famille ne définissait pas l'âme d'une personne.

« Un être déséquilibré ? Me frotterais-je à un dangereux Nordien ? » Fit-elle d'une voix taquine et amusée. Les rumeurs, l'héritière de Braavos n'y prêtait guère attention. Il n'y avait jamais rien de vrai. Elle préférait écouter les petites colombes dorées qu'elle payait pour espionner. Celestia émit un petit rire à la réaction de Ramsay qui déclarait que le fait de l'emporter dans le Nord ne serait pas déplaisant. « Je deviendrais un véritable glaçon dans le Nord. Déjà que je trouve qu'il fait peu chaud à Port-Réal. » Rit-elle une nouvelle fois. Le visage de son interlocuteur s'illumina quand il prononça le nom de "Essos". « Vous seriez heureux, en effet. La Grande Mer Herbeuse, la Contrée d'Ashai et les cités de Yi-Ti regorgent encore de trésors inexplorés... » Lui murmura t-elle.

Celestia rougit légèrement quand elle plongea son regard dans celui de Ramsay et son cœur loupa un battement lorsque leurs lèvres se touchèrent. Il était de notoriété que la princesse de Braavos aimait la séduction. Mais elle se préservait toujours pour son futur époux en allant pas trop loin. Alors que le mariage s'effaçait du paysage, ce fut un raclement de gorge qui sortit la colombe dorée de ses rêveries. Quand elle se décolla du Nordien, elle remarqua que la nouvelle reine de Westeros était devant eux. A la fois surprise, gênée et outrée par son propre comportement, elle bégaya un peu.

« Oh ! Margae... Ma reine ! » Celestia se racla la gorge à son tour. « Je te présente Ramsay, représentant de la maison Bolton. » Fit la Braavienne avec politesse se doutant qu'il devait connaître la nouvelle reine.

Ramsay savait qu’il n’était pas le convive le plus apprécié du mariage royal. Après tout, le changement d’allégeance de son père aux bénéfices des Lannister avait été franchement critiqué par plusieurs grands seigneurs et le fait que ce fut lui, bâtard parmi tous les hauts dignitaires de Fort-Terreur, qui fut désigné pour assister à cet événement important était grandement discutable pour tous ces nobles critiqueurs. Ramsay savait qu’il n’avait certainement pas mérité son invitation à cette union aussi grandiose que ridicule, mais qui méritait vraiment son invitation parmi ces différents convives? Le roi lui-même ne méritait pas sa place d’importance lors de ce jour bien particulier et son petit spectacle de nain bondissant en était le parfait exemple. Dans le Nord, une telle abomination aurait trouvé la mort dans les premières heures suivant sa naissance et par abomination, Ramsay ne pensait pas nécessairement aux nains…


Par chance, l’interlocutrice qu’il s’était trouvé était beaucoup plus intéressante et séduisante que Joffrey et ses petits monstres, bien qu’elle semblait prendre conscience des regards de plus en plus outrés que les autres invités lui portait. Pourquoi était-ce si choquant qu’elle lui parle? Bien sûr, il était personne, mais est-ce que ça signifiait qu’elle était une haute dignitaire dont il ignorait l’identité? Après tout, Ramsay n’avait pas la prétention de croire qu’il connaissait tous les hautes têtes dirigeantes des sept couronnes puisqu’il s’était toujours plus intéressé à la chasse qu’à la politique, mais il ne pensait pas qu’aujourd’hui il deviendrait le centre de l’attention des autres convives alors qu’il y avait un avorton blond qui hurlait à toutes les trente secondes. « Regardez comment tous ceux qui nous fixent me regarde avec dédain et vous aurez votre réponse. Je ne sais pas si je suis le plus dangereux, mais je ne devrais pas être très loin dans le classement » Rétorqua-t-il avec humour, lui laissant le choix de le croire ou pas. Souvent, les gens préféraient mentir sur ce qu’ils étaient alors que Ramsay préférait être d’une honnêteté désarmante. Souvent, ses interlocuteurs pensaient qu’il mentait et lorsqu’ils comprenaient qu’il avait été franc, il était généralement trop tard pour eux.


Les rumeurs à son sujet étaient amusantes, mais généralement en deçà de la réalité. Après tout, ceux qui pouvaient témoigner de sa grande cruauté sauvage ne faisait plus partie de ce monde pour en parler aux autres. « Vous transformer en glaçon? Vous me croyez donc incapable de vous garder au chaud, ma Dame? » Ria-t-il avec légèreté, sachant qu’elle pourrait très bien s’offusquer de cette petite réplique un brin trop salace pour être totalement innocente. La conversation dériva pourtant vers les merveilles que recelait Essos et ce fut avec une certaine affection que la jolie Celestia énuméra les merveilles qu’il pourrait explorer. Tant de mystères…tant de choses à découvrir…et tant d’endroits qu’il ne verrait sans doute jamais. Après tout, son père ne le laisserait jamais partir aussi loin de lui sauf s’il décidait de le fiancer à une femme de cet autre monde et Ramsay se devait encore de gagner suffisamment l’estime de son paternel afin de mériter l’octroi du patronyme qui lui revenait de plein droit. « Malheureusement, je crois que je ne verrai jamais votre monde, chère Celestia » Dit-il doucement, ressentant une pointe de tristesse dans le vent glaciale qui grondait dans son être.


La suite des événements fut aussi rapide que délicieux. Ramsay avait fait preuve d’une audace démesuré lorsqu’il avait attiré la femme jusqu’à lui, mais jamais il se serait pensé impulsif au point de lui voler un baiser sous les yeux de tout le monde, surtout en sachant qu’il n’était vraiment pas digne du rang de la jolie colombe. Ce fut un léger raclement de gorge qui mit fin à ce moment de passion et Ramsay recula d’un pas, relâchant la taille de son interlocutrice lorsqu’il reconnue la nouvelle reine et mariée. Belle et royale, Margaery Tyrell se tenait devant eux et ne semblait pas forcément ravie du spectacle auquel elle venait d’assister. Tournant son regard bleu vers la Sudienne qui s’était rapidement reculée de lui lorsque la reine avait parlé, Ramsay cacha son trouble de la voir si honteuse en s’inclinant avec élégance à son tour face à l’illustre nouvelle venue. « Mes hommages majesté » Dit-il d’une voix polie avant de se redresser. « Je suis désolé de mon comportement déplacé et je vous supplie de ne pas en tenir vigueur à votre amie. Je crois que la flamme de son regard m’a envouté au point que je cherche à ramener un peu du soleil d’Essos dans le froid du Nord » Rajouta-t-il avec un léger sourire contrit, l’esprit légèrement sur ses gardes alors qu’il voyait les gardes royaux les fixer avec insistance. À voir la réaction presque de dédain qu’avait eu son interlocutrice lorsqu’elle s’était empressée de s’éloigner de lui, il s’attendait presque à ce que la nouvelle reine ordonne son arrestation vu le malaise de Celestia.




| Chameleon Circuit.

   

En reprenant un peu ses esprits, Celestia se rend compte qu'elle est peut-être allé un peu trop loin. S'accoutumer aux mœurs de Westeros est toujours difficile quand elle y vient et la colombe dorée s'est laissée emporter par ses émotions au lieu de son devoir. Elle se sentait honteuse. Non pas d'avoir flirter avec un bâtard, loin de là. Ramsay n'a rien à voir dans cette impression de dégoût qu'elle ressent. C'est plutôt le fait d'avoir été prise en flagrant délit par sa grande amie dont le mariage était célébré. Par le Père des Eaux, ce qu'elle pouvait se sentir idiote !

Mais ce n'était pas tout. Peut-être avait-elle laissé penser au représentant de la famille Bolton autre chose qu'un simple flirt ? Et ça, c'était peut-être le pire. La princesse de Braavos avait véritablement apprécié la compagnie du Westerosi. Sa manière de parler avec franchise, son regard aussi bleu et gris que la glace lui plaisait vraiment. Celestia ne mentait jamais, ce qui pouvait être son plus grand défaut comme sa plus grande faiblesse. La situation devint oppressante, elle le sentit lorsqu'elle saisie une coupe de vin. L'Ambassadrice leva également son verre tout en gardant la face.

« Je suis heureuse pour toi, mon amie, tu as amplement mérité ce bonheur. » Fit-elle avec un sourire bienveillante. Margaery avait tout pour être une excellente reine puisqu'elle représentait le juste contraire de Joffrey. Elle, était humaine, généreuse et sage. « Pardonnez-moi Ramsay... Votre présence fut un véritable rayon de soleil. » Une demande de pardon remplie de sens. A la fois parce qu'elle mettait l'amitié de la rose dorée avant le flirt, mais aussi pour s'être montrée un peu trop ouverte. La sincérité coulait dans ses veines autant que son propre sang. Et Ramsay avait été d'un secours agréable au moment où elle avait commencé à éprouver de l'ennuie. Celestia lui offre un sourire franc, bienveillant et aussi désolé.

Le mariage était une véritable perte de temps. J’aurais pu être à Fort-Terreur à m’amuser avec un certain héritier raté de ma connaissance et pourtant j’étais coincé ici, en "digne représentant" des Bolton que j’étais. Qu’est-ce que je représentais, hein? Je n’étais pas encore un Bolton et rien n’indiquait que je le serais un jour…j’étais là simplement pour occuper ces êtres trop prestigieux pour moi (selon eux) pendant que mon père préparait ce qui serait l’avenir d’or et de sang de notre famille. J’avais pensé que les choses tournaient de façon positive lorsque j’ai trouvé une interlocutrice intéressante et plus que charmante en la personne de Celestia Antaryon, mais il semblerait que notre discussion de plus en plus tactile n’était pas pour plaire aux plus étincelantes têtes dorées. En effet, alors que je m’enhardissais à l’embrasser furtivement, doucement et rapidement, la nouvelle reine interrompit cet élan de tendresse afin de parler à son amie.


La princesse des épines était certes douée dans l’art de maintenir les apparences, mais nous étions deux à partager ce talent. Que voyait-elle en moi qui la mettait tant mal à l’aise? Elle voyait l’ombre de mon âme dans mon regard de ciel? Était-ce mon nom de bâtard qui la rendait méfiante? Il était normal pour une princesse…non une reine de ne pas vouloir voir une de ses proches s’accoquiner avec l’une des racailles bâtarde du Nord, mais c’était plus que ça, non? J’aurais pu croire que c’était nos histoires d’écorchements qui l’inquiétait pour la sécurité de la belle Sudienne, mais il aurait fallu que les Sept couronnes sachent qu’on s’adonnait encore à ce genre de pratique, chose qui était impossible puisque mon père avait encore sa tête de rattaché au reste de son corps. Eddard Stark lui aurait certainement coupé la tête en apprenant que nous nous adonnions encore aux pratiques qui avaient été si populaires à une époque que ça en était devenu notre étendard. Ça devait vraiment être mon statut de sang qui la rendait mal à l’aise.


Hochant la tête lorsque la ravissante reine fit un vœu d’amour et de raison pour ce jour qui lui était si particulier, j’ai esquissé un sourire légèrement crispé. Pourquoi ces tendres paroles avaient-elles le goût d’une subtile menace? Décidément, les Lannister avaient trouvés une reine plus intelligente que leur petit cerf idiot qui se voulait roi. « Évidemment majesté, il serait incroyablement idiot de ne pas montrer une sagesse à la hauteur de celle du roi, en ce jour de festivité » Dis-je avec douceur en déposant ma coupe de vin intacte sur le plateau d’un serviteur qui passait par-là. Une femme comblée? Il était vrai que lorsqu’on devenait la reine de Westeros, on pouvait s’en ressentir extrêmement comblé…le roi devenant secondaire à ce bonheur certainement. « Ne vous inquiétez pas Majesté, j’ai parfaitement compris votre volonté de partage avec Dame Antaryon » Dis-je d’une voix légèrement plus dure avant de me tourner vers Celestia et de rajouter : « Faites attentions à vos maladresses, votre royale amie pourrait les trouver moins charmantes que moi ». Sur ces paroles, je me suis légèrement incliné et j’ai tourné les talons, choisissant de quitter pour de bon cette cérémonie où je n’avais définitivement pas ma place.


J’allais retourner à Fort-Terreur, m’imposer comme héritier et prendre de plus en plus de pouvoir dans ce monde jusqu’à gouverner le Nord. Une fois Winterfell sous ma coupe, j’allais faire regretter à ce monde si dédaigneux le fait de m’avoir sous-estimé. Ils voulaient du sang et du grandiose, de l’amour et de la raison…j’allais leur en fournir, foi de Ramsay Snow. C’est fort de cette résolution que mes hommes et moi quittions Port-Réal sans nous douter des événements qui suivraient. De toute façon, un roi ou un autre ne changeait rien à mes plans.



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